Dans une lettre ouverte, datée du 16 janvier et rendue publique, Patrick Bouet, président du Conseil national de l’Ordre des médecins, interpelle la ministre pour qu’elle « entame la discussion avec l’ensemble des acteurs, notamment les médecins, qui se sentent depuis plusieurs années incompris par les pouvoirs publics et n’en peuvent plus des complexités et des tracasseries ». L’Ordre des médecins en « appelle solennellement à l’ouverture d’un vrai travail de réécriture de ce texte », qui doit être examiné au printemps au Parlement, et, « au-delà, à l’ouverture d’un véritable Grenelle de la Santé ». « Sans cela, votre projet de loi [Santé] manquera son ambition et échouera. Pire, il sera l’instrument d’une fracture profonde entre l’État et les médecins », prévient le Dr Bouet.
L’Ordre indique qu’il sera particulièrement vigilant sur les questions de la gouvernance en régions, du service public, de la présence des usagers dans la gouvernance du système ou encore de la « mise en œuvre progressive du tiers payant » qui doit être « assortie de garanties de simplicité pour les professionnels ». L’Ordre plaide pour un tiers payant « non obligatoire, expérimenté, pour les affections de longue durée », type diabète.
Pendant deux ans, la ministre a mené des concertations en région pour préparer sa loi, mais sans écouter les professionnels, accusent ces derniers. Les critiques ont enflé après la présentation en octobre du projet de loi qui « soulève une grande inquiétude » et « a transformé l’exaspération des médecins en colère », selon M. Bouet. Malgré « des axes positifs », ce texte « n’apporte pas les réponses appropriées aux problèmes des médecins et aux patients », et surtout « il porte dans son esprit la philosophie qui conduit à une médecine réglementée et administrée », poursuit le président, reprenant à son compte les critiques exprimées depuis des mois par les syndicats de médecins, mobilisés dans des mouvements de grève depuis Noël.
Devant la fronde, Marisol Touraine avait rouvert les discussions en décembre. Elle a annoncé la constitution de groupes de travail, notamment sur le métier de médecin et son champ de compétences. Mais M. Bouet évoque « un sentiment d’un dialogue inlassablement reporté ».
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