« Occupation » de l’Hôtel-Dieu : le gouvernement taxé de « double discours »

Publié le 2 septembre 2013 à 0h00 - par

Des élus, syndicalistes et personnels hospitaliers qui soutiennent une occupation symbolique d’une salle de l’Hôtel-Dieu, ont demandé lundi au gouvernement de sortir du « double discours » sur les urgences du plus vieil hôpital parisien.

« Occupation » de l’Hôtel-Dieu : le gouvernement taxé de « double discours »

Depuis dimanche après-midi quelques dizaines de personnes, personnels soignants et syndicalistes CGT et Sud, occupent une salle vide, rénovée il y a deux ans, et utilisée auparavant par un service de chirurgie thoracique. Ils exigent du gouvernement qu’il prenne une décision définitive sur le maintien ou non du service des urgences, un des rares qui subsiste dans l’établissement. « Tant qu’on aura pas une décision claire, on restera », a prévenu le médecin urgentiste Gérald Kierzek, au cours d’une prise de parole aux côtés de responsables CGT et Sud et d’élus et militants de la gauche de la gauche. Le porte-parole de Droit au Logement Jean-Baptiste Eyraud est venu annoncer le soutien de l’organisation de défense des mal logés à cette occupation.

Le 10 juillet dernier, la ministre de la Santé Marisol Touraine avait annoncé le report à une date indéterminée de la fermeture du service d’accueil des urgences de l’Hôtel-Dieu, initialement prévue le 4 novembre par la direction de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) avec l’appui des autorités médicales du groupe hospitalier. La fermeture avait été justifiée par un projet de reconversion du vieil établissement, jugé trop vétuste, en « hôpital universitaire de santé publique », dépourvu de lits, et dédié à la formation, à la recherche et aux consultations de médecine générale. Mais si le projet a été ainsi gelé par la ministre, la direction de l’hôpital a continué à fermer des services annexes et aurait demandé, selon les occupants, aux pompiers de ne plus amener de malades aux urgences.

« Il ne faut pas être dupe, la responsable c’est Marisol Touraine », a lancé le Dr Kierzek, fustigeant son « double discours ». « Elle dit le 10 juillet on met un moratoire sur les urgences alors qu’on est en train de nous siphonner, de nous asphyxier. » Selon l’urgentiste, le maintien des urgences de l’Hôtel-Dieu, en plein centre de Paris, se justifie par la saturation des autres services d’urgences parisiens : 1 heure d’attente selon lui à l’Hôtel-Dieu contre 10 heures à Bichat ou à Lariboisière. « S’il y a accumulation des malades sur des brancards dans les couloirs de la honte (…), ça sera Marisol Touraine qui en sera responsable », a-t-il ajouté.

Mais, dans les milieux hospitaliers, le mouvement d’occupation est critiqué. Ainsi le porte-parole du Mouvement de défense de l’hôpital public (MDHP), le Dr Bernard Granger s’est moqué dans un communiqué de l’action d’une « poignée d’irréductibles transformée en troupe d’occupation ». Mais il a qualifié aussi le projet de l’AP-HP de « concept vide de sens » qui va « dilapider » des ressources dont d’autres hôpitaux ont grand besoin.

Copyright © AFP : « Tous droits de reproduction et de représentation réservés ». © Agence France-Presse 2013


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