La fonction publique territoriale paye moins que le privé

Publié le 29 septembre 2014 à 0h00 - par

Une étude de l’Insee de septembre 2014 compare les emplois et les salaires dans le public et le privé. Elle révèle des moins bonnes rémunérations dans la fonction publique territoriale. Les salariés du privé n’hésitent cependant plus à l’intégrer.

L’objet de l’étude de l’Insee est de décrire les évolutions salariales tout au long d’une carrière dans le secteur privé et dans la fonction publique. Elle acte que les carrières salariales dans la fonction publique territoriale et le secteur privé présentent des similitudes. Par exemple, les salaires des moins diplômés sont plus faibles que ceux des plus diplômés et progressent moins vite. Elle met aussi en exergue que les écarts de salaire entre les femmes et les hommes existent et sont plus grands dans le secteur privé que dans la fonction publique. Ils s’accentuent avec le niveau de diplôme et l’âge.
 

Caractéristiques des salariés de la fonction publique

La moitié des salariés de la fonction publique de l’État (FPE) – hors enseignants – et de la fonction publique hospitalière (FPH) ont un diplôme supérieur au baccalauréat contre 35 % dans le privé et 29 % dans la fonction publique territoriale (FPT). Les salariés de la FPE sont en moyenne les plus âgés : 40 % des salariés ont plus de 45 ans contre 39 % dans la FPT et 31 % dans le privé.

À l’inverse, les jeunes de moins de 25 ans ne représentent que 7 % des salariés de la fonction publique contre 12 % dans le privé. Les hommes salariés les moins diplômés (BEP ou moins, y compris les sans diplôme) sont mieux rémunérés dans la fonction publique d’État que dans la fonction publique territoriale et le privé. Les diplômes permettent d’obtenir une rémunération plus élevée, notamment dans le secteur privé.

L’avantage procuré par le diplôme s’accroît avec l’âge et le dynamisme des carrières salariales des plus diplômés. Avec l’âge, les inégalités de niveau de salaire entre hommes et femmes s’accentuent quel que soit le niveau de diplôme. Les emplois à temps partiel, plus répandus chez les femmes, expliquent en partie ces écarts.
 

Les salaires progressent plus vite dans le privé que dans la fonction publique territoriale

Une des premières explications à ce constat est que dans la fonction publique, beaucoup de métiers n’ont pas d’équivalent dans le privé. Il n’est alors pas nécessaire de fidéliser les salariés à travers de fortes augmentations de salaires au fur et à mesure de la carrière. Cela n’est pas le cas dans le privé où lorsqu’un employeur veut garder un salarié, qui a par exemple acquis des compétences qui le rendent difficile à remplacer, il peut lui offrir une carrière salariale ascendante.

Mais l’élément qui différencie le plus le secteur privé du public est la dispersion des salaires. Pour un même niveau de salaire à 30 ans, la dispersion des salaires perçus en moyenne 10 à 15 ans plus tard est plus large dans le privé que dans la fonction publique territoriale. La mobilité explique aussi l’inflexion non négligeable de la dynamique salariale. Elle est souvent la source pour les salariés mobiles de différences de carrière avec ceux qui restent dans le même secteur d’activité.

Pour les mobilités vers la FPT, et en particulier pour les femmes, le constat que les salaires progressent plus vite dans le privé que dans la fonction publique territoriale ne se vérifie cependant pas. Un gain de salaire est généralement observé dès la première année d’intégration par rapport aux salariés restés dans le privé. Sans compter que plus un salarié de la fonction publique est diplômé, plus il gagne.

Néanmoins, d’autres aspects, que les seules considérations monétaires, peuvent intervenir dans la décision de mobilité vers la fonction publique territoriale. Et un salarié sera souvent prêt à accepter une perte transitoire de salaire, s’il est gagnant dans ses conditions de travail. Les salariés savent bien que dans le contexte actuel du marché de l’emploi, c’est la seule possibilité de prétendre à une situation professionnelle pérenne. Entrer dans la fonction publique devient de ce fait plutôt pour eux une mobilité choisie qui répond à une stratégie de carrière.
 

Source : Les carrières salariales dans le public et le privé : éléments de comparaison entre 1988 et 2008, Insee, septembre 2014