Si une direction de l’éducation n’avait pas, bien que son association soit souhaitable, vocation à régenter et piloter tout ce qui se fait, de près ou de loin, en matière d’actions éducatives au sein d’une commune, y compris en matière de relations avec les établissements scolaires, la généralisation des projets éducatifs territoriaux (PEDT) la positionne dans ce pilotage.
Aussi le ministère de l’Éducation nationale, dans ses propositions, aux maires et présidents des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), de nouvelles ressources et d’outils pratiques pour faciliter l’élaboration de leur PEDT, informe d’une nouvelle rubrique dédiée au volet laïcité et citoyenneté des PEDT avec des informations pratiques sur la réserve citoyenne de l’Éducation nationale (cf. site dédié : http://pedt.education.gouv.fr/).
En effet, la connaissance par la direction de l’éducation des actions menées (ou pouvant être portées en la matière) par les autres acteurs communaux ainsi que la connaissance de la participation des structures éducatives et, en particulier, des établissements scolaires aux animations et actions proposées par la collectivité, constituent le préalable à tout travail d’analyse et de proposition dans ce domaine (cf. Promouvoir la citoyenneté par et avec l’école).
Que la volonté de s’intéresser ou de développer le volet de la citoyenneté dans le champ de l’action éducative relève de l’intérêt porté par la direction aux questions de citoyenneté ou d’une commande des élus (maire, élu délégué à l’éducation), ce nécessaire « état des lieux » s’avérera un outil précieux pour :
- positionner le rôle de la direction de l’éducation dans un domaine aux contours multiples et aux acteurs protéiformes ;
- situer le niveau réel d’intervention de la collectivité en la matière ;
- identifier les dynamiques d’acteurs et les acteurs dynamiques.
Ces éléments de diagnostic sont, par ailleurs, des ressources utiles pour :
- négocier des financements contractuels (contrat enfance jeunesse, contrat urbain de cohésion sociale), des programmes (programme de réussite éducative) ou des partenariats institutionnels (convention de territoire ville-département) ;
- élaborer des projets et parcours éducatifs locaux.
En outre, cette première base d’évaluation peut aussi permettre de réfléchir à l’opportunité de mener des actions correctives, en retravaillant les axes de travail et, le cas échéant, les acteurs à mobiliser : il n’est pas rare qu’une école participe à de multiples actions et partenariats autour de la citoyenneté, pour des raisons liées au projet d’école et/ou à la sensibilité des enseignants (idem pour les structures municipales), alors que d’autres ne participent à « rien ».
A noter
L’histoire de chaque commune et de ses choix politiques, l’organisation de la direction de l’éducation et/ou des services intervenant dans le champ de l’action éducative, voire simplement l’histoire de la naissance d’une action, conduisent les collectivités à apporter des réponses hétérogènes quant au portage et au rattachement administratif des axes transversaux, y compris en matière d’éducation.
La dimension très mouvante de la notion de « citoyenneté » renforce ce risque de mosaïque administrative.
Aussi, il n’est pas impossible que les directions de l’éducation ne soient pas associées, ni même informées, des participations de classes aux cérémonies commémoratives, ou à telle action initiée par la ville en lien avec le Parquet dans le cadre de la prévention de la délinquance.
A contrario, il n’est pas impossible non plus qu’une direction de l’éducation porte une action pouvant relever d’une autre direction car il s’agit d’une action éducative ; telle campagne de sensibilisation portée par un conseil consultatif des jeunes pour inciter les jeunes à s’inscrire sur les listes et à voter…sans que le service « élection », souvent rattaché à l’état civil, ne soit concerté, ou telle action autour de la sécurité routière menée sans l’association des acteurs locaux et en particulier des acteurs municipaux de la sécurité publique (police municipale, chargé de mission CLSPD…).
Souvent, ces choix trouvent leurs raisons dans une commande hiérarchique ou politique pressante ou simplement dans l’inertie ou l’absence de disponibilités de collègues.
Pour autant, il convient de ne jamais renoncer à ce que les compétences existantes puissent être mobilisées pour construire une dynamique d’action partagée, seule garante d’une action durable. « Seul, on va plus vite, ensemble on va plus loin », dit un proverbe africain.