Le nombre d’incidents chez les médecins en 2015, proche du record

Publié le 18 octobre 2016 à 13h29 - par

Incident pour refus de prescription, temps d’attente jugé excessif, vol : les violences signalées par les médecins, surtout verbales, ont augmenté en 2015, frôlant le record de 2013, selon l’Observatoire du conseil national de l’Ordre.

La moitié des dirigeants hospitaliers ont été témoins de discriminations envers des tiers

L’Observatoire de la sécurité des médecins a recensé l’année dernière 924 déclarations d’incidents, soit quasiment autant qu’en 2013 (925), année record depuis le lancement de l’étude par l’Ordre des médecins et Ipsos en 2003. Et 23 de plus qu’en 2014.

Le plus bas niveau remonte à 2004 avec 439 déclarations, selon l’Ordre, chargé notamment de défendre la profession médicale. Pour 2015, les déclarations d’incidents représentent 4,6 agressions pour 1 000 médecins en activité régulière.

Les généralistes qui représentent plus de la moitié des effectifs, sont les plus touchés avec 65 % des déclarations (+ 4 points par rapport à l’année précédente), loin devant les spécialistes (35 %), parmi lesquels les ophtalmologues (6 %), les médecins du travail (4 %), les psychiatres, les gynécologues-obstétriciens et les dermatologues (3 %). « Il n’y a pas d’excuse à une situation insécuritaire dans l’exercice des professions de santé« , a dénoncé mardi Patrick Bouet, président de l’Ordre des médecins, lors d’un débat après la publication de ces chiffres.

Selon Christian Bourhis, ancien coordonnateur de l’Observatoire, un « fait nouveau » est « l’arrivée à la 3place des victimes » des médecins du travail, en sixième position en 2014.

Urgences : 2 % des incidents

En 2015, neuf victimes sur dix étaient les médecins eux-mêmes. Dans 18 % des incidents, un collaborateur était concerné.

Les incidents étaient principalement verbaux (69 %), les agressions physiques et les actes de vandalisme restant minoritaires (8 % chacun). Les vols ou tentatives de vols représentaient un peu moins d’un incident sur cinq et l’utilisation d’une arme demeure rare (2 %).

Selon le baromètre, 7 % des agressions ont donné lieu à une interruption de travail (- 1 point par rapport à 2014) ; seulement 32 % des déclarants ont déposé une plainte et 12 % une main courante, plus de la moitié (56 %) ne faisant aucun des deux.

La première raison des agressions est liée à un reproche relatif à une prise en charge (33 %), puis vient le vol (18 %), le refus de prescription (16 %) et enfin le temps d’attente jugé excessif (9 %). À noter que plus de la moitié des agressions ont lieu en centre-ville (54 %), loin devant la banlieue (21 % des incidents déclarés) et les zones rurales (17 %).

Plus de 7 sur dix se déroulent d’ailleurs dans le cadre de l’exercice de la médecine de ville (cabinet), les établissements de soins enregistrant 22 % des incidents (14 % en établissement privé et 6 % en établissement public). Les urgences n’enregistrent que 2 % des incidents.

Banalisation

Dans les hôpitaux, « ce ne sont pas les médecins les plus touchés, mais les personnels soignants, premiers interlocuteurs des patients », a souligné Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France. Pour lui, malgré « de gros progrès », les incidents sont encore « sous-déclarés » notamment à cause du « temps passé à déposer plainte » alors qu’il faut « poursuivre l’activité ». « On peut s’interroger sur une banalisation de l’insécurité », a dit M. Valletoux.

Les départements du Nord et des Bouches-du-Rhône ont connu le plus grand nombre d’agressions (respectivement 64 et 63 déclarations) devant l’Isère et la Seine-Maritime (35). Les Hautes-Alpes, la Cantal, la Corse et la Creuse ont été les moins touchés (un incident déclaré). « L’Île-de-France enregistre une très nette baisse, passant de 167 déclarations en 2014 à 118 en 2015 », a précisé Christian Bourhis.

Selon lui, cette baisse pourrait s’expliquer par les événements dramatiques survenus l’an passé et l’important déploiement de policiers après les attentats qui a eu un effet dissuasif. Ces événements ont aussi « sans doute » conduit les patients à « relativiser ».

Estelle EMONET / © 1994-2016 Agence France-Presse : « Tous droits de reproduction et de représentation réservés ».


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