Temps de travail : pour l’Institut Montaigne, il faut travailler plus sans gagner plus

Publié le 13 octobre 2014 à 0h00 - par

Français, il faut travailler plus sans gagner plus « pour relancer l’économie », estime l’Institut Montaigne dans un rapport publié mercredi 8 octobre, qui affirme que l’écart entre la France et ses voisins en matière de temps de travail atteint « des proportions inquiétantes ».

Dans ce texte baptisé : « Temps de travail: mettre fin aux blocages », le think thank d’inspiration libérale affirme que « tous  secteurs confondus, les salariés à temps plein travaillent en France moins que dans la plupart des pays européens et des économies comparables de l’OCDE ».

Pour l’Institut, il faut « agir rapidement » face à cette situation et réformer le temps de travail pour « relancer l’économie française ».

« Une hausse du nombre d’heures travaillées sans compensation salariale, en permettant à la fois une baisse du coût du travail et une hausse de la production, pourrait permettre de créer un véritable choc de compétitivité en France », affirme le centre de réflexion.

A l’appui de son constat d’un manque de travail des habitants de l’Hexagone, l’Institut cite diverses études, dont une récente enquête de Coe-Rexecode, selon laquelle les salariés français à temps complet ont travaillé en 2013 en moyenne 186 heures de moins que les Allemands et 239 heures de moins que les Britanniques.

Le secteur public est aussi spécialement montré du doigt par le think tank, le temps de travail y étant « nettement inférieur » que dans le privé, selon lui.

L’Institut déplore en ce domaine « une absence de données inquiétante » et « une défaillance globale du contrôle de la durée effective du travail ».

Il relève que « le nombre annuel moyen d’heures de travail pour les fonctionnaires des administrations centrales de 21 pays européens de l’OCDE était de 1 697 heures, contre 1 573 heures en France en 2010 ».

Face à cette situation globale qui a « handicapé l’économie française au cours des dernières années », l’Institut Montaigne formule diverses préconisations.

Il recommande en premier lieu d' »augmenter le temps de travail dans les secteurs public et privé« , avec deux scénarios pour le privé : augmenter la durée légale du travail à une durée comprise entre 38 et 40 heures par semaine (contre 35 h actuellement) ou carrément « supprimer la durée légale du travail », qui serait désormais fixée « par accords collectifs de branche ou d’entreprise ».

L’Institut précise qu' »en cas d’absence d’accord, la décision unilatérale du chef d’entreprise » devrait être autorisée.

Pour le public, l’Institut propose là aussi de relever le seuil déclenchant des heures supplémentaires entre 38 et 40 heures par semaine, avec une absence de « compensation salariale » pendant une période qui pourrait durer trois ans.

En matière de lutte contre l’absentéisme, le centre de réflexion préconise par ailleurs de restaurer le jour de carence non indemnisé dans la fonction publique, créé en 2011 et supprimé par la gauche, ou de donner aux cadres intermédiaires plus de moyens de contrôle avec par exemple une « généralisation des badgeuses ».

L’Institut suggère aussi de mieux recenser statistiquement le temps travaillé dans la fonction publique et de publier les données chaque année avec une discussion au Parlement.

Du côté des entreprises, il estime qu’il serait « pertinent » qu’une partie des sujets concernant l’organisation du travail puisse être décidée de façon unilatérale par le chef d’entreprise qui en informerait les partenaires sociaux. Cela pourrait concerner par exemple, la mise en place d’astreintes ou de forfaits jours, précise l’Institut.
 

Source : Temps de travail : mettre fin aux blocages, Institut Montaigne, octobre 2014

 

Copyright © AFP : « Tous droits de reproduction et de représentation réservés ». © Agence France-Presse 2014


On vous accompagne

Retrouvez les dernières fiches sur la thématique « Ressources Humaines »

Voir toutes les ressources numériques Ressources Humaines