Attendu depuis fin 2023, ce « PNACC-3 » comprend 51 mesures autour de cinq grands axes : protéger les populations, assurer les risques, adapter les activités humaines, protéger les espaces naturels et culturels, mobiliser les forces vives autour de ce défi.
Ce plan se présente comme une « stratégie progressive » qui ne représente « pas un renoncement à la poursuite de l’objectif de limitation des gaz à effet de serre ». Il se base sur une trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC) à + 2 °C en 2023, + 2,7 °C en 2050 et + 4 °C en 2100.
Voici les principaux points du plan.
Renforcement du fonds Barnier
La première mesure consiste à renforcer dès 2025 ce fonds, créé en 1995 par l’actuel locataire de Matignon, destiné à financer des projets pour prévenir les risques liés au changement climatique. En moyenne chaque année entre 2009 et 2020, il a financé environ 700 opérations de prévention pour un montant de plus de 170 millions d’euros, soit au total plus de deux milliards d’euros, selon un rapport de 2023 de la Caisse centrale de réassurance (CCR).
Ce renforcement sera destiné à des « mesures de prévention des collectivités » et « pour mieux protéger la population face à l’intensification des évènements climatiques et des risques », inondations en particulier. Michel Barnier a chiffré cette augmentation à 75 millions d’euros, pour atteindre 300 millions.
Maintenir des assurances abordables
Le gouvernement entend « inciter les assureurs à maintenir une offre assurantielle à tarif abordable sur l’ensemble du territoire ». Il entend mettre en place un « observatoire de l’assurance des risques climatiques » pour « renforcer la transparence » de l’évolution des tarifs.
Adapter les logements
Face à la multiplication des épisodes de canicule, les « règles et programmes de rénovation » des logements devront évoluer pour mieux prendre en compte le confort thermique en été.
Protéger les travailleurs les plus exposés
Les mesures de prévention déjà mises en place par les employeurs dont les salariés peuvent souffrir des fortes chaleurs « seront renforcées (…) dès 2025 (…) en ciblant les activités et situations de travail sur lesquels les épisodes caniculaires présentent le plus de risques ». La fonction publique sera également concernée, avec la possibilité notamment de décaler les horaires de travail. Une expérimentation est prévue à l’été 2025.
S’adapter à la raréfaction de l’eau
En plus du Plan eau, lancé en 2023 par le précédent gouvernement, une étude spécifique sera menée dans les DOM-TOM pour évaluer les risques liés « aux vulnérabilités de l’approvisionnement en eau potable ».
La TRACC, nouvel outil de planification
La trajectoire climatique conduisant à un réchauffement de 4 °C par rapport à l’ère préindustrielle « devra progressivement être intégrée à tous les documents de planification ». Le but est que les collectivités territoriales n’aient « plus à se poser la question du scénario climatique à adopter pour leur politique d’adaptation ». L’objectif est que d’ici 2030, 100 % des nouveaux documents intègrent la TRACC. En revanche, il n’est pas prévu « pour l’instant » de l’inscrire dans une loi, précise Matignon.
Transports
L’adaptation des transports au changement climatique nécessitera d’établir des plans d’adaptation des infrastructures et services de transport à partir d’études de vulnérabilité – déjà réalisées ou en cours pour la plupart des modes de transport. Pour les transports publics, l’objectif est de les finaliser dès 2025. « L’analyse des résultats de ces études permettra d’aboutir à des plans d’action détaillant le budget nécessaire à la réalisation des actions d’adaptation. »
Agriculture
L’agriculture fait partie des secteurs les plus soumis aux aléas climatiques. Afin de mieux accompagner les exploitants pour adapter leurs modes de production, un « diagnostic modulaire d’évaluation de la résilience de l’exploitation au changement climatique » sera mis en place d’ici 2026. Le but sera d’apporter toutes les informations nécessaires aux agriculteurs au moment de leur installation ou de la transmission de leur exploitation.
Protéger les sites culturels majeurs
Les principaux sites culturels français (tour Eiffel, Mont-Saint-Michel …) « seront accompagnés en 2025 pour étudier leur vulnérabilité et tester des solutions d’adaptation ». Plus largement, un plan d’adaptation sera lancé pour « dix sites majeurs », dont la liste n’a pas été détaillée.
Informer le public
Une cartographie nationale d’exposition aux risques naturels (submersions marines, incendies, inondations) sera réalisée d’ici 2027 pour donner accès à tous à la connaissance des risques actuels et de leur évolution probable afin de mieux s’y préparer.
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