La gestion des RH en période de crise se tourne vers les valeurs du service public

Publié le 1 octobre 2013 à 0h00 - par

HOSPIMEDIA – Faire évoluer les hôpitaux dans un contexte de finances publiques difficiles et de violence inédite est un vrai challenge pour les directions de ces établissements. À l’occasion des rencontres RH santé à Montrouge, le dialogue social, les valeurs et la confiance ont donc été au cœur des débats.

Alors que certains directeurs d’hôpitaux voient par exemple dans les Comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) des machines de guerre utilisées par les syndicats pour retarder certaines restructurations nécessaires en période de crise, d’autres prônent le retour au dialogue social et aux valeurs du service public. « La place de l’humain est centrale dans les futures mutations des structures », a indiqué Frédéric Valletoux, président de la FHF, intervenant vendredi matin aux rencontres RH de la santé, organisées par l’Association pour le développement des ressources humaines des établissements sanitaires et sociaux (Adrhess) en partenariat avec la FHF et sa filiale SPH Conseil au Beffroi de Montrouge (Hauts-de-Seine).

Un contexte tendu

Il faut dire que le contexte actuel à de quoi inquiéter les plus optimistes. Jamais les directeurs d’hôpitaux n’ont travaillé dans un environnement aussi incertain, a souligné en atelier l’après-midi Éric Guyader directeur du CH de Beauvais (Oise). Et d’évoquer une politique tarifaire qui pèse sur les ressources, les interrogations sur l’avenir du service public, des personnels fragilisés, des taux d’absentéisme importants, les interrogations des professionnels sur le sens et la qualité de leur travail ou encore une tarification à l’activité qui s’est traduite par une intensification des tâches. Avant lui en matinée, Guy Collet, président du directoire de SPH, avait suggéré de poser une fois pour toute « la question de la stabilité du système » hospitalier dans la mesure où les règles budgétaires ou financières changent fréquemment. De son côté, dans la même séance, Yves Gaubert, responsable du pôle finances à la FHF, évoquant la gestion des ressources humaines face à la T2A a défendu pour l’avenir un mode de financement qui serait basé sur la qualité.

Dialogue social et performance

L’après-midi, à l’occasion d’un atelier consacré au bon usage du CHSCT, il a de nouveau été question de dialogue social et de performance. Pour Éric Guyader, la performance repose sur le triptyque : efficience économique, qualité du service rendu et qualité de vie au travail. Dans ce cadre, il considère que le CHSCT devient « le véritable marqueur du dialogue social » à l’hôpital. Confronté au CH de Beauvais (Oise) à une augmentation d’activité de 4 à 5 % tous les ans, fragilisé par des difficultés de recrutement et ne possédant qu’un médecin du travail pour 2 400 agents et médecins, il s’est demandé à son arrivée à la direction de l’établissement, comment travailler dans ces conditions sur la problématique de la qualité de vie au travail. Il y a un an environ, il a signé une lettre d’engagement où il déclarait qu’il estimait important de travailler sur la prévention des risques psychosociaux. Il a confirmé cet engagement en signant en octobre 2012 un accord de méthode avec les syndicats. Direction et syndicats ont choisi ensemble un consultant, a-t-il souligné. La démarche a été lancée en février 2013. Une enquête a porté sur environ 1 000 agents et 50 médecins. 20 % des agents ont alors révélé avoir un niveau élevé et préoccupant de stress et 5 % se sont déclarés en situation d’épuisement professionnel. L’enquête a permis d’identifier les facteurs de risques soit le temps de travail et les rappels sur congés. Le travail en équipe, l’identité professionnelle et la formation ont été présentés comme des facteurs de prévention des risques psychosociaux. Suite à ce constat, trois groupes de travail vont être lancés ce mois d’octobre : l’un concernera les facteurs de bien-être au travail pour lutter contre l’absentéisme, l’autre doit permettre d’identifier les personnes en détresse et le troisième se penchera sur les problématiques de reconnaissance des risques psychosociaux, l’objectif étant d’élaborer un plan d’action pour un accord local au CH de Beauvais avant la fin de l’année.

Les CHSCT en question

Dans la majorité des établissements, les enquêtes ou évaluations sur les risques psychosociaux sont demandées à l’initiative des CHSCT, mais cela ne se passe pas toujours dans les meilleures conditions. Certaines directions peuvent mal vivre le fait de se retrouver face à un cabinet-expert qu’elles n’ont pas choisi mais qu’elles devront toutefois rémunérer, a témoigné Jean-Christophe Berthod du Cabinet Secafi. Des divergences de point de vue ont pu entraîner CHSCT, direction et experts devant les tribunaux. Tout est question de mesure et de confiance, selon Jean-Christophe Berthod. Pourtant l’intervention des cabinets est strictement réglementée, 80 en France sont agréés pour cette activité par le ministère du Travail. L’expert après discussion avec le CHSCT, la direction, les médecins du travail proposera sa lettre de mission et ses axes de travail avec une méthodologie d’intervention. Pour Jean-Christophe Berthod, l’expertise doit être ciblée, inutile de vouloir régler tous les problèmes en même temps et d’entraîner l’établissement dans une étude longue et donc très coûteuse. L’expertise n’est pas non plus un palliatif à un dysfonctionnement de dialogue social, cela reste un outil, a-t-il ajouté. Il n’est pas non plus, selon lui, utile de multiplier les expertises. Il faudra dans tous les cas préparer l’après expertise, et construire la démarche de prévention derrière l’évaluation. Il faudra alors prévoir la mise en place d’indicateurs de suivi des risques psychosociaux mais aussi un plan d’action.

Des coûts financiers pas toujours maîtrisés

Dans la salle, certaines voix ont dénoncé la séparation entretenue via le CHSCT entre la direction et les agents soulignant que le CHSCT, outil du code de travail, n’était pas forcément très bien adapté à la fonction publique hospitalière et qu’il pouvait entretenir un face à face exploitants/exploités. Et de souligner aussi que les médecins ne sont pas, par exemple, représentés au CHSCT. Signalons que cette lacune devrait être corrigée à l’avenir. Elle fait partie des 13 mesures du pacte de confiance à l’hôpital présenté en mars dernier par Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé. La problématique du coût de certaines expertises pouvant atteindre les 100 000 euros a aussi été évoquée. À cela, Jean-Christophe Berthod a répondu que les tarifs horaires des expertises étaient réglementés mais que l’importance était de cibler la demande et permettre aux établissements d’acquérir des clefs pour poursuivre leur propre réflexion.

Lydie Watremetz à Montrouge

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