Entretien avec Muriel Nabeth, déléguée générale du REMI

Publié le 7 octobre 2011 à 0h00 - par

Le Réseau euroméditerranéen pour la protection des mineurs isolés (REMI) réunit une dizaine de collectivités francaises du pourtour méditerranéen confrontées au phénomène des mineurs isolés. 

Weka : Muriel Nabeth, qu’est-ce que le REMI ?

Muriel Nabeth : C’est une association créée en mars 2005, suite à une grande conférence organisée par la région PACA en 2002 sur le thème des mineurs isolés, et réunissant un certain nombre de collectivités et spécialistes. L’ensemble de ces collectivités s’est réuni pour devenir le REMI, autour de la région PACA les départements du Nord, du Vaucluse, de Haute-Corse, des Bouches-du-Rhône, la ville de Paris, mais aussi les régions de Toscane, de Tanger-Tetouan, le ministère de la Famille et des Solidarités algérien, etc.

Nous travaillons à sensibiliser les États et nos divers partenaires sur le thème des mineurs étrangers isolés, proposons des formations, faisons de l’échange de connaissances et de bonnes pratiques.
 

Weka : Quelle est la situation aujourd’hui de ces jeunes ?

Muriel Nabeth : Ce sont des jeunes qui relèvent à la fois de la protection de l’enfance et de l’immigration. Mais à partir du moment où ils sont seuls, sans attaches parentales, sur le territoire, leur minorité prime et ils sont en droit de bénéficier d’une protection. Le problème est que lorsqu’ils deviennent majeurs, si aucune démarche n’a été entreprise pour qu’ils bénéficient de scolarisation, de formation, qu’ils aient une carte de séjour, ils deviennent clandestins. Et la grande difficulté est que ces jeunes n’ont pas de statut.

C’est ce que nos associations demandent aujourd’hui, avec un statut proche du droit d’asile mais cela nécessite une certaine volonté politique. Il faut savoir que ces enfants, estimés à 25 000 en Europe, ont quitté leur pays pour raisons économiques, de guerre, pour un pays inconnu, dont ils ne connaissent pas la langue, etc. Il convient donc de bien recontextualiser.
 

Weka : Le REMI propose en collaboration avec Weka une formation sur ce thème, le 17 octobre prochain à Lille. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Muriel Nabeth : Elle s’adresse aux personnes qui, au sein d’associations ou des services sociaux des départements, sont en lien direct avec ces mineurs. L’idée est d’échanger, de mettre en commun, de voir ce qui se fait à côté. Ici à Lille, le programme sera axé sur les caractéristiques des errances des mineurs, et leur prise en charge, à travers l’exemple des Bouches-du-Rhône.

Dans une phase plus pratique, sera abordé le travail de l’association Hors-la-Rue avec la Roumanie, avant une réflexion commune entre participants à la fin de la journée de formation. C’est une journée assez intense. La première session, qui a eu lieu à Marseille en mars, a réuni 45 personnes. Un franc succès !
 

Weka : Cette formation a été mise en place en partenariat avec le conseil général du Nord, c’est un département particulièrement sensible à ce thème ?

Muriel Nabeth : Dans le Nord comme généralement dans les départements limitrophes, la question de ces mineurs a une importance toute particulière. Ce département est un partenaire récent, qui nous permet des échanges intéressants entre Nord et Sud.

Car si chaque département a en charge la protection de ces enfants, tous ne la traitent pas de la même façon, selon le nombre d’enfants concernés, ses moyens et sa volonté politique.
 

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