Gérer la santé publique lors de rassemblements de masse

Publié le 23 juillet 2014 à 0h00 - par

La gestion de la santé publique dans de grandes manifestations fait l’objet aujourd’hui d’études et de recommandations précises de la part de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

La notion de grands rassemblements

L’OMS définit les rassemblements de masse ainsi : « événements réunissant un nombre suffisant de personnes pour peser lourdement sur les ressources d’une communauté, d’un État ou d’une nation en matière de planification et d’action ». Si de tels rassemblements sont l’occasion d’améliorer les capacités et les réactions du système sanitaire existant, ils sont également sujets à désorganiser, paralyser durablement de tels services. Une organisation méticuleuse doit ainsi être mise sur pied, testée et éprouvée bien en avant de la manifestation.

Le rassemblement le plus important au monde, revenant chaque année pendant trois semaines, est le hadj, le pélerinage à la Mecque. Deux à trois millions de pèlerins musulmans convergent de plus de 180 pays pour se rendre dans les lieux saints d’Arabie saoudite. En 2013, le ministère de la Santé d’Arabie saoudite a avancé les chiffres suivants :

  • 1 205 880 pèlerins ont consulté dans les hôpitaux et les centres de santé du pays, et 4 015 ont été hospitalisés dans des unités spécialisées ;
  • 25 hôpitaux disposent de 5 250 lits pour les soins aigus ;
  • plus de 22 500 employés du ministère de la Santé et praticiens étaient de service ;
  • 459 cathétérismes intracardiaques, 22 opérations à cœur ouvert, 106 endoscopies et 1 624 hémodialyses ont été pratiquées ;
  • les lésions par écrasement ou les problèmes cardio-vasculaires sont traditionnellement les causes les plus courantes de morbidité et de mortalité.

Face au développement spécifique de l’infection par le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient, l’Arabie saoudite a développé un système d’alerte et de surveillance parmi les pèlerins et collabore actuellement avec les pays du golfe pour déterminer les origines de l’infection et de la transmission, et prendre les mesures adaptées. En 2010, le minsitère de la Santé a fondé le Centre mondial pour la médecine des rassemblements de masse, soutenu par les ministres de la Santé des États de la Ligue arabe. La conférence mondiale de 2013 de Ryad, émanation de ce Centre mondial, demande « la coordination des politiques et procédures pour mieux définir la nature, les méthodes et la portée de la médecine des rassemblements de masse et lancer des campagnes médiatiques et éducatives pour renforcer la sensibilisation dans ce domaine ».

La confiance mutuelle entre États, entre organisations, les partenariats et collaborations équitables sont seuls capables de gérer les multiples problèmes de santé publique lors des rassemblements de masse.

L’expérience de la Pologne et de l’Ukraine lors du championnat d’Europe de football (Euro 2012)

Les pays hôtes et l’OMS ont procédé de manière approfondie à une planification d’évaluation, de renforcement des capacités des deux pays, de diffusion de messages de santé publique et de vaccination. Même s’il n’existe pas de données claires démontrant que les rassemblements sportifs internationaux de masse entraînent une augmentation de la transmission des maladies infectieuses, le souci du risque infectieux, du risque chimique incite à renforcer les dispositifs habituels de surveillance de la santé pendant ces évènements. Il en a été ainsi, par exemple, pendant les Jeux olympiques et paralympiques de Londres de l’été 2012.

La Coupe du monde de football 2014 au Brésil

Le Centre européen de prévention et contrôle des maladies (ECDC) a procédé à une évaluation des risques au niveau de la Coupe du monde au Brésil. Les risques pour les Européens se rendant à cette mafestation sportive sont liés « aux maladies gastro-intestinales et aux infections transmises par des vecteurs ». La protection contre les piqûres de moustiques et d’insectes, la prise de médicaments contre le paludisme, les vaccinations contre la fièvre jaune, la rage, l’hépatite A, ainsi que la nécessité d’éviter les rapports sexuels non protégés sont les points essentiels du plan d’action. Le Haut Conseil de la santé publique en France (HCSP) a publié des recommandations précises à ce sujet.

Les recommandations de l’OMS

Elles portent essentiellement sur les risques de transmission des virus : H1N1, sida… Quatre axes sont à analyser avant de décider d’un plan d’action :

  1. l’évaluation des risques locaux pouvant amener à des restrictions, des modifications, voire des reports ou une annulation de la manifestation ;
  2. la durée du rassemblement notamment si elle est supérieure à une période d’incubation d’un agent infectieux potentiel ;
  3. l’âge ou les tranches d’âge des participants ;
  4. les capacités de soins de santé sur place.

En cas d’épidémie, il est nécessaire de diagnostiquer rapidement, de surveiller l’évolution de l’épidémie, de réduire la propagation du virus (mesures d’hygiène et de prévention classiques, y compris pour les soignants), de gérer en fonction de la gravité et de traiter les personnes malades en les isolant après l’apparition des symptômes, de diffuser des messages de santé publique pertinents, de réduire « l’encombrement » ou le contact entre les gens.

Pour en savoir plus :

DT.


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