Personnes âgées dépendantes à domicile: le rôle du médecin généraliste

Publié le 30 avril 2014 à 0h00 - par

La prise en charge et le maintien à domicile des personnes âgées en situation de dépendance sont des problématiques auxquelles les médecins généralistes sont régulièrement confrontés.

La quasi-totalité des médecins généralistes déclarent suivre au moins une personne âgée dépendante vivant à domicile, selon une récente étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) du ministère des Affaires sociales et de la Santé (Études et résultats n° 869, février 2014). De fait, 95 % d’entre eux en suivent au moins une et près de 40 % au moins 20.

En moyenne, ces praticiens prennent en charge 21 personnes âgées dépendantes vivant à domicile. Leur lieu d’exercice influe nettement sur le fait de suivre un nombre élevé de personnes âgées dépendantes. Un médecin exerçant en zone rurale a ainsi une probabilité 2,2 fois plus élevée de suivre au moins 20 de ces personnes qu’un médecin exerçant en zone urbaine.

Plus d’un médecin généraliste sur dix affirme avoir un ou plusieurs diplômes en gériatrie. En outre, trois quarts de ces praticiens ont suivi au moins une séance de formation médicale continue (FMC) sur les patients âgés. Les formations les plus souvent citées sont celles relatives au diagnostic de maladie d’Alzheimer (56 %) et à la polymédication du sujet âgé (55 %). À l’inverse, seuls un quart des médecins ont participé à une session sur la maltraitance des personnes âgées.

Le suivi des personnes âgées dépendantes vivant à domicile nécessite, le plus souvent, un déplacement du médecin chez le patient et un temps de consultation relativement long. Ainsi, 84 % des prises en charge décrites par les médecins de l’étude correspondent à des visites à domicile.

Cette donnée peut être rapprochée de la complexité des situations de dépendance décrites par les généralistes. L’échange ne s’effectue pas toujours avec le seul patient. Dans près de 15 % des visites à domicile, le dialogue s’est principalement établi avec une personne accompagnant la personne âgée. Cette proportion s’élève à 25 % pour les consultations au cabinet du médecin. Outre le fait que la présence d’un accompagnant est nécessairement plus fréquente pour des raisons de mobilité, les personnes âgées dépendantes vues dans ce cadre présentent, plus souvent, des déficiences cognitives et comportementales.

La complexité de cette prise en charge se mesure aussi en termes de durée de consultation. Les médecins déclarent une durée moyenne de 25 minutes lors des visites à domicile (hors temps de déplacement) et de 23 minutes lors des consultations à leur cabinet. Ces valeurs sont nettement plus élevées que celles observées sur l’ensemble de leurs patients.

Les médecins disposent de différents outils et échelles pour évaluer le niveau de dépendance de leurs patients âgés. Si un quart des médecins déclarent utiliser « toujours » ou « souvent » ce type d’outils, ils sont près d’un tiers à indiquer n’y avoir jamais recours. À noter : l’utilisation d’outils d’évaluation de la dépendance se révèle deux fois plus fréquente parmi les médecins déclarant disposer d’un diplôme en gériatrie. Elle est même trois fois plus fréquente chez les 13 % de médecins membres d’un réseau gérontologique, ainsi que pour les 8 % des médecins coordonnateurs en Ehpad.

La législation française place le médecin généraliste au centre de la prise en charge des personnes âgées dépendantes vivant à domicile, en lui confiant, notamment, la responsabilité de « s’assurer de la coordination des soins nécessaires à ses patients », rappelle l’étude. Aussi, près d’un médecin sur deux déclare renseigner un cahier de liaison à la suite d’une visite à domicile et est à l’origine de l’instauration de ce cahier dans plus de la  moitié des cas. En outre, une majorité d’entre eux (59 %) affirment téléphoner aux aidants pour assurer la continuité des soins. Près de deux fois sur trois, le médecin généraliste est à l’origine de la mise en place d’une aide professionnelle à domicile. Soit il a contacté directement le service d’aide à ce sujet (16 %), soit il a conseillé à l’entourage de le faire (50 %).

« Les médecins intègrent une dimension sociale et environnementale à leur exercice dans la prise en charge de la dépendance », constate l’étude. Interrogés sur leur rôle dans le suivi des personnes âgées dépendantes, huit médecins sur dix estiment qu’il consiste, notamment, à s’impliquer dans la concertation entre les professionnels de l’aide et du soin, et à repérer les problèmes d’accessibilité au sein du logement.

Six médecins sur dix pensent que leur rôle consiste à faciliter l’accès des familles aux aides publiques. En outre, un médecin généraliste sur six déclare avoir participé à des réunions pour coordonner les interventions (aides ou soins) autour de la dernière personne âgée dépendante vivant à domicile vue et, parmi les médecins n’ayant participé à aucune réunion de coordination, 28 % pensent que ce type de rencontre serait utile.

Au final, interrogés sur les facteurs susceptibles d’améliorer la prise en charge des personnes âgées dépendantes, neuf médecins généralistes sur dix estiment qu’une meilleure coordination entre eux, les services hospitaliers et les intervenants à domicile serait bénéfique.
 

Pour aller plus loin : La prise en charge en médecine générale des personnes âgées dépendantes vivant à domicile, Études et résultats n° 869, février 2014


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