Quels moyens pour la santé en prison ?

Publié le 12 février 2013 à 0h00 - par

HOSPIMEDIA – Le principe d’équivalence des soins entre milieu carcéral et milieu libre fait consensus parmi les professionnels de santé exerçant en prison. Mais le manque de moyens humains et matériels s’y oppose, quand ce n’est pas l’organisation de l’enfermement elle-même.

Lors du 10e congrès national des Unités de consultation et de soins ambulatoires (UCSA), organisé les 7 et 8 février à Montpellier, les intervenants ont tenté d’apporter des réponses aux divergences entre théorie et réalité des soins en milieu carcéral. L’actualisation du « Guide méthodologique relatif à la prise en charge sanitaire des personnes placées sous main de justice » a été officialisée le 30 octobre 2012 par les ministères de la Santé et de la Justice. Ce guide appelle entre autres à un accès plus large des détenus aux soins aussi bien somatiques que psychiatriques, et à une place plus grande faite à la prévention, avec pour principe que la population carcérale a les mêmes droits en termes de santé que la population générale. « On nous parle d’équivalence des droits à la santé depuis le 18 janvier 1994 [date à laquelle les soins en prison ont été confiés au service public hospitalier], mais ce principe est mis à mal par le manque de moyens », a souligné le Dr Fadi Meroueh, responsable de l’UCSA (maintenant Unité sanitaire) de Villeneuve-les-Maguelonne dans l’Hérault et organisateur du congrès. « Le dépistage des hépatites virales nous permet de découvrir de nouveaux cas mais les moyens pour les soigner n’augmentent pas. Nous voudrions promouvoir la prévention mais sans temps dédié, l’aigu continuera de passer en premier. »

Faire face au vieillissement à moindre coût

Au sein d’une population carcérale de 66 000 détenus, certains problèmes sanitaires ne constituent pas une nouveauté (addictions, IST, santé bucco-dentaire défaillante…) mais d’autres prennent de l’ampleur avec son vieillissement (dépendance, handicap). Diverses solutions sont proposées pour y faire face à moindre coût. « Susciter des stages d’étudiants en médecine ou en dentaire permet de créer un pool de recrutement pour le futur », suggère ainsi Christine Barbier, médecin inspecteur de santé publique à la Direction générale de la santé (DGS). « La télémédecine pourrait permettre de diminuer les extractions hospitalières, souvent difficiles à mettre en œuvre », souligne également Valérie Kanoui, praticien hospitalier au sein de l’UCSA de Fleury-Mérogis (Essonne). Sans parler de la nécessité d’un dialogue entre administration pénitentiaire et professionnels de santé, entre lesquels la tension se fait encore sentir.

Mais d’autres questions, moins directement concernées par le coût financier, demeurent très prégnantes. « Le secret médical, qui se matérialise par la protection du dossier médical, est souvent mis à mal. Il fait pourtant de la relation de soins l’un des rares lieux de confiance, là où règnent la défiance et le rapport de force, insiste quant à lui Jean-Marie Delarue, contrôleur général des lieux privatifs de liberté. La confidentialité des soins, elle aussi, est attaquée : nous avons ainsi vu lors de nos visites des surveillants dans les salles de soins ou opérant la distribution des médicaments. Ces principes doivent pourtant être défendus vigoureusement. »

Fabienne Rigal, à Montpellier
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