Pour l’Académie de médecine, le burn-out ne peut pas être un diagnostic médical

Publié le 8 mars 2016 à 9h56 - par

Le burn-out est aujourd’hui mal défini et il est difficile d’en poser les limites. L’Académie de médecine émet plusieurs recommandations pour améliorer sa prévention.

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De la détresse ou de la fatigue psychologique à l’état pathologique de syndrome d’inadaptation à un facteur stressant chronique, la notion de burn-out peut représenter plusieurs stades de l’épuisement professionnel. Sa prévention est indispensable, avec l’aide du médecin du travail, indépendant et soumis au secret médical1 et des CHSCT (comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail). Pourtant, il n’existe pas de définition médicale du burn-out, qui demeure un concept flou. Ce terme renvoie à une réalité mal définie et ne peut ainsi pas constituer actuellement un diagnostic médical, explique l’Académie de médecine dans un rapport du 16 février2. Seule la pathologie émotionnelle justifie un traitement.

Il y aurait, selon l’Institut de veille sanitaire, un peu plus de 30 000 personnes concernées par le burn-out en France – soit environ 7 % des 480 000 salariés en souffrance psychologique liée au travail. Mais les difficultés à poser les limites du burn-out rendent les données épidémiologiques (descriptives ou analytiques) très insuffisantes. Et les instruments de mesure, qui consistent en autoévaluations, définissent la survenue du trouble à partir de seuils statistiques qui sont sans rapport avec la gravité clinique des symptômes. L’interprétation des résultats est donc impossible sur le plan épidémiologique.

L’Académie de médecine recommande aux organismes de recherche médicale d’établir des critères cliniques et d’identifier des mécanismes physiopathologiques et psychopathologiques du burn-out, ainsi que des moyens de prévenir l’épuisement professionnel et de le soigner.

En outre, elle estime nécessaire d’associer le ministère de la Santé à l’action du ministère du Travail pour informer le grand public et les professionnels de soins sur la santé mentale, et de créer une structure pour faciliter leur coopération.

Les managers, qui ont un rôle prépondérant, sont insuffisamment formés à la santé au travail*. Il conviendrait de les faire collaborer avec les médecins du travail, afin de prévenir le burn-out et les pathologies mentales liées au travail. La mission de la médecine du travail devrait notamment être concentrée sur cette démarche préventive.

 

Marie Gasnier

 

L’Insee recense six facteurs de risques psychosociaux :

– exigences du travail,
– exigences émotionnelles,
– manque d’autonomie et de marges de manœuvre,
– manque de soutien social et de reconnaissance au travail,
– conflits de valeurs,
– insécurité de l’emploi et du travail.

Pour le ministère du Travail, c’est l’exposition à plusieurs facteurs qui entraîne le burn-out, en créant une situation de déséquilibre.

 


Notes :

1. La loi du 20 juillet 2011 relative à l’organisation de la médecine du travail a renforcé la notion de droit à la santé au travail, ce qui confère au médecin du travail un rôle de prévention de tout facteur d’altération de la santé des travailleurs.

 

2. Le burn-out, Académie nationale de Médecine, rapport de Jean-Pierre OLIE, et de Patrick LÉGERON, février 2016

 

* Source : Rapport sur le bien-être et l’efficacité au travail, remis au Premier Ministre en 2010