Portraits d'acteurs

Marie-Catherine Bernard

Marie-Catherine BERNARD

Fondatrice et directrice de l'Agence de concertation Palabreo

« Mon métier est clairement le produit d’un engagement personnel au service d’une démocratie plus efficace où la concertation vient nourrir la démocratie élective sans rien enlever de sa légitimité mais en la rendant plus efficace. »

Quelles sont vos fonctions actuelles ?

Marie-Catherine Bernard : Je dirige l’Agence de concertation Palabreo que j’ai fondée en mai 2016. Nous sommes des spécialistes de la stratégie de concertation, de sa mise en œuvre et de son évaluation. Nous intervenons sur tous les champs des politiques publiques et pour certains acteurs privés ou parapublics.

Quelles sont les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

Marie-Catherine Bernard : J’ai débuté ma carrière à Strasbourg dans le secteur social, puis je me suis orientée vers les questions européennes à l’issue d’une maîtrise de sociologie, d’un DEA d’histoire des relations internationales et du master de Sciences politiques européennes du Collège d’Europe à Bruges.

Pendant dix ans, j’ai exercé des fonctions de responsable du développement territorial à Cherbourg en mettant à profit mes compétences pour monter des projets européens au service du territoire. J’ai également cofondé le master d’Expertise en Projets Européens de l’Université de Caen, et exercé des fonctions d’adjointe au maire à la Politique de la Ville et la Jeunesse.

Depuis treize ans, je travaille dans le conseil, tout d’abord en cofondant la société Res publica dont j’ai été directrice associée pendant douze ans, puis en créant Palabreo.

Quel est le projet qui vous a le plus marquée et dont vous êtes le plus fière ?

Marie-Catherine Bernard : Difficile de n’en citer qu’un… disons que je suis fière d’avoir contribué, et de contribuer au quotidien même modestement, au développement d’une pratique plus participative du pouvoir, seule à même, à mon sens, de combler le fossé qui se créé entre les citoyens et les dirigeants.

J’apprécie particulièrement de mettre en place ces démarches dans des collectivités, des organisations, au départ dubitatives et qui très vite sont convaincues par la pratique dont elles s'emparent au-delà de mon intervention.

Avez-vous un rêve que vous souhaitez concrétiser ?

Marie-Catherine Bernard : Appliquer les méthodologies de la concertation pour faire évoluer des politiques publiques ou des organisations pour lesquelles les crispations et l’absence de dialogue entre les acteurs empêchent toutes évolutions : l’Éducation nationale où on ne peut continuer à avoir un regard descendant du central au terrain ou des adultes vers les jeunes, le rapport entre les forces de l’ordre et les habitants des quartiers populaires, le rapport entre les collectivités locales entre elles et avec les autres acteurs…

Comment décririez-vous votre engagement personnel en tant qu’acteur public ?

Marie-Catherine Bernard : Mon métier est clairement le produit d’un engagement personnel au service d’une démocratie plus efficace où la concertation vient nourrir la démocratie élective sans rien enlever de sa légitimité mais en la rendant plus efficace.

Je suis convaincue que chacun y gagne, les élus, les équipes, les habitants, les acteurs économiques et sociaux…

Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?

Marie-Catherine Bernard : Il faut faire preuve d’une grande souplesse d’adaptation tout en étant très rigoureux sur le respect de certains principes et sur les méthodologies employées. Il faut être curieux, créatif, ne pas avoir peur de travailler beaucoup, et surtout être réellement convaincu de ce que l’on fait. En d’autres termes, il faut y croire, aimer ça et avoir un sens de l’humour suffisamment développé pour se sortir de toutes les situations.

Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marquée dans votre carrière ?

Marie-Catherine Bernard : J’en retiendrais trois :

  1. Celle avec un administrateur du Conseil de l’Europe qui m’a convaincue de candidater au Collège d’Europe réservé traditionnellement aux diplômés des grandes écoles.
  2. Celle avec mon directeur lorsque que je m’occupais de développement territorial qui savait soutenir ses collaborateurs, leur permettre de donner le meilleur d’eux-mêmes, y compris au risque qu’ils partent pour trouver à nourrir leur curiosité ailleurs. Une grande leçon.
  3. Enfin celle avec Edgar Morin dont les livres ont forgé ma pensée et avec qui j’ai eu l’immense chance de travailler quelques temps sur le projet d’une Université populaire. Un grand monsieur, passionnant, pédagogue, accessible, plein d’humour, un vrai bonheur même si le projet a fait long feu.

Quels sont les deux changements les plus importants qui ont impacté votre carrière ?

Marie-Catherine Bernard : Les évolutions dans l’accès à l’information permise par le développement du numérique. Il y a vingt ans, le pouvoir était dans les mains de ceux qui détenaient l’information. Aujourd’hui, il est dans les mains de ceux qui la partagent.

Et, sans doute pour partie corollaire de la première évolution, l’évolution du rapport au pouvoir : d’abord un rapport d’obéissance, puis aujourd’hui de rejet, et demain je l’espère, de partage, de coresponsabilité.

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