Amiens veut des bus plus efficaces et électriques

Publié le 31 mai 2019 à 7h00 - par

Au terminus, un bras télescopique sort du toit, se déplie et va se connecter à un mât futuriste pour recharger les batteries. Quelques minutes plus tard, le joli bus électrique peut repartir à travers Amiens, où il doit offrir un confort digne d’un petit tramway.

Amiens veut des bus plus efficaces et électriques

Pour tout comprendre

« Nous avons considéré que le tramway était inadapté pour une agglomération de notre taille, qui compte 180 000 habitants », explique le président de l’agglomération Amiens Métropole, Alain Gest (Les Républicains).

Un projet de tram de l’équipe socialiste sortante avait animé les débats de la campagne municipale de 2014. La nouvelle majorité de droite lui a préféré un bus bien moins cher, qui bénéficie toutefois de couloirs dédiés sur 40 % de son parcours.

« Le fait de dire non au tramway ne nous conduisait pas du tout à dire non aux transports en commun », assure M. Gest. Dans cette ville où l’on circule plutôt bien en voiture, l’objectif est de faire passer à 12 % la part des bus dans les déplacements, dit-il. « Aujourd’hui, on est à 7 % ! »

Après pas mal de travaux et quelques retards, trois lignes de bus à haut niveau de service (BHNS) électriques – et une quatrième parcourue avec des véhicules diesel – quadrillent Amiens depuis le 11 mai.

L’addition du BHNS et de la traction électrique est une première en Europe, mais tout n’est pas encore au point : la priorité aux carrefours et les écrans d’information des voyageurs, notamment, viendront un peu plus tard.

L’exploitant Keolis (filiale de la SNCF) a aussi un peu de mal avec les nouveaux autobus. Amiens a en effet acheté sur catalogue 43 véhicules articulés au constructeur espagnol Irizar – un tel modèle n’avait jamais roulé.

La presse locale s’est délectée des ratés des premiers jours, racontant par exemple comment un SUV Dacia avait été mis à contribution pour recharger les batteries d’un bus en perdition…

Les professionnels parlent doctement de « déverminage » pour évoquer le nécessaire rodage du système.

« L’idée, c’est d’être vraiment opérationnel à la rentrée » pour bien transporter les 30 000 étudiants de l’agglomération, rassure Éric Patoux, le directeur général de Keolis Amiens. Il promet alors une bonne régularité avec un bus toutes les 8 à 10 minutes.

Hommage à Jules Verne

Le BHNS a été baptisé Nemo, du nom du capitaine de « Vingt mille lieues sous les mers » de Jules Verne.

La figure de l’écrivain est omniprésente à Amiens où il passa les trente-quatre dernières années de sa vie. Sa signature orne la livrée des nouveaux bus, également ornés d’œuvres d’auteurs de bandes dessinées reprenant des monuments symboliques de la ville.

Irizar a de fait beaucoup investi dans le design de son bus électrique aux courbes arrondies. Le constructeur espagnol l’appelle « ie tram », référence évidente au modèle sur rails auquel il a même emprunté des rétroviseurs intérieurs avec écrans vidéo. L’intérieur est un vaste espace vitré, au plancher de bois, très clair.

« Esthétiquement, il est très beau. C’est un des éléments du choix », s’enthousiasme Alain Gest. « Il fallait aussi qu’il soit sympa ! »

Quant au choix du mode électrique, il s’inscrit selon l’élu dans « une démarche de développement durable, avec un objectif d’une ville autonome en énergie ». L’attrait du silence et la progression de la technologie des batteries ont convaincu Amiens de se lancer dans l’aventure – même si lesdites batteries ne sont que louées, pour éventuellement pouvoir adopter un modèle plus performant à l’avenir.

Concrètement, les bus sont rechargés la nuit dans le nouveau dépôt, aménagé pour l’occasion au nord-est d’Amiens. Mais cela ne suffirait pas pour tenir deux allers-retours… D’où le principe du « biberonnage », qui consiste à recharger rapidement les batteries à 85 % à chaque passage au terminus.

Amiens Métropole a investi 122 millions d’euros dans son BHNS Nemo, pour aménager les voies, faire quelques travaux d’embellissement, acheter les autobus électriques et construire le dépôt, qui sert aussi pour les bus ordinaires.

L’idée est maintenant de remplacer progressivement tous les bus diesel de l’agglomération par des modèles électriques, indique Alain Gest.

Quant au BHNS électrique, il doit faire école à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) et Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) à la rentrée.

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