Congrès des maires : la commune « réconcilie les Français »

Publié le 31 mai 2016 à 8h48 - par

La commune « réconcilie tous les Français » qui en attendent proximité et protection en période de crise, souligne Pascal Perrineau, professeur à SiencesPo, à la veille de l’ouverture mardi 31 mai à Paris du congrès des Maires de France.

Congrès des maires : la commune "réconcilie les Français"

Question : Pourquoi les Français sont-ils si attachés à la commune ?

Réponse : « À l’heure où toutes les institutions représentatives sont contestées, la seule qui tient dans le cœur et la tête des Français, c’est la commune. Le niveau est même extrêmement haut, trois Français sur quatre déclarent un attachement fort à la commune. J’ai écrit que la commune fait patrie. Les Français y sont beaucoup plus attachés qu’à toutes les autres formes de collectivités locales. Plus surprenant, cet attachement est tous azimuts, qu’on soit homme ou femme, jeune ou vieux, cadre supérieur ou ouvrier, au chômage ou en activité, de gauche ou de droite, du centre ou qu’on soit lassé de la politique, qu’on soit un Français de très fraiche date, ou un Français dit de souche, l’attachement à la commune est de même intensité. Ça réconcilie tous les Français. Ça montre l’enracinement de cette institution ».

Q : Qu’attendent-ils de leur commune ?

R : « Ils en attendent la proximité à l’heure où la crise de la démocratie représentative est très forte, parce qu’on a l’impression que le pouvoir est lointain, anonyme, que ce sont des gens qui ne parlent pas le même langage que nous. Le maire, le conseiller municipal, ce n’est pas la même chose pour les Français. Deuxièmement, ils en attendent de la protection. À un moment où l’environnement est quand même anxiogène, les Français se disent qu’au fond cette instance communale c’est une protection. Quand on a un souci, on va voir monsieur le maire. Et la commune est un acteur présent sur le terrain éducatif, des transports, de l’eau, de l’électricité et simplement de l’entraide ».

Q : Cela ne favorise-t-il pas l’immobilisme, à l’heure de la réforme territoriale ?

R : « Quand on les interroge sur l’avenir de la commune, à peu près deux tiers des Français disent : au moins ça marche, ça a du sens pour nous, donc n’y touchez pas trop, laissez les communes avec leurs compétences de proximité. Un tiers des Français disent on peut y toucher, mais la solution qui leur plait le plus c’est de dire on peut créer des communes nouvelles, mais à condition que ça soit un mouvement de réforme par le bas

C’est la loi sur la commune nouvelle qui commence à être mise en place, où plusieurs communes se réunissent et définissent des formes d’union, les limites communales, ce que l’on partage… En revanche, la réforme un peu par le haut, où on va dire par la loi, par les préfets, les communes doivent s’intégrer à ça, fusionner là-dedans, c’est rejeté. Cela doit rendre extrêmement prudent sur toutes ces réformes de caractère bureaucratique, très peu démocratique – comme l’a été la réforme régionale – parce que le soutien de l’opinion à ce type de démarche est extrêmement faible ».

 

Propos recueillis par Dominique Chabrol

 

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