Santé : les principaux candidats rivalisent de promesses fortes

Publié le 14 avril 2017 à 13h17 - par

Déserts médicaux, avenir de l’hôpital, et surtout remboursements des soins.. Une fois n’est pas coutume, la santé s’est fait une place dans le débat présidentiel.

Santé : les principaux candidats rivalisent de promesses fortes

Les cinq principaux candidats rivalisant de promesses fortes face aux préoccupations des Français.

Un déficit persistant

Le prochain président devra composer avec le déficit de l’Assurance maladie, « mauvaise élève » de la Sécurité sociale.
En 2016, il était de 4,8 milliards d’euros, le gouvernement visant 2,6 milliards pour 2017, après un douloureux plan d’économies de 10 milliards sur trois ans.

Le double en cinq ans, soit 20 milliards d’euros, c’est l’objectif du candidat de la droite François Fillon pour équilibrer les comptes, contre 15 milliards pour le leader d’En marche !, Emmanuel Macron, qui mise notamment sur la prévention.

La candidate du Front national, Marine Le Pen, promet elle « de pérenniser le financement de la « sécu » en simplifiant l’administration du système, en luttant contre la gabegie et en investissant dans le numérique ».

Le « 100 % sécu »

Tous les candidats veulent améliorer la prise en charge des frais de santé.

Mais celui de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, promet un tournant radical : le remboursement intégral des soins prescrits par l’Assurance maladie, où seraient « rapatriés » les mutuelles et leurs personnels, notamment grâce à la transformation des primes versées à ces organismes en cotisations sociales.

Une mesure évaluée à 16,4 milliards d’euros par an (l’équivalent des frais à la charge des patients) par l’Institut Montaigne, un think tank réputé libéral.

Abolition des dépassements d’honoraires et renforcement du paiement des médecins au forfait sont également à son programme.

Optique, dentaire et audition

Contraint de revoir sa copie après le tollé suscité par son projet de transférer les « petits risques » aux mutuelles, François Fillon vise désormais, comme Emmanuel Macron, un reste à charge zéro pour les soins dentaires, optiques et les prothèses auditives d’ici à 2022, auquel il rajoute la prise en charge des dépassements d’honoraires par les complémentaires.

M. Macron, qui mise sur la concurrence, exclut toute augmentation de leurs tarifs, quand M. Fillon promet une augmentation « maîtrisée » grâce à une agence de régulation.

Ce dernier promet aussi le remboursement intégral par la « sécu » des lunettes pour enfants.

Ouvert à l’idée d’une mutuelle publique, selon son équipe, le candidat du Parti socialiste Benoît Hamon veut augmenter la participation de la « sécu » sur ces postes.

Déserts médicaux

Pour attirer les médecins dans les territoires en besoin, les candidats préfèrent les incitations financières, le développement des maisons de santé pluridisciplinaires ou le relèvement du numerus clausus à la coercition, dans la continuité du quinquennat Hollande.

M. Hamon propose toutefois de ne plus autoriser le conventionnement avec l’Assurance maladie dans certaines zones si le médecin refuse de pratiquer des tarifs « sécu » sans dépassements.

M. Mélenchon veut lui créer un corps de médecins généralistes fonctionnaires rémunérés pendant leurs études puis affectés par l’État pour 10 ans.

Malaise à l’hôpital

Face à un hôpital public en souffrance, M. Fillon, qui veut supprimer 500 000 postes de fonctionnaires mais pas chez les soignants, prône une augmentation du temps de travail à 39 heures avec des carrières et salaires améliorés.

M. Hamon veut au contraire augmenter les effectifs, comme Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon (62 500 postes de soignants et médecins supplémentaires).

Tous veulent revoir le financement de l’hôpital qui repose sur la tarification à l’activité (T2A) – dont Marine Le Pen propose la suppression – un chantier déjà amorcé sous François Hollande.

M. Macron promet aussi un « plan d’investissement dans l’hôpital et l’innovation médicale » de 5 milliards d’euros sur cinq ans.

Accès aux soins

François Fillon et Marine Le Pen veulent supprimer le tiers payant (dispense d’avance de frais) généralisé, mesure phare de la ministre Marisol Touraine, décriée par les médecins libéraux.

Ils s’accordent aussi sur la fin de l’aide médicale d’État (AME, destinée aux étrangers sans papiers), que M. Fillon veut remplacer par une dispense d’avance des frais, limitée aux urgences et maladies graves (hors mineurs).

Mme Le Pen veut aussi imposer un délai de carence pour les remboursements des étrangers en situation régulière.

De son côté, M. Hamon souhaite fusionner l’AME et la CMU-C (couverture maladie universelle complémentaire) et automatiser l’accès à ces aides pour les personnes éligibles.

Prévention

La prévention est un axe fort du programme de M. Hamon, défenseur du remboursement par la « Sécu » d’activités physiques prescrites ou de la reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle.

M. Macron prévoit un service sanitaire de trois mois d’actions de prévention pour les étudiants en santé, M. Fillon « une consultation de prévention longue et gratuite tous les deux ans ».

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