Paris verdit ses cours d’école pour lutter contre le réchauffement

Publié le 24 septembre 2018 à 6h39 - par

Une fontaine où boivent les enfants, des arbres en pleine terre, un revêtement drainant à la place de l’asphalte noir dans la cour : l’école maternelle Daumesnil fait partie des trois établissements pilotes à Paris rénovés pour s’adapter au réchauffement climatique et aux canicules à venir.

Une fontaine où boivent les enfants, des arbres en pleine terre, un revêtement drainant à la place de l'asphalte noir dans la cour: l'école maternelle Daumesnil fait partie des trois établissements pilotes à Paris rénovés pour s'adapter au réchauffement climatique et aux canicules à venir.

2018 a été le deuxième été le plus chaud en France depuis 1959, après 2003. À Paris, le manque de végétation, le bitume et les activités humaines ont transformé la ville en four. Et la situation ne va pas s’améliorer : les températures pourraient grimper de 4° C l’été en Île-de-France à l’horizon 2071-2100 si rien n’est fait, selon Météo-France. Alors que la capitale manque cruellement d’espaces verts, les cours de récréation des 771 écoles maternelles, primaires et collèges publics occupent environ 70 hectares, soit 100 terrains de foot.

Pendant les vacances d’été, trois cours d’écoles primaires des 12e, 18e et 20e arrondissements ont été refaites. « Si on veut adapter nos écoles, il faut s’y mettre tout de suite », souligne Sébastien Maire, haut responsable de la Résilience à la ville de Paris. La mairie, qui mène une politique plus large de végétalisation de la ville, s’est inspirée de ce qui peut être fait à Milan ou au Japon. L’idée est de protéger les enfants de la chaleur mais aussi d’ouvrir à l’avenir certaines écoles pour offrir « des îlots de fraîcheur aux personnes âgées et fragiles pendant les canicules », poursuit-il. En 2019, entre 30 et 40 écoles seront concernées, avec l’objectif à terme de rénover toutes les cours de récréation qui en auront besoin sur ce modèle.

Lierre et framboisiers

Dans l’école maternelle Daumesnil, le bitume a été remplacé par un revêtement beige qui laisse passer l’eau dans le sol et réfléchit la lumière du sol, évitant ainsi d’emmagasiner la chaleur. Une fontaine avec quatre robinets à hauteur d’enfants a été installée. Quatre arbres, jusqu’à présent enserrés dans l’asphalte, ont été replantés en pleine terre et entourés de pavés enherbés et de petits potagers. Une façade grillagée est laissée au lierre et framboisiers et tout cet espace vert sera bientôt entouré d’une barrière en forme de chenilles imaginée par les enfants. Deux arbres supplémentaires seront rajoutés.

Par la même occasion, les jeux ont été regroupés au centre de la cour, dans un rond coloré avec des motifs inspirés de propositions d’élèves. Un garage à vélos abrité sous un auvent a été déplacé pour que les enfants puissent s’abriter à l’ombre en cas de forte ensoleillement. La cour devait être refaite car elle souffrait d’affaissements liés au réseau de canalisation et les racines des arbres déformaient le sol. Avec ce projet, « on fait quelque chose de beaucoup plus qualitatif », fait valoir la maire d’arrondissement socialiste Catherine Baratti-Elbaz. La transformation a été faite en consultant l’équipe enseignante et les parents d’élèves. L’idée d’une cour en pleine terre a ainsi été écartée. « Je voulais un revêtement où les enfants ne s’égratignent pas plus quand ils tombent », explique la directrice Brigitte Blanco de la Torre.

La présence d’une fontaine à eau et le risque que les enfants se retrouvent trempés étaient aussi une source d’inquiétude au départ. Mais cette idée a vite été adoptée. Pendant la récréation, les bambins interrompent leurs jeux pour boire dès qu’ils ont soif, sans avoir besoin d’être accompagnés aux toilettes. « Ça améliore notre quotidien », juge Mme Blanco de la Torre, qui apprécie également l’atténuation du bruit, absorbé par le nouveau revêtement. « On sent un apaisement général ». Trop tôt en revanche pour mesurer les effets sur la température.

Cette adaptation a un coût : 100 000 euros de plus que le projet initial de 150 000 euros. « On peut difficilement parler de surcoût : avant on ne faisait que remplacer le bitume à l’identique, maintenant c’est un programme global avec de la végétalisation », fait valoir Sébastien Maire. Le nouveau revêtement possède encore l’inconvénient de contenir un liant fabriqué à base de pétrole mais l’objectif est de le remplacer par un matériau végétal. Mais en utilisant un revêtement perméable et en mettant les arbres en pleine terre, fini l’entretien du réseau d’évacuation des eaux et le sol déformé par les racines, espère en revanche la mairie.

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