Check-up santé des candidats à la présidentielle : François Hollande et Nicolas Sarkozy

Publié le 31 janvier 2012 à 0h00 - par

Moins de cent jours avant le premier tour. D’ici au 22 avril, alors que l’économie semble monopoliser les débats, la santé saura-t-elle se créer une place dans la campagne électorale ? Zoom sur le programme santé des différents postulants à la présidentielle, en commençant par François Hollande (PS) et Nicolas Sarkozy (UMP).

Habitué à susciter le débat, mais fixé sur son opposant, le chef de l’État, toujours pas candidat, semble aujourd’hui à la traîne sur le volet santé. En face, les annonces restent certes évasives, mais le chef de file socialiste, postulant déclaré, ajuste un peu plus chaque jour son costume présidentiel.

François Hollande, Parti socialiste (PS)

Sur les 60 mesures énoncées par François Hollande le 26 janvier lors de la présentation de son projet présidentiel, cinq d’entre elles concernent plus ou moins directement la santé. D’une part, le candidat socialiste entend notamment réformer la Tarification à l’activité, ou T2A, pour « mettre fin à l’assimilation de l’hôpital avec les établissements privés ». En charge de la thématique santé pour son équipe de campagne, la députée Marisol Touraine évoque un arrêt de la convergence tarifaire entre les secteurs public et privé et l’élaboration d’un nouveau mécanisme de financement fondé sur l’activité, la structure de soins et les missions de service public. D’autre part, un axe bioéthique est revenu dans le discours du candidat PS, assurant qu’il proposerait que « toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander, dans des conditions précises et strictes, à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité ».

Troisième point, pour lutter contre les déserts médicaux, François Hollande promet de favoriser une meilleure répartition des médecins par la création de pôles de santé de proximité dans chaque territoire. « Je fixerai un délai maximum d’une demi-heure pour accéder aux soins d’urgence », a-t-il indiqué, se positionnant en outre pour une hausse de la part de rémunération forfaitaire des généralistes, qui a vocation à devenir à terme majoritaire en premier recours. Le socialiste entend également initier « un pacte » avec les professionnels de santé, excluant toute coercition dans leur installation, et multiplier les stages en médecine libérale. Le candidat PS a également assuré qu’il sécuriserait l’accès aux soins en encadrant les dépassements d’honoraires, en favorisant une baisse du prix des médicaments et en supprimant le droit d’entrée dans le dispositif de l’aide médicale d’État (AME).

Par ailleurs, François Hollande annonce un coup d’arrêt à la procédure de Révision générale des politiques publiques RGPP) lancée en juillet 2007 et à l’application mécanique du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. « Dès 2012, j’ouvrirai un cycle de concertation avec les organisations syndicales de la fonction publique sur tous les sujets : perspectives salariales, lutte contre la précarité, modes de nominations des emplois supérieurs de la fonction publique, déroulement des carrières », a-t-il prévenu le 26 janvier. Cinquième axe, le socialiste a également évoqué, sans plus de précision toutefois, « une réforme de la dépendance permettant de mieux accompagner la perte d’autonomie ». Enfin, un dernier point, non abordé dans le programme, mais poussé par le PS, notamment le généticien Axel Kahn, la suppression du concours à l’issue de la première année des études de médecine et la création d’une licence santé.

Nicolas Sarkozy, Union pour un mouvement populaire (UMP)

Faute de candidature officielle* – même si le premier intéressé ne laisse guère planer le doute, clamant ce 29 janvier devant les téléspectateurs « j’ai un rendez-vous avec les Français, je ne me déroberai pas » – et, de facto, d’équipe de campagne, difficile à 80 jours du scrutin de se faire une idée précise du programme santé qu’opèrerait Nicolas Sarkozy en cas de second quinquennat. Le projet 2012 de l’UMP cible notamment la promotion du « juste soin » par la disparition des examens et prescriptions inutiles. Le parti présidentiel entend également promouvoir l’individualisation des parcours de soins, « dans le respect du principe de liberté d’installation des médecins », développer les stages auprès des généralistes et proposer « un nouveau contrat de santé » aux professionnels du secteur et aux patients pour « renforcer l’accessibilité géographique et financière des soins ».

Enfin, l’UMP liste cinq autres priorités du prochain quinquennat : santé mentale, prévention des troubles du comportement alimentaire et des toxicomanies, santé environnementale et vaccination. Secrétaire nationale auprès de l’UMP en charge des politiques de santé publique, Valérie Boyer se félicite avant tout que l’actuelle majorité ait su « garantir un système de santé performant et solidaire malgré la crise économique ». Si elle reconnaît la nécessité de quelques ajustements sur la T2A, à l’instar de ceux déjà opérés lors du passage à la onzième version (V11) de la classification des Groupes homogènes de malades (GHM), la députée assure également que les plans d’investissements hospitaliers se poursuivront dans les années à venir. Le report de la deuxième tranche du plan Hôpital 2012 ? « Nous les réajustons car il vaut mieux faire des efforts que des sacrifices… » À suivre aussi, comme l’a laissé entendre le chef de l’État lors de ses vœux 2012 aux acteurs de la santé, un troisième plan Cancer et un deuxième plan Alzheimer.

De son côté, Xavier Bertrand a prôné lors de ses vœux à la presse un renforcement de la réglementation sur les dispositifs médicaux. Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé a également jugé « impératif » de jeter les bases d’une nouvelle loi sur les droits des patients, laissé entendre que la question de la suspension de l’impossibilité pour les homosexuels de donner leur sang était un sujet qui lui tenait « à cœur » et annoncé « une évolution très vite et dans les semaines qui viennent » des dispositions qui concernent les soins funéraires pour les victimes du sida, d’hépatite, etc. Au passage, ces cérémonials de début d’année ont été l’occasion pour les responsables de la majorité de tacler les propositions formulées par l’opposition, accusant le Parti socialiste d’annoncer des mesures déjà engagées sous ce quinquennat (refonte de la T2A, temps de transport aux urgences, lutte contre les déserts médicaux…).

Thomas Quéguiner

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* La date limite de dépôt au Conseil constitutionnel des 500 parrainages nécessaires aux candidats à l’élection présidentielle est fixée au 16 mars prochain (18 heures).


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