Check-up santé des candidats à la présidentielle: Éva Joly, Dominique de Villepin et Hervé Morin

Publié le 2 février 2012 à 0h00 - par

Resteront-ils en lice jusqu’au 22 avril ? Tant chez les écologistes qu’à République Solidaire et au Nouveau Centre, la question se pose au vue de leurs piètres scores dans les intentions de vote. Mais aussi différent est-il, le regard qu’ils portent sur la santé vaut pourtant plus qu’un détour.

Éva Joly, Europe Écologie-Les Verts (EELV)

« Passons d’une logique de soins à une logique de santé », clame Éva Joly, candidate d’Europe Écologie les Verts (EELV). En somme, pour les écologistes, il s’agit d’atténuer le déséquilibre actuel entre le budget de l’assurance maladie consacré aux soins (98%) et celui alloué à la prévention (2%). Priorité est donc donnée à l’émergence d’un nouveau modèle de santé publique, axée entre autres sur la santé environnementale (création d’un institut national de recherche en santé environnementale et d’un institut de veille environnementale) et un plan alimentation. Comme le rappelle David Belliard, en charge des questions santé dans l’équipe de campagne d’Éva Joly, le diabète coûte à lui seul 12 à 13 milliards d’euros par an à l’assurance maladie, soit plus que son déficit 2011. Concernant le secteur hospitalier, la Tarification à l’activité (T2A) nécessite dans l’immédiat un « moratoire », afin de redéfinir un mode de financement mixant budget global, T2A et financement à la journée. La candidate réclame en outre la réouverture des maternités et Centres d’interruption volontaire de grossesse (CIVG) qui ont fermé depuis la mise en place de la loi HPST. Outre l’abrogation de la loi du 5 juillet dernier relative aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge, EELV souhaite également aller plus en avant sur les maisons de santé pluri-professionnelles (MSP), revaloriser le cursus des généralistes, instituer les stages en cabinet et ouvrir socialement la profession médicale. Quant à la perte d’autonomie, David Belliard déplore la « dramatisation » des débats sur le coût annoncé de cette réforme, loin d’être excessif eu égard aux nouveaux métiers ainsi générés (aidants familiaux, etc.).

Dominique de Villepin, République Solidaire (RPS)

Passé de mode, le terme « dispensaire » est relancé par Dominique de Villepin et son équipe de République Solidaire. Adossés aux officines, ils viendraient compléter, avec les MSP, le dernier échelon de la trilogie hospitalière organisée, par territoire de santé, autour d’un hôpital pour les soins les plus importants et la recherche puis de CH de proximité pour les soins courants et l’ambulatoire. Par ailleurs, le financement hospitalier doit également s’avérer « plus réaliste » et moduler davantage tarification à l’acte et au forfait, souligne le député Marc Bernier, en charge des questions santé dans l’équipe de campagne de RPS, selon qui l’actuelle T2A, pour des raisons budgétaires, altère l’équilibre de la répartition territoriale de l’offre de soins. Le parlementaire prône globalement une nouvelle gouvernance de l’assurance maladie avec un régime unique divisé en grandes régions et s’appuyant pour le pilotage sur les ARS. La pénurie médicale est également mise en avant par Dominique de Villepin. Devant le côté insuffisamment autoritaire des Contrats d’engagement de service public (CESP), un service civique de santé verrait le jour. Dans l’ensemble, il s’agit pour Marc Bernier de « contraindre la liberté d’installation » à l’échelle régionale, sans pour autant revenir sur la liberté d’installation. Les aides aux MSP doivent en outre éviter de ne favoriser ce type de dispositif qu’en zones sur-dotées et être corrélées à une obligation d’accueil des futurs médecins. Quant au financement de la dépendance, le député préconise un effort national de solidarité, non pas via une hausse de la Contribution sociale généralisée (CSG), mais une seconde journée cotisée par l’ensemble des Français.

