Regroupement
Une des premières questions à vous poser lorsque vous créez un lieu d’accueil est de savoir comment seront constitués les groupes d’enfants : unités de vie par âge, par petites familles d’âges mélangés ? Par groupe ou sous-groupe ? Quelles relations envisagez-vous entre eux ? Seront-ils séparés ou se retrouveront-ils sur des moments communs et, si oui, lesquels ?
Cette réflexion et ce choix seront les premiers éléments d’une organisation générale de l’espace des enfants et détermineront la structuration globale du lieu.
À ce stade, il est prudent d’introduire une certaine modularité pour que d’autres fonctionnements soient possibles, que des petits puissent vivre dans un espace prévu initialement pour les grands, qu’une salle d’activité puisse devenir un espace de repas…
Dans tous les cas, vous devez retenir que l’espace de chaque groupe comprendra toujours les zones suivantes : jeu/activités, sanitaires/changes, repos/sommeil, repas.
Jeux et activités
En organisant les espaces et les coins de jeu et d’activités, vous devez déterminer ceux qui seront :
- en accès libre ;
- de ceux qui seront « dirigés » par l’adulte.
En effet, les premiers nécessitent des aménagements permettant à l’enfant de développer son activité propre, avec un rythme personnel. Les seconds peuvent être assimilés à des ateliers : ici encore, vous déterminerez des espaces spécifiques (atelier de lecture, atelier artistique, de bricolage, cuisine, etc.).
Il est à noter qu’une salle de psychomotricité, un atelier de peinture, une salle de jeux d’eau ou encore un atrium ne peuvent être en accès libre car, de fait, l’enfant ne peut pas s’y rendre seul et dépend donc de l’adulte. Or, il est difficilement concevable de considérer la motricité de l’enfant qu’à travers une « activité dirigée ». Vous devez offrir également aux enfants, dans leur lieu de vie, des possibilités de jeux psychomoteurs accessibles librement et à tout moment :
- dans l’un des groupes, cela pourrait être un espace polyvalent, constructible et « destructible » à chaque moment ;
- dans un autre, une simple structure de jeu ou encore un espace architectural permettant à l’enfant de pratiquer des jeux de manière libre et à sa convenance, toujours avec la présence d’un adulte.
Repas
Le moment du repas est un moment de regroupement et de convivialité. C’est un temps relationnel mais aussi le temps de la formation du goût. Pour mettre harmonieusement ce moment en espace, vous devrez intégrer divers paramètres :
- Tout d’abord la localisation car vous devez penser en priorité à la proximité de la cuisine et à la circulation des chariots, puis au bruit que génèrent une dizaine d’enfants qui mangent ensemble et, enfin, au nettoyage après le repas. L’idéal est d’avoir une pièce consacrée au repas seul, mais cela n’est pas toujours possible ; alors, un « coin » isolé par des barrières pourra suffire.
- Pour les plus petits, qui ne mangent pas encore seuls, le moment du repas est « stressant » lorsque les uns, en attendant leur tour, voient les autres déjeuner. Ici encore, un « coin isolé » s’impose.
- Ensuite, il y a les équipements nécessaires suivant l’âge des enfants (« chaises de nourrices » pour donner le biberon, relax, tables et chaises pour ceux qui mangent assis et place des adultes qui entourent les enfants).
- Vous penserez enfin à un lave-mains proche du lieu de repas, à une desserte accessible aux enfants… et à un sol facilement lavable.
Sommeil et repos
L’emplacement du lieu de sommeil est important. Le sommeil est toujours un grand problème dans un lieu d’accueil : rythmes différents, habitudes différentes… projection des adultes sur la « bonne manière de dormir ». Pourtant, la place donnée au sommeil sera différente selon le type d’accueil (régulier ou occasionnel), le projet éducatif et l’âge des enfants.
Vous devez différencier la sieste elle-même des temps de repos informels (enfant qui arrive un peu fatigué le matin, qui prend son pouce ou son doudou et peut se reposer, là, au milieu de ceux qui arrivent, et peut-être s’endormir). Vous prendrez également en compte que le sommeil de jour n’est pas le même que le sommeil de nuit.
Vous devez penser à tout cela et malgré tout choisir entre une grande pièce ou plusieurs petites pièces, des matelas ou des lits fixes. Vous devez décider si vous souhaitez un endroit où l’adulte peut rester pour endormir l’enfant, ainsi qu’un endroit de réveil qui forme un sas entre l’espace de sommeil et l’espace de jeu et qui permet donc à l’enfant de se réveiller doucement et de s’habiller, etc.
Change
Le temps du change est un moment de relation intense. Il s’agit d’un échange privilégié entre l’adulte et l’enfant, d’un moment de jeu (corporel et visuel), du sourire, du toucher, du regard. C’est une des rares occasions où l’enfant se retrouve nu, la peau en contact direct avec l’air, et par-là même pouvant appréhender des parties de son corps presque toujours empaquetées dans des couches. Pourtant, ce moment privilégié n’est pas uniquement une relation à deux avec l’adulte, c’est également une relation avec l’ensemble du lieu et ceux qui s’y trouvent : le personnel doit conserver un regard sur l’ensemble du groupe, et l’on a remarqué que les enfants supportent mal de voir disparaître un adulte dans une autre pièce ! Vous devrez donc réfléchir au bon emplacement pour faire ces changes, qui prennent tant de temps dans un lieu d’accueil : l’adulte doit préserver des moments d’intimité mais aussi être vu et pouvoir voir les autres enfants du groupe.
Mais un change n’est pas seulement un lieu de relation, c’est aussi un lieu de propreté où l’hygiène est primordiale. Un point d’eau est nécessaire sur le plan de change.
Pour les plus grands, un escalier pour monter sur le plateau de change peut être bien pratique.
Vous penserez aux casiers et au rangement des produits de soins, des couches et des effets personnels des enfants, qui font partie de ces espaces.
Vous n’oublierez pas le lave-mains pour le personnel à proximité.
Les toilettes seront facilement accessibles aux plus grands, à ceux qui y vont déjà, par un portillon ou tout autre moyen qui leur permettra d’y accéder sans que les plus petits puissent pour autant y aller « patauger ».
Cette étape doit donc vous permettre d’affiner la traduction fonctionnelle des moments forts de votre projet pédagogique. Cela s’inscrit dans la mise en place d’une démarche de programmation (cf. Mettre en place une démarche de programmation).
L’étape suivante permet de traduire les fonctions en espace et en architecture.