Politique de la ville : associer les habitants aux décisions

Publié le 24 septembre 2012 à 0h00 - par

Le Centre d’analyse stratégique propose de renforcer l’intervention des habitants dans le débat public et dans la prise de décision, et d’élever leur capacité d’action collective.

Politique de la ville : associer les habitants aux décisions

À l’heure du débat sur le vote des étrangers aux élections locales, et alors que le gouvernement s’apprête* à relancer le programme national de rénovation urbaine (PNRU), le Centre d’analyse stratégique propose trois pistes pour renforcer la politique de la ville grâce à la participation des habitants.

Il s’agirait de mieux articuler participation et représentation, en s’inspirant de différentes expériences étrangères réussies. C’est le cas du programme allemand « Soziale Stadt » (ville sociale), mené dans 500 quartiers entre 1999 et 2007, où les projets étaient définis lors de forums de quartier réunissant élus, bailleurs sociaux, habitants, commerçants… Des comités d’habitants géraient des fonds spécifiques (« Empowerment Funds »).

Ce programme, qui a permis d’améliorer les relations entre les citoyens et les responsables locaux, a également renforcé le sentiment de sécurité dans les quartiers et la satisfaction d’y habiter. Il a permis d’impliquer les immigrés dans la vie collective locale, et de sensibiliser les municipalités et les services sociaux aux problèmes interculturels spécifiques. Ainsi que le souligne le Conseil national des villes dans son avis de janvier 2012, les habitants des quartiers difficiles doivent être considérés comme des « ressources » et non comme des problèmes. Ils « ont des compétences, des talents, une capacité d’action, une intelligence » qui se révèlent à l’occasion d’actions menées par les associations.

Tirage au sort

Dans sa note d’analyse, le Centre d’analyse stratégique propose notamment de créer des « budgets participatifs », dotés de ressources significatives, articulés autour de trois échelons favorisant l’intervention des habitants : des forums de quartiers à l’échelle microlocale, des groupes de pilotage technique municipal par secteur, et des groupes de pilotage politique au niveau local et intercommunal.

Pour assurer le fonctionnement de cette « pyramide », il convient aussi d’améliorer la qualité du débat public, en favorisant l’expression de chacun et en acceptant la confrontation des idées et les désaccords. Il faudrait toutefois éviter que certains ne monopolisent les débats, en organisant, par exemple, des tirages au sort qui permettraient d’y associer des personnes qui ne le feraient pas spontanément.

Le lien entre les débats et les décisions adoptées devrait être explicité, et les suites données, par les pouvoirs locaux, aux propositions collectives, pourraient être rendues publiques dans les trois mois. Dernières pistes proposées par le Centre d’analyse stratégique : la nécessité de former les travailleurs sociaux à l’intervention sociale d’intérêt collectif, et celle d’accompagner les professionnels de la ville dans la remontée des revendications et des propositions des habitants.

Marie Gasnier

*Entre octobre et décembre 2012, le ministre chargé de la Ville animera un groupe opérationnel chargé de la concertation sur la nouvelle étape de la politique de la ville. Le Premier ministre présentera les conclusions lors d’un comité interministériel des villes, début 2013 ; elles feront ensuite l’objet d’un projet de loi. (Communication du Premier ministre au conseil des ministres du 22 août 2012).

 

Source : La participation des habitants : 3 pistes pour rénover la politique de la ville, Centre d’analyse stratégique, note d’analyse 278


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