Les salaires à l’hôpital public 20 % moins élevés qu’en privé

Publié le 25 juillet 2012 à 0h00 - par

HOSPIMEDIA – Pénurie oblige, les directeurs, médecins ou autres personnels à responsabilités n’hésitent pas à réviser leurs prétentions à la hausse lors des entretiens d’embauche pour faire jouer la concurrence. À ce jeu-là, le privé semble bien mieux armé que le public pour satisfaire leurs desiderata.

Commentant ses travaux sur les fonctions et rémunérations sur le secteur de la santé*, axés sur le personnel encadrant, publiés en 2010 mais dont une réactualisation est annoncée au second semestre, Frédérique Daubard, manager executif senior chez Michael Page, évalue à 20 % le différentiel de salaires entre établissements privés, lucratifs ou non, et publics et ce, en défaveur de ces derniers. Globalement, à examiner les bulletins de salaire que lui présentent les candidats, le cabinet de conseil en recrutement de cadres constate que la pénurie en personnels expérimentés pour les postes à responsabilités (directeurs d’établissements, médecins, chefs de bloc, directeurs de l’information médicale…) pousse à l’inflation des rémunérations.

Preuve d’un secteur à fortes tensions démographiques, le cabinet n’opère uniquement qu’en « chasse de tête ». Par conséquent, le niveau des salaires se fondant sur la rareté, les candidats sont aujourd’hui en position de force pour faire grimper les enchères. La manager constate ainsi des rémunérations déjà très élevées pour des personnes ayant tout juste trois ans d’expérience, avec des montants qui ne diffèrent plus guère de leurs collègues qui en affichent dix ans de plus.

« Welcome bonus » à cinq chiffres

Dans ce cadre-là, l’hôpital public, moins à même de gonfler au cas par cas les salaires, ressort nettement désavantagé par rapport aux structures privées. D’autant que sa plus-value, à savoir la recherche, son image de marque, fait les frais de la crise démographique. En effet, la pénurie en personnels ne peut que réduire le temps escompté à ces travaux de recherche et accroître la part dévolue aux soins et, ce qui en découle, les heures de travail. Par condition, si l’aspect séduisant de la recherche pouvait hier encore faire basculer un choix, cet aspect change dès lors que les conditions de travail ne sont plus équitables. Et là, le privé tire son épingle du jeu en proposant des rémunérations ou autres émoluments nettement plus avantageux.

Certes, les contraintes budgétaires pèsent tout de même quelque peu sur les salaires des postes de cadres mais pas sur les médecins, souligne Frédérique Daubard. Le manque à gagner pour un établissement est systématiquement plus élevé en cas d’absence d’un médecin, surtout en privé. De fait, en parallèle des salaires, la tendance des émoluments est toujours à la hausse, ce qui permet d’accroître de façon détournée une rémunération : « welcome bonus » – où il n’est désormais pas rare qu’ils atteignent cinq chiffres –, voiture de fonction, logement de fonction, prise en charge des frais de déménagement, etc.

De 55 000 à 120 000 euros pour un directeur MCO

Il y a deux ans, le cabinet chiffrait la moyenne annuelle de rémunération – hors part variable – d’un directeur d’établissement sanitaire à 60 000 euros en-deçà de 100 lits (de 55 000 à 75 000 euros), 75 000 euros entre 100 et 200 lits (de 65 000 à 85 000 euros) et 100 000 euros au-delà (de 80 000 à 120 000 euros).

Selon ce même triptyque, les directeurs des soins infirmiers, pour lesquels aucune part variable n’est généralement constatée, voient leurs salaires fluctuer respectivement de 40 000 à 55 000 euros, de 50 000 à 70 000 euros et de 60 000 à 80 000 euros.

Les chefs de bloc opératoire oscillent de 40 000 à 50 000 euros en-dessous de 10 salles pour une activité monodisciplinaire, de 50 000 à 60 000 euros si elle s’avère pluridisciplinaire. Au-dessus de 10 salles, ces montants augmentent de 10 000 euros chacun.

Toujours en structure sanitaire, un responsable qualité débute à 35 000 euros s’il est débutant, un expérimenté à 50 000.

Enfin, les directeurs de l’information médicale (DIM) voient leurs émoluments varier de 60 000 à 100 000 euros selon la situation et la taille de l’établissement.

Un directeur d’EHPAD entre 45 000 et 70 000 euros

Dans le secteur médico-social, les directeurs d’EHPAD avec plus de cinq ans d’ancienneté émargent entre 45 000 et 50 000 euros en-deçà de 50 lits, à 50 000 euros entre 50 et 100 lits et entre 55 000 et 70 000 euros au-delà. Avant cinq ans, les salaires pour les deux premières strates fluctuent respectivement de 35 000 à 45 000 euros et de 40 000 à 50 000 euros. À noter qu’une part variable de 10 à 20 % peut s’ajouter à la rémunération fixe, souligne le cabinet.

En service d’hospitalisation à domicile (HAD), la rémunération du directeur court de 60 000 à 90 000 euros. Par ailleurs, la part fixe pour un infirmier coordinateur se situe entre 35 000 et 40 000 euros.

Enfin, le directeur d’exploitation ou directeur régional d’un groupe privé médico-social, souvent d’anciens directeurs d’EHPAD, présentent un fixe annuel de 55 000 à 70 000 euros selon le nombre de structures et leur taille, auxquels s’adossent une part variable fluctuant de 10 000 à 15 000 euros.

Thomas Quéguiner

* La branche santé de Michael Page propose également des études de rémunérations sur l’industrie du médicament et l’industrie du biomédical

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