Frédéric Valletoux (FHF) : « Les hospitaliers attendent une pause législative »

Publié le 22 mai 2012 à 0h00 - par

Président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Frédéric Valletoux ouvre ce 22 mai le salon Hôpital Expo. Une édition des plus politiques cette année, imbriquée entre présidentielle et législatives, qui sera le baptême du feu de Marisol Touraine auprès de qui la FHF entend bien plaider la cause de l’hôpital public.

Frédéric Valletoux (FHF) : « Les hospitaliers attendent une pause législative »

Cette nouvelle édition d’Hôpital Expo s’annonce extrêmement politique…

Frédéric Valletoux : Cela va être le moment de la première expression de Marisol Touraine, la nouvelle ministre des Affaires sociales et de la Santé. Nous attendons un signal fort, les contours d’un nouveau pacte qui soit proposé aux hospitaliers ancré sur un discours politique fort et charpenté, où il y ait l’expression de la part du nouveau gouvernement de son projet pour les cinq prochaines années.

D’ores et déjà, quel regard portez-vous sur les annonces de campagne de François Hollande ?

F.V. : Nous avons entendu des choses qui vont dans le bon sens et répondent aux préoccupations qui sont les nôtres sur la fin de la convergence tarifaire public-privé par exemple, la continuité de l’effort porté sur les maisons de santé, la limitation des dépassements d’honoraires, la régulation de l’installation des médecins en secteur 2, l’effort budgétaire… Même si tout cela doit être précisé, organisé, installé dans un calendrier. Nous ne demandons pas de nouvelle grande loi hospitalière mais des ajustements ou des évolutions contenus dans notre plate-forme. Pas question de repartir de zéro.

Les hospitaliers sont extrêmement critiques à l’égard des évolutions que connaît l’hôpital public, davantage même que les usagers…

F.V. : Il y a l’envie d’une pause législative. Les hospitaliers aujourd’hui disent : « Laissez-nous digérer les réformes », « Arrêter les réformes tous azimuts », « Laissez les pôles s’installer »… La gauche a indiqué qu’elle voudrait réajuster à la marge la loi HPST. Pourquoi pas, cela lui appartient, mais pas de nouvelle grande réforme. Ce n’est pas la demande. Je ne suis même pas sûr qu’il faille – et c’est mon point de vue – à nouveau reposer la question de la gouvernance hospitalière, peut-être à la marge sur les nominations avec un avis de la Commission médicale d’établissement (CME). Non, laissons les systèmes s’installer dans le temps, cela participerait à ce que le moral et l’adhésion des Praticiens hospitaliers (PH) remontent. Les médecins acceptent plusieurs de nos propositions pourtant montrées du doigt par le passé (prise en charge par l’hôpital de maisons de santé quand il y a carence de la médecine de ville, régulation de l’installation en secteur 2…), ce qui traduit une maturité du corps médical sur des réformes qui pouvaient paraître radicales il y a quelques mois mais vont vers une meilleure ouverture de l’hôpital sur l’amont et l’aval.

L’accès aux financements des hôpitaux ne doit-il pas être une priorité du nouveau gouvernement ?

F.V. : Cet aspect très conjoncturel nous préoccupe beaucoup. Il n’y a pas un établissement qui n’éprouve pas de difficultés pour ses investissements voire ses lignes de trésorerie. Le financement du secteur public local doit être clairement posé sur la table du gouvernement. Le 12 mai dernier, Le Parisien a chiffré dans ses colonnes à 2 milliards d’euros les nécessités de financement des hôpitaux pour 2012. Je ne reprendrais pas tel quel ce chiffre car il est très difficile à évaluer. La FHF n’a pas fait d’évaluation mais cela dépasse certainement plusieurs millions. Et puis, il faut voir dans le temps car certaines opérations d’investissement ont été légèrement reportées, certains hôpitaux sauvent leur trésorerie en jouant sur les délais de paiement des fournisseurs… Mais cela ne pourra pas durer longtemps. Nous avons signalé ces difficultés d’accès aux crédits bancaires à l’automne 2011 avec le sentiment que ce n’était que conjoncturel, en raison des tensions sur les marchés financiers et de l’émergence du futur pôle La Poste/Caisse des dépôts. On nous annonçait cette opération comme quasi immédiate, elle ne l’est toujours pas et on nous parle aujourd’hui de l’été voire de l’automne prochain.

Adhérent de l’UMP, vous postulez aux prochaines législatives à Fontainebleau. La gauche promet la fin de la convergence tarifaire, mesure soutenue par la FHF mais refusée par l’UMP. N’êtes-vous pas en porte-à-faux à ce poste de président de la FHF ?

F.V. : Je ne sais pas s’il faut avoir une lecture uniquement politique. J’ai défendu la fin de la convergence tarifaire même si le candidat que j’ai soutenu, Nicolas Sarkozy, ne l’a pas repris à son compte. J’ai soutenu la proposition que les établissements privés conventionnent avec les hôpitaux pour partager les missions d’intérêt général et participer au financement par la Sécurité sociale, là aussi non repris. Depuis que je préside la FHF, j’ai exprimé des positions collectivement élaborées auxquelles je crois personnellement, même si elles n’étaient pas dans la pure ligne que l’UMP défendait. Mais je ne suis pas le « Monsieur Santé » de l’UMP. Je me suis toujours senti très à l’aise dans la défense du service public de santé. Je ne sais pas si « cohabitation » est le terme adéquat. D’ailleurs, c’est déjà arrivé. Quand Bernard Kouchner était ministre sous Lionel Jospin, Gérard Larcher présidait la FHF. À la fin du mandat de Jacques Chirac puis au début de celui de Nicolas Sarkozy, c’était Claude Évin qui dirigeait la fédération. Il n’y a donc pas la recherche systématique de la concordance politique. Tout l’échiquier politique est représenté à la FHF, c’est ce qui en fait sa force.

Propos recueillis par Thomas Quéguiner

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