Des « cabines téléphoniques » pour sourds à Lyon et Paris

Publié le 28 juin 2012 à 0h00 - par

Des « cabines téléphoniques » gratuites pour sourds, leur permettant de passer des appels via des interprètes en langue des signes par visiophone, ont ouvert ces derniers jours à Lyon et Paris, après Toulouse où une telle installation existe depuis un an.

Des « cabines téléphoniques » pour sourds à Lyon et Paris

Dans le local de la société Ex aequo à Lyon, Amira est heureuse de pouvoir ainsi joindre sa mère, entendante, car elle en a « marre des SMS » qui limitent la communication, a-t-elle expliqué en langue des signes, mardi, lors d’une présentation à la presse.

Ex aequo, société coopérative, met à disposition chaque jeudi matin depuis le 21 juin un poste avec une caméra, permettant aux sourds d’entrer en contact avec des interprètes, qui eux-mêmes appellent la personne recherchée et lui transmettent les propos dictés en langue des signes. Cet équipement est financé par Websourd, une société coopérative d’intérêt collectif basée à Toulouse, qui développe cette technologie et gère la plate-forme des interprètes. Dans une médiathèque de cette ville, un tel service, fort couru d’après ses promoteurs, existe depuis un an.

À Paris, dans le quartier République, c’est l’association Aditus qui depuis lundi propose un relais téléphonique identique, cinq demi-journées par semaine, pour des appels privés, d’ordre administratif ou encore professionnel, limités à 15 minutes afin qu’un maximum de personnes puissent en bénéficier.

Le dispositif est financé à Paris par divers mécènes. La langue des signes peut être utilisée, mais aussi le langage parlé complété (un code aidant à la lecture sur les lèvres) et l’écrit, la personne malentendante tapant alors le texte qu’elle souhaite voir transmis. Les sourds ne peuvent tous s’offrir un accès illimité à un tel service, coûteux, à leur domicile. Et les interprètes manquent, explique Jean-Michel Armagnacq, directeur commercial de Websourd: « le besoin est estimé à 3 000 en France, alors que seuls 316 sont diplômés », selon lui.

Jérémie Boroy, délégué général d’Aditus, contacté au téléphone par le truchement d’un interprète, estime que de telles « cabines téléphoniques » permettent de « montrer que ça marche pour convaincre les pouvoirs publics » qu’il faut les multiplier. Plusieurs associations défendant les sourds réclament depuis plusieurs années des centres relais avec des interprètes afin de téléphoner gratuitement en France, pays en retard sur ses voisins européens.

 

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