Éducation prioritaire : lancement d’un chantier ambitieux

Publié le 20 janvier 2014 à 0h00 - par

Au Conseil des ministres le 15 janvier puis au Conseil supérieur de l’éducation le 16 janvier, Vincent Peillon a présenté son plan global pour renforcer l’attractivité des postes en éducation prioritaire et ainsi pouvoir compter sur des équipes stables d’enseignants.

Dans sa grande majorité, la communauté éducative a salué les efforts financiers consentis pour ce plan ainsi que la philosophie générale qui le sous-tendait. Reste à apprécier la mise en œuvre concrète, sur le terrain.

L’éducation prioritaire fait partie des trois grands chantiers de l’année 2013-2014. Un rapport, réalisé pour le Secrétariat général pour la modernisation de l’action publique dans l’été, a mis en avant la nécessité à repenser la structuration de l’éducation prioritaire et notamment réduire le nombre des réseaux. Plusieurs autres pistes d’évolution présentées dans ce rapport figurent dans ce nouveau plan que le ministre de l’Éducation nationale entend développer. Il sera expérimenté sur une centaine de réseaux dès la rentrée prochaine, puis déployé à la rentrée 2015 sur l’ensemble des 1 000 réseaux d’éducation prioritaire (REP) actuels. Parmi ces 1 000, seront identifiés 350 « REP+ » qui concentrent les difficultés scolaires, sociales, économiques etc.

Les mesures sont de 3 ordres :

  • dimension pédagogique,
  • dimension « ressources humaines »,
  • dimension « climat scolaire ».

La dimension pédagogique

Dans le 1er degré

  • Renforcement de la scolarisation des moins de 3 ans. Les 1 000 REP sont concernés. Chacun d’eux doit mettre en œuvre cette priorité.
  • Le dispositif « Plus de maîtres que de classes » devra être effectif dans chaque école de l’éducation prioritaire. Coût = 6 000 postes. Ce ciblage s’inscrit dans la logique de la loi d’orientation qui prévoit cette mesure dans les secteurs qui en ont le plus besoin.

Dans le 2nd degré

  • En REP, la classe de 6e fait l’objet d’une attention particulière. Un accompagnement renforcé par petits groupes, sur un volume de 3 heures hebdomadaires, y est prévu pour chaque élève qui sera présent, dans l’établissement, de 9h à 16h30. Ce sont des assistants d’éducation (AED) qui conduiront ce travail de soutien, d’aide aux devoirs, etc. À la rentrée 2014, seuls seront concernés par cette mesure les collèges des 350 REP+. Les 650 autres REP entreront dans ce dispositif à la rentrée 2015.
  • Développement d’internats de proximité : le ministère tourne ainsi définitivement le dos à l’esprit des internats d’excellence. La nouvelle logique n’est plus celle de l’éloignement des familles et du milieu proche des élèves, mais de créer des internats de proximité facilitant la réussite scolaire. Les actuels internats d’excellence ne sont pas fermés mais deviennent, comme les internats de proximité, des internats de la réussite et leur extension est stoppée. Il y est prévu la création de 6 000 places sur des moyens financiers qui ne relèvent pas de l’Éducation nationale. Un travail collaboratif sera notamment conduit avec les conseils généraux pour la construction ou la rénovation de ces structures.

La dimension « ressources humaines »

Temps de travail

Les 350 REP+ bénéficieront des allègements de service dans les 1er et 2nd degrés (1h30 hebdomadaire en collège soit 54 h/an et 9 journées annuelles en école, soit 54 h/an). L’année 2014-2015 constituera une période test de la mise en œuvre. Coût = 1 000 postes pour le 1er degré, autant pour le 2nd.

Formation

  • Il est prévu 3 jours de formation obligatoire par an pour le 1er comme le 2nd degré. Les formations sur site seront privilégiées. Dans le premier degré, les remplacements devraient être effectués, dans les REP+, par des Brigades dédiées.
  • Création d’un centre de ressources de formation en éducation prioritaire, notamment dans les académies les plus concernées. Ces centres-ressources comprendraient des experts, des CPC, des IA-IPR etc…
  • Un tutorat sera mis en place pour tous les enseignants durant leur 1re année d’affectation en REP.

Rémunération

L’actuelle indemnité ZEP de 1 156 euros/an bénéficie d’une revalorisation prenant effet en 2015. Son coût est de 100 millions d’euros :

  • + 100 % pour les enseignants et CPE exerçant dans les 350 REP+. L’indemnité passe à 2 400 euros/an.
  • + 50 % pour les autres, passant à 1 800 euros/an.

Carrière

Accès possible au GRAF (grade d’accès fonctionnel) dans des conditions qui restent à définir. Effet rétroactif envisagé, avec des modulations liées aux REP ou REP+.

Affectation/mobilité

Sur les 350 REP+, les affectations se feront sur des postes spécifiques : recueil de candidatures, entretien ou examen sur dossier, passage en CAP avec prise en compte du barème pour départager.
 

La dimension « climat scolaire »

  • Les moyens des REP seront garantis pour une période de 4 ans (périodicité de la remise à plat de la carte de l’éducation prioritaire).
  • Le pilotage se trouve renforcé avec notamment une formation spécifique des cadres (chefs d’établissement, IEN). Un IA-IPR référent est prévu pour chaque réseau.
  • Un poste de Conseiller technique auprès du recteur (délégué académique à l’éducation prioritaire) est créé ainsi qu’un fonds académique pour financer les projets et faire vivre les réseaux (déplacements, etc.).
  • Enfin sont prévues des mesures pour impliquer les parents d’élèves (écoles ouvertes…).
  • Concernant la présence d’adultes en plus dans les établissements, on pourra compter sur le doublement du nombre des assistants de prévention et de sécurité (APS) en REP (de 500 à 1 000). Dans les REP+, il y aura une infirmière supplémentaire sur chaque réseau.