San Francisco, Parme, Roubaix : des villes engagées dans la « révolution » des déchets

Publié le 5 juillet 2016 à 9h30 - par

« Nous sommes en train de passer de l’ère des déchets à l’ère des ressources » : jeudi 30 juin à Paris, des représentants de San Francisco, Parme ou Roubaix ont raconté comment des collectivités ont basculé dans une gestion radicalement différente et plus durable des déchets.

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« Le modèle que nous avons mis en place à San Francisco coûte moins cher que la mise en décharge ou que l’incinération », a lancé Robert Reed, porte-parole de Recology, prestataire de la ville pour la collecte et le traitement des poubelles.

L’Américain était l’un des invités du 1er festival « zéro déchet » organisé en France, du jeudi 30 juin au samedi 2 juillet à Paris, par l’association Zéro Waste, qui milite pour un mode de consommation plus économe en ressources naturelles.

San Francisco a été pionnière dans la démarche « zéro déchet » qui consiste à développer le recyclage (papier, verre, métal, plastique) et le compostage des restes alimentaires pour réduire au maximum ce qui va atterrir dans une benne à ordure.

Les déchets organiques sont transformés en engrais (compost) ou en gaz (biométhane).

En 2001, la ville californienne a généralisé son programme de tri avec trois poubelles (recyclage, compostage et ordures résiduelles) et l’a rendu obligatoire en 2009.

« La ville a réinventé la manière dont une collectivité gère ses ordures », explique Robert Reed, fier que son entreprise alimente en engrais quelque 300 vignobles de Californie et des dizaines d’exploitations agricoles et horticoles.

Parme (200 000 habitants) s’est engagée dans cette voie en 2012. « Nous sommes partis de 50 % des déchets ménagers recyclés et nous allons arriver à notre objectif d’être à 80 % », se réjouit Gabriele Foli, l’adjoint à l’Environnement.

Pour y arriver, la collecte séparée des déchets alimentaires (environ un tiers de la poubelle d’un foyer) est « incontournable », dit-il. Tout comme « la tarification incitative », c’est-à-dire une facture pour les ordures ménagères basée sur le poids des déchets.

Mais il faut aussi expliquer aux citoyens le sens de la démarche, les moyens mis en place et les résultats escomptés.

« Nous avons organisé énormément de réunions publiques, dans les quartiers, avec les commerçants, les autorités religieuses », raconte-t-il. « Nous avons livré à domicile des sacs compostables, des petits sceaux pour les épluchures des fruits et légumes et des fiches d’information », détaille l’élu.

Roubaix exemplaire

La ville a aussi équipé ses crèches de couches lavables, modifié la logistique événementielle (gobelets, papier, etc.), ouvert des centres de réparation d’objets, installé des machines distribuant des bons d’achats contre des canettes et des bouteilles plastiques.

Rossano Ercolini, résident de Capanori (50 000 habitants), la pionnière des villes italiennes, confirme que « le succès passe par un important travail avec les habitants ». Car il faut arriver à changer les gestes individuels (tri, réparation et échange d’objets) et les actes d’achat (plus de vrac, de consigne, de contenants en verre, etc.).

Mais la démarche oblige aussi les collectivités à repenser leur modèle économique. « Elles doivent revoir l’organisation de la collecte, le financement avec la tarification incitative », souligne Flore Berlingen, directrice de Zéro Waste France.

Cela questionne aussi la rentabilité d’équipements existants, comme les incinérateurs, et exige des lieux pour traiter les déchets organiques (compostage ou méthanisation), un terrain peu investi par les industriels.

En France, le mouvement est lancé dans plusieurs villes et Roubaix est un exemple étonnant. « L’agglomération de Lille, qui a la main sur la gestion des déchets, n’a pas suivi, mais on ne s’est pas découragé », raconte Alexandre Garcin, adjoint au développement durable de Roubaix. Pas de tarification incitative donc, ni de collecte séparée des déchets alimentaires.

« On est parti de 243 kg de déchets résiduels par an et par habitant, ce qui est un peu mieux que la moyenne française » (270 kg) « mais très mauvais par rapport à Parme, Capanori ou Milan », glisse l’élu UDI.

Des actions tous azimuts ont été lancées : défi à 100 familles « zéro déchet », ateliers gratuits pour les citoyens, compostage avec des associations, label pour les commerçants engagés, club d’entreprises, etc.

« Dans notre vision, tous les déchets sont devenus des ressources », dit-il. Résultat : la poubelle résiduelle pèse désormais seulement 58 kg par habitant et par an ! Un record en France.

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