Contravention ou horodateur ? La réforme du stationnement veut faire disparaître ce choix

Publié le 17 octobre 2017 à 8h46 - par

Gare aux resquilleurs : les automobilistes qui rechignent à nourrir l’horodateur devront y réfléchir à deux fois en 2018 car les maires pourront fixer librement le montant des pénalités en cas d’infraction, selon une réforme qui prévoit aussi une intensification des contrôles.

Contravention ou horodateur ? La réforme du stationnement veut faire disparaître ce choix

« Pour ceux qui paient, il n’y a rien de changé », assure d’emblée Guy Le Bras, directeur général du Gart, qui regroupe les collectivités chargées des transports.

En revanche, les quelque 70 % d’automobilistes qui préfèrent prendre le risque de « prendre une amende » vont sans doute devoir changer leurs habitudes à partir du 1er janvier 2018.

La loi sur les métropoles (loi Maptam) de 2014 permet aux villes de fixer elles-mêmes le tarif du stationnement et le montant des amendes – désormais appelées « forfait post-stationnement ».

Les communes promettent désormais des contrôles beaucoup plus fréquents avec, à la clé, une meilleure rotation des véhicules sur les places de parking, et moins d’embouteillages dans les centres-villes.

En effet, « dans les métropoles, 20 % des véhicules en circulation cherchent une place de stationnement », détaillait Guy le Bras à Marseille le 11 octobre, lors d’une table ronde organisée aux Rencontres nationales du transport public.

« À partir du moment où il va y avoir un vrai contrôle (…), inévitablement, on doit progressivement assister à un changement des comportements », estimait la première adjointe au maire de Chambéry, Josiane Beaud.

Cette commune en a profité pour retravailler son plan de circulation et l’ensemble des modes de transport. Pour relancer « le centre-ville qui périclite, (…) il faut compter un peu sur les voitures, mais surtout éviter les voitures-ventouse », qui monopolisent des places, explique Mme Beaud.

Dans une ville de cette taille, « il faut permettre à tout le monde de rentrer dans le centre-ville si besoin, sans chercher une place pendant des heures (…). Et s’ils veulent rester plus longtemps, ils prendront le bus », détaille cette élue.

800 communes

« Quand il y a une rotation, c’est bénéfique pour les commerçants du centre-ville », a assuré Frédéric Baverez, directeur exécutif de Keolis.

Pour les 800 communes concernées, c’est l’occasion d’essayer de faire venir plus d’usagers aux transports en commun, ou à d’autres modes « propres », comme le vélo.

À Paris, il y a 150 000 places de stationnement en voirie mais 10 % seulement des automobilistes paient pour se garer. Il y a un an, la mairie a décidé d’en externaliser la gestion, et le montant de l’amende forfaitaire a été fixé à 35 ou 50 euros selon les arrondissements – actuellement, c’est 17 euros.

« Quand vous serez obligés de payer car le niveau de contrôle sera beaucoup plus conséquent, vous ferez un calcul économique », commente Richard Dujardin, directeur général France de Transdev, qui a remporté un des trois lots, soit 45 000 places, via sa filiale Urbis Park.

Selon lui, de nombreux conducteurs se tourneront alors vers d’autres modes de transport, une « fluidification du trafic qui profite à tout le monde », y compris aux autobus, souvent pris dans les embouteillages ou coincés par des véhicules stationnés dans les voies de bus.

« La recette annuelle du stationnement en voirie est de 500 millions d’euros. On pense que la réforme va faire passer cette recette à un milliard d’euros », a aussi indiqué Guy Le Bras en marge de ce débat.

Hors Paris, le montant de la nouvelle amende fixée par les villes s’échelonne de 15 à 35 euros, selon une étude réalisée par le Gart sur un échantillon de 93 communes. La loi précise que ces recettes doivent être affectées aux transports en commun ou autres transports propres.

Le taux de recouvrement des amendes en France n’est que de 50 %, mais la quasi-intégralité (94 %) de leur montant est aujourd’hui utilisé pour financer… le recouvrement.

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