Airparif : la circulation alternée a eu un effet positif, mais il faut une action « pérenne »

Publié le 15 mai 2014 à 0h00 - par

La circulation alternée le 17 mars en Île-de-France a eu un effet sur la pollution mais il reste limité, et il faut surtout une action « pérenne » pour agir sur une qualité de l’air « problématique » toute l’année : en 2013, plus de 3 millions de Franciliens étaient exposés à un air vicié.

Airparif : la circulation alternée a eu un effet positif, mais il faut une action "pérenne"

Il s’agit du premier bilan d’Airparif, l’agence de surveillance de l’air dans la région, de cette mesure d’urgence prise par le gouvernement en plein épisode de pollution aux PM 10, matières microscopiques en suspension déclarées cancérigènes par l’Organisation mondiale de la Santé. Elle n’avait pas été activée depuis 1997, et à l’époque, il s’agissait de dioxyde d’azote.

Avec seuls les véhicules à immatriculation impaire autorisés – et certaines dérogations -, la circulation s’est avérée de 18 % inférieure à celle du lundi précédent, de 13 % en petite couronne et de 9 % sur la grande couronne, selon Airparif. Et la diminution induite par la mesure est estimée à plus de 6 %, soit une baisse de 4 microgrammes par m3 de PM 10, à proximité du trafic et notamment sur les grands axes parisiens. Elle n’est que de 2 % dans les zones éloignées.

Le chiffre atteint les 10 % pour le dioxyde d’azote, gaz irritant émis par les moteurs, en journée sur le périphérique.

Éviter d’émettre 4 microgrammes de PM 10 est « significatif ». « Il y a peu de mesures qui permettent un impact aussi important », a déclaré lors de la présentation du rapport Anne Kauffmann, chargée d’études à Airparif.

Mais l’impact aurait été supérieur si, au lieu de cibler les véhicules en fonction de leur plaque d’immatriculation, ils l’avaient été en fonction de leurs niveaux de pollution. « Des véhicules très émetteurs, de plaques impaires, ont circulé ce jour », souligne Airparif.

Par ailleurs, la circulation alternée a le plus d’impact quand la pollution est forte et stagnante, soit une situation anticyclonique, peu de vent et une forte inversion de température, phénomène typique en hiver quand le sol se refroidit durant la nuit et qu’un grand soleil chauffe l’air en altitude, provoquant un couvercle empêchant la dispersion des polluants.

Or, selon Airparif, « ces conditions n’était pas complètement réunies lors de la journée du 17 mars ». Un vent d’ouest avait commencé à souffler deux jours avant, et une inversion de température, pourtant prévue, n’a pas eu lieu.

Contentieux avec Bruxelles

Néanmoins, même dans les conditions « optimum » durant les journées les plus polluées, « la circulation alternée n’aurait pas permis de repasser sous les seuils » d’alerte (80 microgrammes par m3 d’air), précise Anne Kauffmann.

En Île-de-France, 25 % des émissions de PM 10 sont émises par le transport routier (et 90 % d’entre elles par les moteurs diesel), 30 % par l’industrie, 25 % par le secteur résidentiel et tertiaire (chauffage au bois) et 15 % par l’agriculture (labourage, engins agricoles).

Pour Airparif, les pics de pollution ne doivent pas masquer le problème de la pollution chronique et appelle à une action « pérenne ». « Nous ne sommes pas dans les situations de New Delhi ou de Pékin, mais pour autant (…) on est loin du compte en termes de qualité de l’air », a averti le président d’Airparif, Jean-Félix Bernard.

L’an dernier, plus de 3 millions de Franciliens sur 11 millions étaient potentiellement exposés à des niveaux de pollution qui ne respectent pas la règlementation, principalement à Paris et près des grands axes de circulation.

Une qualité de l’air « problématique », selon Airparif, qui épingle particulièrement les PM 10 et les dioxydes d’azote.

La France a un contentieux en cours avec la Commission européenne pour non respect du respect des seuils sur les PM10  dans une quinzaine d’agglomérations. « Et vraisemblablement, la France sera condamnée », indique Karine Léger, adjointe du président d’Airparif.

Et un nouveau contentieux semble très probable pour les dioxydes d’azote. « On aurait du respecter les règlementations en 2010 et on ne les respecte toujours pas », souligne-t-elle.

Depuis 10 ans, la pollution est en baisse. Mais relève le directeur d’Airparif, Jérome Clave, à raison de « -1 % par an (…) il faudra entre 30 et 50 ans au rythme actuel » pour respecter les seuils autorisés. « Il faut des mesures qui accélèrent le rythme », a-t-il ajouté.

 

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