Le confinement « piège terrible » pour les victimes de violences familiales

Publié le 31 mars 2020 à 12h30 - par

Près de la moitié des membres du Sénat ont signé une tribune, dans laquelle ils alertent, sur « les risques auxquels sont exposés les femmes et les enfants dans les foyers violents » en temps de confinement.

Le confinement "piège terrible" pour les victimes de violences familiales

« Le confinement peut être un piège terrible quand il enferme une famille dans la terreur permanente des insultes, des cris et des coups », déclarent les élus dans cette tribune publiée sur le site de Libération, co-signée lundi 30 mars 2020 par 172 sénateurs et sénatrices de tous bords, dont les membres de la délégation sénatoriale aux droits des femmes présidée par Annick Billon (centriste).

« En cette période où nous déployons une immense énergie pour essayer de dominer nos frustrations et notre angoisse, il faut imaginer ce que peut être le quotidien des victimes de violences, a fortiori quand le drame se joue dans un logement exigu : l’enfer », poursuivent-ils.

Ils estiment que la secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, a « anticipé ce danger » en annonçant « un plan de continuité pour protéger les victimes de violences conjugales », mais soulignent que « de nombreuses questions persistent ».

« Comment les victimes confinées chez elles peuvent-elles joindre le 3919 ou la plateforme en ligne dédiée aux victimes de violences, alors que l’on sait que le premier signe de violences conjugales est l’isolement de la victime, privée de tout moyen de communication autonome par son compagnon violent qui lui a souvent confisqué son téléphone et s’acharne à traquer ses mails ? », interrogent notamment les sénateurs.

Marlène Schiappa a annoncé samedi 28 mars l’installation de « points d’accompagnement éphémères » dans des centres commerciaux, ainsi qu’un « fonds spécial financé par l’État d’un million d’euros pour aider les associations de terrain à s’adapter à la période ».

Elle a fait état dimanche 29 mars d’« indicateurs » laissant « penser qu’il y aurait une recrudescence des violences conjugales » depuis le début du confinement, avec « + 32 % de signalements de violences conjugales en zone gendarmerie en une semaine et + 36 % dans la zone de la préfecture de police de Paris ».

Quatre présidents de groupe figurent parmi les signataires de la tribune, Patrick Kanner (PS), Hervé Marseille (centriste), Claude Malhuret (Indépendants) et Jean-Claude Requier (RDSE à majorité radicale).

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