Pour une culture du médicament

Publié le 27 janvier 2015 à 0h00 - par

HOSPIMEDIA – Considérant les récentes affaires sur la sécurité des médicaments, les Académies des sciences, de médecine et de pharmacie ont lancé un appel à la reconnaissance de la culture du médicament, aussi bien chez les professionnels de santé que chez les patients. La pharmacovigilance doit, elle, être plus orientée sur la clinique.

« Toute utilisation d’un médicament peut conduire à des effets indésirables. Il est donc nécessaire qu’à toutes les étapes, de la conception du produit à son usage par le patient, le bénéfice apporté par le médicament soit mis en balance avec les risques auxquels il s’expose ». Ainsi, les Académies des sciences, de médecine et de pharmacie justifient-elles la tenue d’une séance commune le 20 janvier dernier et la formulation de plusieurs recommandations afin de sécuriser l’usage du médicament. D’après les trois instances, il convient de « déterminer de manière plus approfondie, avant la mise sur le marché, des variations génétiques susceptibles d’influencer la réponse aux médicaments, grâce à des tests pharmacogénétiques préalablement validés ».

Elles préconisent aussi de mettre en place une pharmacovigilance clinique plus orientée sur le patient et moins sur le produit. Et de mener un programme national visant à décrire l’usage et l’impact des dix classes pharmaco-thérapeutiques les plus utilisées en France, axé sur l’usage inapproprié des médicaments. Quatrième préconisation : l’inclusion des notions de base de l’évaluation en vie réelle dans le cursus des études de santé. Les académies veulent également développer une information de référence indépendante, dans une formulation accessible, afin de répondre à certaines préoccupations et inquiétudes liées à des messages et titres réducteurs. Enfin, elles réclament la levée des obstacles à l’utilisation des bases de données accumulées par l’Assurance maladie et l’administration hospitalière. Le but étant de réaliser des études statistiques permettant de valider les hypothèses soulevées par les résultats de la pharmacovigilance.

Manque de reconnaissance de la pharmacovigilance

En amont, avant l’enregistrement et la commercialisation, après la commercialisation mais aussi sur toute la chaîne, de la conception à la distribution et au suivi, sans compter la qualité de la formation des professionnels, l’information des patients et la communication dans les médias, la sécurité d’usage du médicament est primordiale. Dans une présentation aux trois instances, le Pr Jean-Louis Montastruc, du service de pharmacologie médicale et clinique du CHU de Toulouse et du pharmacopôle de Midi-Pyrénées, a tristement rappelé les affaires récentes. Elles mettent en évidence, selon lui, « l’absolue nécessité d’une pharmacovigilance active, efficace et résolument moderne au service des patients et des professionnels de santé ». Or la discipline est encore « trop mal connue et trop peu reconnue ».

La culture du médicament avant tout

Il faut garder en tête que les effets indésirables médicamenteux représentent la quatrième cause d’hospitalisation dans les pays occidentaux. Souvent graves et conduisant à des hospitalisations longues et coûteuses, ils pourraient pourtant être évités dans environ 50 % des cas. Mais la pharmacogivilance ne résoudra pas tout. Si elle assure une réduction du risque médicamenteux, elle ne peut en effet le supprimer totalement. « Elle permet une évaluation permanente de la balance bénéfice-risque, tant pour les nouveaux médicaments que pour les anciens », a ajouté Jean-Louis Montastruc. Pour cet expert, qui prône une approche aussi bien organisationnelle que méthodologique et sociétale de la prévention du risque médicamenteux, c’est donc la culture du médicament qui doit être reconnue mais aussi et surtout enseignée à tous, professionnels de santé comme patient.

Pia Hémery

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