Les collectivités territoriales évaluent peu l’absentéisme

Publié le 22 octobre 2014 à 0h00 - par

Les communes mesurent mal le coût réel de l’absentéisme des agents, contre lequel elles luttent assez rarement, faute de ressources suffisantes. Des obligations légales devraient les inciter à agir.

Les employeurs territoriaux sont tenus d’identifier les risques au travail dans un document unique d’évaluation (DU), qui doit être mis à jour au minimum chaque année1. Sanction : 1 500 euros d’amende et une possible condamnation en cas d’accident. En outre, la pénibilité doit être transcrite dans une fiche individuelle pour chaque salarié2.

Pourtant, quatre collectivités sur dix (42 %) n’ont pas de DU ou ne l’ont pas actualisé, et plus de neuf sur dix (93 %) n’ont pas créé de fiches de pénibilité. C’est ce que révèle une enquête sur l’absentéisme3, menée par le SNDGCT (Syndicat national des directeurs généraux de collectivités territoriales), en partenariat avec le cabinet de conseil CTR.

Avec 23,6 jours d’absence en moyenne pour les agents titulaires et un taux global estimé à 8,43 % en 2012, l’absentéisme coûte cher4. En cause, principalement, la maladie (93 %) et le vieillissement des agents (62 %). Les accidents du travail (42 %) et la pénibilité (25 %) arrivent loin derrière.

L’absence d’un agent désorganise le service auquel il appartient (87 %) et donne un surcroît de travail à ses collègues (74 %). Près de sept agents sur dix en arrêt de travail appartiennent à la catégorie C – mais ils ont aussi en général des conditions de travail plus dures. Les arrêts de moyenne et longue durée sont prédominants.

L’enquête montre toutefois que 64 % des collectivités ne connaissent pas leur taux d’absentéisme pour 2013. Une évaluation d’autant plus difficile qu’elles manquent de ressources dédiées à la gestion des absences (- de 0,5 équivalent temps plein pour 70 % des collectivités interrogées), et que les services RH ne sont pas forcément compétents.

2,5 % de la masse salariale

Seules les plus grandes collectivités perçoivent l’importance réelle de l’enjeu lié à l’absentéisme mais 16 % d’entre elles ne sont pas capables d’en mesurer les conséquences financières. Peu de communes savent même évaluer le coût réel d’une journée d’absence. Mais 44 % estiment le coût total à plus de 2,5 % de la masse salariale.

Prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles, formation, voire contre-visites médicales (40 %) sont des actions privilégiées pour faire baisser l’absentéisme ; toutefois, les collectivités de moins de cent agents ne font rien.

La moitié des collectivités (51 %) souhaiteraient réaliser un diagnostic absentéisme ou prévenir la pénibilité (49 %) ; elles font pourtant très rarement appel à un prestataire externe (moins de 5 %).

Enfin, la majorité des collectivités ne mesure pas les absences de leurs agents. Un suivi statistique serait pourtant indispensable pour orienter les actions contre l’absentéisme.

Marie Gasnier

 

Textes de référence :

1. Décret n° 2001-1016 du 5 novembre 2001 portant création d’un document relatif à l’évaluation des risques pour la santé et la sécurité des travailleurs, prévue par l’article L. 230-2 du Code du travail et modifiant le Code du travail (deuxième partie : Décrets en Conseil d’État)

2. Article 7 de la loi n° 2014-40 du 20 janvier 2014 garantissant l’avenir et la justice du système de retraites

3. Les communes face à l’absentéisme, SNDGCT, septembre 2014

4. Absences au travail pour raison de santé dans les collectivités territoriales en 2012, Analyse & Conjoncture, Étude Sofcap, novembre 2013


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