Plan Handicap visuel : premier bilan publié par le gouvernement

Publié le 9 juin 2011 à 0h00 - par

Le ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale a récemment publié un premier bilan du Plan handicap visuel, lancé en 2008.

En 1999, la France comptait 1,7 millions de déficients visuels, dont 2 07 000 déficients profonds ou aveugles. Entre 85 et 89 ans, le taux de déficience visuelle est de 20 %, et monte à 38 % à partir de 90 ans. Le vieillissement de la population implique donc une hausse du nombre de déficients visuels parmi la population française, et c’est partant de ce constat qu’en 2008 a été lancé le Plan Handicap visuel par le gouvernement. Ce plan comporte trois axes majeurs, à savoir assurer aux déficients visuels le droit à une vie digne avec leur handicap, le droit à l’autonomie, et la possibilité d’exercer pleinement leur vie citoyenne.

Dans le cadre du premier axe, le premier constat établi est l’insuffisance de dépistage aux deux extrémités de la vie, là où la grande majorité des déficiences se développent. Pourtant, les pathologies oculaires développées à l’enfance peuvent être traitées si elles sont dépistées dès la maternité ou la petite enfance. Pour pallier à ces insuffisances, un guide pratique destiné notamment aux pédiatres a été élaboré par la Société française de pédiatrie et diffusé à 20 000 exemplaires, un feuillet spécifique au repérage des troubles sensoriels a été introduit dans les carnets de santé, afin d’inciter le médecin de l’enfant à pratiquer un dépistage. D’après le bilan établi par le ministère, 73 % des médecins remplissent ce feuillet, et 17 % admettent que celui-ci les a incités à faire un dépistage qu’ils ne pratiquaient pas auparavant.

L’effort a aussi été porté sur la communication, le recensement des structures et institutions spécialisées dans les pathologies rares, et sur l’augmentation du nombre d’établissements d’accueil des personnes malvoyantes. Ainsi au 31 décembre 2009, 242 places en maisons d’accueil spécialisées ou foyers d’accueil médicalisés avaient été financées, selon ce bilan. La formation des encadrants a aussi été prise en compte puisqu’a été créé un groupe de travail dont l’objectif est d’adapté les formations à la rééducation en locomotion pour les personnes âgées malvoyantes.

Le document souligne aussi que depuis 2008, le nombre d’œuvres transcrites en braille a été multiplié par 4,44 structures ayant été habilités à adapter des documents. Éducation, formation, enseignement supérieur, accès à l’emploi sont aussi des enjeux développés au sein de ce premier axe.

Concernant l’autonomie des déficients visuels, le bilan met l’accent sur les efforts portant sur la formation initiale des professionnels de l’architecture et de l’aménagement, et la formation continue concernant la mise en conformité du bâti, mais aussi les formations dans les transports, notamment à la SNCF et la RATP, dont les nouveaux matériels roulants sont désormais systématiquement adaptés aux personnes handicapées, par exemple par l’annonce sonore des stations suivantes.

Enfin, concernant l’accès à la vie citoyenne, le bilan évoque l’accent mis sur l’exercice du vote autonome par les déficients visuels et la nécessaire adaptation des machines à voter à ce handicap, mais aussi la charte signée entre le CSA et les chaînes de télévision, qui se doivent de développer des programmes audio-décrits dès 2011 pour atteindre en 2013 l’objectif d’un programme audio-décrit par chaîne et par semaine. Sur le web, l’ensemble des sites publics se doivent de s’adapter à ces publics depuis une loi de 2005. Si l’objectif n’est pas encore atteint, admet le ministère, « de nombreuses démarches constructives ont été mises en œuvre ».

Le bilan que dresse le ministère prend donc des airs d’auto satisfecit. Un avis sans doute modérément partagé par les premiers intéressés, si l’on se réfère aux récentes déclarations de Vincent Michel, président de la Fédération des Aveugles et handicapés visuels de France : « Que des lois votées ne soient pas appliquées, que des enfants reçoivent leurs manuels scolaires plusieurs mois en retard du seul fait de leur cécité ou de leur amblyopie, que notre handicap nous interdise de lire l’essentiel de ce que les éditeurs produisent chaque année dans notre pays, qu’un déficient visuel sur deux se retrouve aujourd’hui sans emploi, que les matériels qui nous ouvrent l’accès aux autoroutes de l’information nous soient encore si coûteux, voilà autant de points concrets et indiscutables que les aveugles de 2011 n’acceptent plus sans réagir ».
 

Pour aller plus loin, consultez notre Guide pratique de l’insertion.