Inondations de 2018 dans l’Aude : un rapport pointe plusieurs faiblesses

Publié le 21 octobre 2019 à 13h25 - par

Un rapport officiel relève plusieurs faiblesses dans la gestion des inondations meurtrières ayant frappé l’Aude en octobre 2018, préconisant « des améliorations sans lesquelles la préfecture pourrait être en difficulté si elle devait faire face à une crise de plus grande ampleur ».

Inondations de 2018 dans l'Aude : un rapport pointe plusieurs faiblesses

Dans ce document consulté samedi 19 octobre 2019, des experts du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) et de l’Inspection générale de l’administration (IGA) font un bilan contrasté de cette crise majeure, ayant fait 14 morts et 200 millions d’euros de dégâts matériels.

Régulièrement touché par des phénomènes météorologiques (inondations de 1992, 1996, 1999, 2005, 2011, 2014), l’Aude a subi le 15 octobre 2018 de fortes intempéries dues à un « épisode méditerranéen ».

La gestion de crise a été « réactive et globalement efficace » et « l’analyse du fonctionnement des dispositifs de vigilance météorologique et de vigilance crues n’a pas permis de détecter de faille au regard des règles en vigueur », selon le document, consultable sur le site du CGEDD intitulé « Retour d’expérience des inondations du 14 au 17 octobre 2018 dans l’Aude ».

Météo France interpellée

« Toutefois, l’absence d’anticipation du passage en vigilance météorologique rouge dénoncée par des élus ou la population, pour partie le fruit d’une connaissance scientifique qui demeure d’une précision relative, interpelle également Météo-France quant à l’évolution de outils de mesure (radars de pluies), de prévision (modèles numériques) et à son organisation lors des épisodes méditerranéens ».

« La question de la mise à jour des plans de secours vaut d’ailleurs pour la majorité des plans, situation étonnante dans un département que le dossier départemental des risques majeurs juge particulièrement exposé aux risques naturels et technologiques majeurs, la totalité des 436 communes étant concernées, dont 390 par les phénomènes de crues rapides ».

« Cette absence de mise à jour, en particulier du tronc commun ORSEC, est d’autant plus regrettable que lors d’exercices, des points de difficulté majeurs ont été signalés dont il n’apparaît pas qu’ils aient été pris en considération jusqu’ici », souligne le rapport.

« Aucun retour d’expérience écrit » de la préfecture

La préfecture de l’Aude a en outre « été l’un des rares acteurs de la crise d’octobre 2018 à n’avoir effectué aucun retour d’expérience (Retex) écrit, en dépit des consignes du plan ORSEC. La mission recommande que cela soit corrigé rapidement ».

La mission constate aussi que « la structuration et l’organisation du Centre opérationnel départemental (COD) nécessite des améliorations sans lesquelles la préfecture pourrait être en difficulté si elle devait faire face à une crise de plus grande ampleur ».

Le COD est un outil de gestion de crise à disposition du préfet qui l’active quand un événement majeur a lieu dans son département. Présidé par le préfet, il rassemble l’ensemble des acteurs de la sécurité civile, la police et la gendarmerie nationales, les services de l’État concernés et les représentants des collectivités.

La gestion de la période post-crise a toutefois mis en évidence d’« excellentes pratiques et initiatives, parmi lesquelles une gestion commune avec le conseil départemental des secours d’extrême urgence au profit des foyers en difficulté ».

« Évolutions envisagées »

Mais « des évolutions devaient être envisagées », notamment « la durée du fonds d’aide au relogement d’urgence au-delà de six mois, en faveur des propriétaires occupants, dans l’attente d’une décision de rachat éventuel de leur bien par le fonds Barnier et la question des effectifs des préfectures et des Directions départementales interministérielles (DDI) pour faire face à la crise et en gérer les suites ».

De plus, « le soutien à la préfecture, mis en place de façon très réactive dans l’Aude, devrait être organisé sous la forme d’une équipe nationale dédiée, composée de quelques personnels spécialement formés et qualifiés à cet effet ».

Le préfet de l’Aude depuis le printemps 2017, Alain Thirion, est depuis août directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises.

Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a souligné le 15 octobre que l’État devra « encore faire des efforts » pour parachever la reconstruction des localités frappées par les inondations.

« Nous serons aussi longtemps que nécessaire au côté des élus et habitants pour accompagner la reconstruction mais aussi la vision d’un aménagement plus résilient dans le contexte du changement climatique », a pour sa part assuré la ministre de la Transition écologique et solidaire, Élisabeth Borne.

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