Agents intercommunaux : l’émergence d’une identité communautaire

Publié le 13 juillet 2012 à 0h00 - par

Une étude du CNFPT et de l’AdCF évalue l’impact sur les agents de l’intégration aux structures intercommunales vers lesquelles ils sont transférés.

D’ici le 1er juin 2013, les structures intercommunales devront mettre en œuvre plus de 250 fusions et 300 extensions, prévues par les SDCI (schémas départementaux de coopération intercommunale) liés à la réforme territoriale. L’ampleur de ces évolutions a conduit le CNFPT et l’Assemblée des communautés de France (AdCF) à étudier l’impact sur les agents de l’intégration aux structures vers lesquelles ils sont transférés, à travers une série d’entretiens.
 

Des agents davantage attachés au poste qu’à l’employeur

Ces entretiens montrent notamment qu’une identité communautaire commence à émerger. Même si beaucoup d’agents restent encore très attachés à leur commune d’origine, mieux reconnue par la population, leur sentiment d’appartenance disparaît progressivement. Toutefois, la construction d’une identité communautaire se heurte à certaines difficultés : sentiment de double appartenance pour les secrétaires de mairie, impression pour certains services de proximité d’être en décalage avec la souplesse de la structure intercommunale, difficultés liées à l’éclatement des sites et à la diversité des horaires…

Mais la majorité des agents ne souhaitent pas, pour autant, retourner dans leur commune d’origine et semblent davantage attachés au poste qu’ils occupent qu’à la structure qui les emploie. Ils sont souvent satisfaits de leur emploi et auraient l’impression de régresser en retournant travailler dans la commune.
 

Être identifié comme fonctionnaire de l’intercommunalité

Le sentiment d’appartenance à la communauté est particulièrement fort lorsque l’emprise de la ville-centre est très prégnante, ce qui incite les agents à vouloir s’en différencier, en étant identifiés comme des fonctionnaires de l’intercommunalité. C’est également le cas pour les agents qui étaient présents dès la création de la communauté et qui ont participé à son développement.

En effet, la phase de construction de l’intercommunalité est particulièrement fédératrice et la charge de travail rapproche les agents. L’émergence d’une identité communautaire est également renforcée par le fait que les agents communautaires se sentent plus efficaces quant aux services qu’ils rendent, à la fois aux communes et aux usagers.
 

Des structures dynamiques et modernes

Les agents perçoivent différemment le changement selon les caractéristiques de leur transfert : structures de départ et d’accueil, poste occupé. Les transferts les plus nombreux ont lieu de la ville-centre vers la communauté, aux effectifs souvent inférieurs et dont l’organisation est généralement répartie par sites sur le territoire.

Dans ce cas, les agents, habitués à une administration centralisée et nombreuse, ressentent un « important rétrécissement » de leur secteur d’intervention et de la taille de leur équipe. D’où une hiérarchie moins lourde et davantage de polyvalence, mais aussi un avancement de carrière ralenti et des services fonctionnels réduits.

À l’inverse, lorsque l’agent intègre une structure plus importante, il découvre davantage de formalisme dans les procédures, un encadrement et des services plus structurés et une spécialisation de l’expertise. Les élus doivent prendre la mesure des craintes exprimées par les agents, souvent liées à leur méconnaissance des structures vers lesquelles ils sont transférés. Ils doivent donc prévoir des mesures d’accompagnement au changement, lors du départ de la commune d’origine et à l’arrivée dans l’intercommunalité. Mais cette période transitoire doit être courte, pour éviter les rumeurs. Toutefois, les agents perçoivent généralement les intercommunalités comme des structures dynamiques et modernes, qui offrent une image valorisante.
 

Incertitudes face à l’avenir

Les agents ressentent particulièrement l’importance du rôle de coordination et de concertation des structures intercommunales, qui implique de travailler par projets, en privilégiant l’échange et les rencontres avec les interlocuteurs des communes membres. Si ce travail prend beaucoup de temps, il permet aussi de renforcer les liens entre les communes. Mais les agents déplorent aussi de devoir mener ces actions sans réelle légitimité : aucun lien hiérarchique ne les relie aux communes.

Enfin, les agents intercommunaux s’interrogent sur l’avenir : appréhension face à l’accroissement de la taille des structures, avec la crainte de perdre la proximité et la qualité des relations humaines, ou incertitude sur la possibilité de voir leur structure dissoute.

Pour aller plus loin : Les conditions des agents au sein des intercommunalités, étude CNFPT/AdCF, juin 2012