Réformes et conditions de travail des soignants

Publié le 9 avril 2014 à 0h00 - par

Le Centre d’études de l’emploi (CEE) vient de publier le nouveau numéro de Connaissance de l’emploi. Celui-ci est consacré à la problématique de l’emploi et du travail hospitaliers à l’épreuve des réformes.

Les auteurs de cette publication remarquent que le secteur de la santé, et plus particulièrement l’hôpital, ont été ces dernières années au cœur d’un mouvement accéléré de réformes. Parmi elles, la nouvelle gouvernance en 2005 avec la constitution des pôles d’activité, les évolutions de la politique de planification sanitaire, la T2A, etc. Les débats autour de ces refontes se sont surtout focalisés sur la maîtrise des dépenses, la qualité des soins et l’avenir de l’hôpital public, notent les auteurs. « Ils ont laissé en arrière-plan le travail des professionnels de santé, conçu comme une « ressource humaine », voire un simple « facteur de production », à économiser afin d’augmenter la « productivité » hospitalière », remarquent-ils.

Entre 2005 et 2009, l’augmentation de la production s’est effectuée plus rapidement que celle des effectifs dans les établissements publics ayant une capacité d’hospitalisation en court séjour, rappelle le CEE. La « mise sous tension » des effectifs n’est cependant pas seulement imputable à la T2A, souligne-t-il. « Dans les établissements en déficit, les contrats de retour à l’équilibre financier visent également à réduire les coûts tout en augmentant l’activité », peut-on lire. Pour les établissements, « l’équilibre à trouver est délicat entre ne pas pourvoir des postes, ce qui occasionne des économies, et les pourvoir, ce qui engendre de l’activité ». Le CEE évoque également la pénurie de certains professionnels, génératrice de surcharge de travail à l’hôpital.

« Dans ce contexte de mise sous tension des effectifs, les rythmes de travail s’accélèrent, alors même qu’en raison des exigences du secteur, les soignants ont depuis longtemps le sentiment d’exercer leur métier sous pression », pointe le CEE. Selon les dirigeants interrogés par les auteurs de cette publication, la T2A aurait accentué la mobilité des personnels, notamment des médecins. À noter toutefois que les contraintes se sont accentuées aux yeux des soignants en particulier. Le CEE conclut : « Les réformes et les décisions de gestion des établissements gagneraient à intégrer, dès leur conception, la question des emplois, des conditions de travail et de la prévention de la santé des salariés. »

Sandra Jégu

Pour en savoir plus : Connaissance de l’emploi, n° 109, janvier 2014, Mihaï Dinu Gheorghiu, Frédéric Moatty

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