Hervé Morin, Nouveau Centre (NC)

Laissée en suspens par l’actuelle majorité, l’idée d’Objectifs régionaux de dépenses d’assurance maladie (ORDAM) est remise au goût du jour par Hervé Morin dans son programme électoral. Comme le précise le député du Nouveau Centre Jean-Luc Préel, qui l’appuie sur les sujets santé, il s’agit d’aller plus loin dans la régionalisation des soins. Outre la création d’un Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) Santé par région, les centristes défendent un renforcement du pouvoir des Conférences régionales de santé et de l’autonomie (CRSA) par un contrôle de l’utilisation des ORDAM ou la définition d’un numerus clausus régional des professionnels de santé par spécialité. Côté financement de l’hôpital, « l’inflationniste » T2A nécessite d’être découplée en trois volets, l’un sur l’activité, l’autre sur l’hébergement et le dernier essentiellement axé sur les missions de service public et la prévention, notamment l’Éducation thérapeutique des patients (ETP) « particulièrement mal calibrée dans l’actuelle tarification », note le parlementaire. Par ailleurs, le rôle des conseils de surveillance serait renforcé, tout comme celui des Commissions médicales d’établissement (CME), afin qu’elles aient en secteur public un droit de regard sur l’État prévisionnel des recettes et des dépenses (EPRD) et les recrutements médicaux, en secteur privé sur le projet d’établissement. Côté démographie, outre « un service médical civique » en MSP ou hôpital pour un an minimum en 3e année, Jean-Luc Préel réitère notamment son souhait de rendre « obligatoire » les stages chez les généralistes et d’axer davantage la sélection en médecine sur « la qualité d’écoute, d’analyse et de synthèse que sur la connaissance des formules hémoglobines ».

Sept autres prétendants en marge de la santé

Plus en retraits dans la campagne, sept autres candidats entendent également postuler à la présidence de la République.

Le plus en avant sur les thèmes santé, Philippe Poutou (Nouveau Parti Anticapitaliste – NPA, lire le projet santé) entend abroger la T2A, la loi HPST, le numerus clausus et la dette des hôpitaux, interdire tout lit privé à l’hôpital public, initier un plan d’urgence emploi-formation pour les hôpitaux, y créer 120.000 emplois, exproprier sans indemnité ni rachat les actionnaires des cliniques privées et transformer ces établissements en hôpitaux publics. À gauche toujours, mais moins présente sur la thématique santé, la candidature de Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière – LO, voir le site de campagne).

À droite, Christine Boutin (Parti Chrétien Démocrate – PCD, lire le projet 2012) promeut un axe « dignité » dans lequel elle entend « favoriser la recherche éthique et protéger l’embryon », « maintenir l’interdiction de l’euthanasie et lutter contre l’acharnement thérapeutique » en assurant le maillage territorial des Unités de soins palliatifs (USP), créer des maisons maternelles dans chaque département et « prévenir l’avortement par une éducation des jeunes à la responsabilité ». Le volet santé est quasiment absent des programmes de Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République, voir le site de campagne), de Corinne Lepage (Mouvement Cap 21) excepté l’aspect santé environnementale (voir le programme de campagne), et Frédéric Nihous (Chasse, pêche nature et traditions – CPNT, voir le site de CPNT), hormis sur la défense des services publics en zone rurale.

Thomas Quéguiner
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En savoir plus :
Le site de campagne d’Éva Joly et son volet santé
Le projet 2012 d’EELV
Le site de campagne de Dominique de Villepin
Le projet 2012 de RPS
Le site de campagne d’Hervé Morin et l’axe santé de son programme
Le site du Nouveau Centre

Sur le même sujet :
Check-up santé des candidats à la présidentielle: Marine Le Pen, François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon (article du 1er février 2012)
Check-up santé des candidats à la présidentielle : François Hollande et Nicolas Sarkozy (article du 31 janvier 2012)


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