Après des régionales sans véritable vainqueur, cap sur la présidentielle

Publié le 14 décembre 2015 à 12h24 - par

Au lendemain de régionales sans vainqueur véritable et marquées par une forte poussée du Front national, même si le parti de Marine Le Pen a échoué dans sa conquête d’une région, chaque camp se projette déjà vers la présidentielle de 2017.

Après des régionales sans véritable vainqueur, cap sur la présidentielle

L’heure des comptes a sonné après un second tour marqué par un bond de la participation (58,53 % contre 50,08 % au premier tour), une victoire des Républicains dans sept régions métropolitaines, des socialistes dans cinq et un FN bredouille mais avec un nouveau score record.

En tête dans six régions après le premier tour, le FN a échoué en duel tant dans le nord, où la présidente du parti Marine Le Pen affrontait Xavier Bertrand (LR), qu’en Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), théâtre de la bataille entre sa nièce Marion Maréchal-Le Pen et Christian Estrosi.

Idem en triangulaire, dans le Grand Est pour Florian Philippot et en Bourgogne-Franche-Comté pour Sophie Montel. Battue largement dans le Nord-Pas-de-Calais où la gauche s’était retirée pour faire barrage à l’extrême droite, Marine Le Pen a lancé en vue de 2017 : « rien ne pourra nous arrêter ».

La gauche, qui avait appelé à voter pour la droite dans trois régions où le FN était en bonne position de l’emporter, « n’a pas eu la déroute annoncée », selon la formule du patron du PS Jean-Christophe Cambadélis.

Alors qu’elle dirigeait la quasi totalité des anciennes régions, elle a remporté 5 des 13 nouvelles, plutôt dans la moitié ouest : Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, et Bretagne, où Jean-Yves Le Drian cumulera la présidence avec son poste de ministre de la Défense. La victoire a été serrée devant la droite en Centre-Val-de-Loire et Bourgogne-Franche-Comté.

La Corse est tombée dans l’escarcelle de l’autonomiste Gilles Simeoni, maire de Bastia.

S’ils ne réalisent pas de « vague bleue », Les Républicains de Nicolas Sarkozy alliés aux centristes emportent sept régions : Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Paca, Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes, Auvergne-Rhône-Alpes, Pays-de-la-Loire et Normandie. La droite a aussi conservé la Réunion.

Et la plus belle à son tableau de chasse : l’Île-de-France, gérée par la gauche depuis dix-sept ans, où Valérie Pécresse a battu de peu son rival socialiste Claude Bartolone (43,8 % contre 42,18 %, le FN récoltant 14,02 %).

Outre-mer, dans les quatre territoires en lice, la Réunion est restée sans surprise à droite, la Guyane ne change pas de mentor DVG. En Martinique, le sortant Serge Letchimy (DVG) a été sévèrement défait par Alfred Marie-Jeanne (MIM, indépendantiste) et en Guadeloupe le socialiste sortant Victorin Lurel a subi un revers brutal face à Ary Chalus (DVG).

Avertissements

Les Républicains réunissent leur bureau politique lundi matin. Le Parti socialiste fera de même pour son bureau national en fin d’après-midi.

À droite comme à gauche, le ton n’est pas à l’euphorie : « succès sans joie » pour le numéro un du PS Jean-Christophe Cambadélis, tandis qu’aux yeux de l’ancien Premier ministre François Fillon « ce sursaut est un réconfort mais il n’efface pas le 6 décembre qui reste le véritable baromètre de l’état du pays ».

« Tout cela nous oblige à entendre davantage les Français, à agir sans relâche, plus vite, pour obtenir plus de résultats », a assuré le Premier ministre Manuel Valls, citant en particulier l’emploi. M. Cambadélis a demandé à l’exécutif une « inflexion » pour les 18 mois à venir, « contre la précarité et pour l’activité » mais aussi « pour faire barrage aux inégalités ».

À droite, Nicolas Sarkozy a promis de prendre en compte « les avertissements » lancés aux régionales et de répondre aux « grandes questions qui angoissent les Français » (Europe, chômage, sécurité…). Dans une mise en garde à « tous les responsables de l’opposition », il a lancé que « l’unité et l’union ne peuvent pas être de circonstance ».

À quelques mois de la primaire, certains de ses contestataires n’ont pas tardé à se faire entendre. Pour Bruno Le Maire, les Français attendent « une autre politique » et « des visages nouveaux, y compris à droite ». Numéro 2 du parti, Nathalie Kosciusko-Morizet a de nouveau critiqué le « ni PS ni FN » porté par l’ex-chef de l’État.

Quant au FN, son échec à transformer l’essai découle d’une combinaison de facteurs : mode de scrutin, « front républicain », mobilisation des électeurs, mais aussi « plafond de verre » qui l’empêche de gagner des seconds tours, selon les analystes.

Défaite pour tous

« Le plafond de verre n’existe pas » au vu la progression persistante du parti, a lancé Marion Maréchal-Le Pen depuis son QG, où ses partisans criaient à la « manipulation ».

Hasard du calendrier, le dernier scrutin du quinquennat s’est déroulé un mois jour pour jour après les attentats jihadistes de Paris et Saint-Denis qui ont fait 130 morts. La campagne a été largement marquée par ce drame, dans un contexte d’état d’urgence décrété jusqu’à la fin février.

« Défaite pour tous », ou « élection sans vainqueur », hésite la presse de lundi 14 décembre, soulagée certes mais pas vraiment rassurée.

Il y a une semaine, Libération titrait « Ça se rapproche ». « Soulagés, mais », avoue lundi le quotidien de gauche. « Sursaut citoyen » salué par L’Humanité tandis que l’éditorialiste du journal catholique La Croix, Guillaume Goubert note que « le soulagement est grand parmi les électeurs modérés. Cependant, il ne faudrait pas, pour reprendre une expression célèbre que ce soit un lâche soulagement », en référence à la formule employée par Léon Blum au lendemain des Accords de Munich de 1938.
 

par Anne Pascale REBOUL / Isabelle CORTÈS

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