Élections régionales : le FN en tête au 1er tour dans 46 départements

Publié le 7 décembre 2015 à 11h44 - par

Le Front national est arrivé en tête dans 46 départements, lors du premier tour des élections régionales, dimanche 6 décembre 2015.

Élections régionales : le FN en tête au 1er tour dans 46 départements

Lors du dernier scrutin national, les élections départementales de mars 2015, le parti de Marine Le Pen était arrivé en tête dans 43 départements. Mais son record, de loin, reste les européennes de mai dernier, lors desquelles le parti de Marine Le Pen avait obtenu le meilleur score dans 71 départements.

S’il a, sans surprise, encore une fois réalisé ses meilleurs scores dans les territoires du Nord, de l’Est et du Sud-Est de la France, il y a très souvent augmenté ses totaux de cinq, voire six ou sept points.

Ainsi, dans le Var, le FN, représenté par Marion Maréchal Le Pen, obtient cette fois encore son meilleur score, avec 44,57 % des suffrages, contre 38,90 % lors des départementales (+ 5,67 pts). Juste derrière vient le département du Pas-de-Calais où Marine Le Pen obtient 44,38 % des voix (+ 5,48 points par rapport aux élections européennes de mai 2015).

Dans le Vaucluse, qui complète le trio des départements de tête, Marion Maréchal-Le Pen a récolté 44,22 % des voix (+ 6,82 points par rapport aux départementales). Même type de hausse, à titre d’exemple, dans les départements de l’Aisne, l’Oise, la Haute-Marne ou la Meuse, dans les territoires convoités par Marine Le Pen et Florian Philippot.

Le FN dépasse les 30 % dans 39 départements (21 départements en mars).

S’il n’a pas réussi à arriver en tête dans des départements ruraux comme l’Allier, le Gers ou la Creuse, comme souvent lors des derniers scrutins, il a en revanche réussi à prendre la tête d’un département francilien comme la Seine-et-Marne.

« Le choc », titrent à l’unisson et de manière tout à fait exceptionnelle Le Figaro et L’Humanité, deux quotidiens de bords opposés. À 18 mois de la présidentielle, Le Parisien/Aujourd’hui en France voit désormais « Le FN aux portes du pouvoir » tandis que pour Libération, « Ça se rapproche ».

Dans une France encore traumatisée par les attentats du 13 novembre et toujours marquée par un chômage de masse, le parti de Marine Le Pen a  capté environ 28 % des suffrages et s’est revendiqué « premier parti de France », devançant la droite (27 %) et le PS (23,5 %), selon les dernières estimations du ministère de l’Intérieur.

Les listes FN, qui ont battu les précédents records des européennes et départementales, arrivent donc en tête dans six des 13 nouvelles régions : Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne, Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, Bourgogne-Franche-Comté, Centre. En dépassant les 6 millions de voix, elles s’approchent du record de Marine Le Pen (6,4 millions de voix à la présidentielle de 2012).

En cas de duels droite/FN au second tour des régionales, 59 % des Français voteraient pour les listes Les Républicains-UDI-MoDem, contre 41 % pour celles du Front national, selon un sondage Odoxa pour Le Parisien-Aujourd’hui de lundi.

Sacrifice au PS

Appelant à un « barrage républicain », le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a annoncé un retrait de ses listes en NPDC-Picardie et PACA, synonyme de « sacrifice » pour les socialistes qui ne siégeront pas dans ces régions pendant près de six ans.

Lundi, sur RTL, M. Cambadélis a également enjoint Jean-Pierre Masseret, tête de liste nettement distancée en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, de se retirer, au profit de Philippe Richert (LR-UDI) qui affrontera le FN Florian Philippot.

« C’est une décision du Bureau national du PS de dimanche soir. Il devra la respecter. Point », a tranché le patron du PS. Mais dans la foulée, M. Masseret faisait savoir qu’il refusait de se retirer. Les listes pour le second tour doivent être déposées d’ici mardi 18 heures. Le retrait du PS n’est « pas respectueux », « pas loyal » envers les électeurs, a réagi lundi le Florian Philippot.

Marine Le Pen, elle, a évoqué un « suicide collectif du PS ». La liesse à son QG d’Hénin-Beaumont contrastait dimanche soir avec la consternation au PS, où l’on se désolait pour « cette belle région ouvrière qui mérite mieux que ça », et la déception chez les Républicains.

Loin de la vague « bleue » espérée à droite, l’alliance LR-UDI-MoDem est ressortie en tête dans seulement quatre régions (Pays de la Loire, Auvergne-Rhône-Alpes, Île-de-France, Normandie de très peu) et se voit même menacée par la gauche dans certaines régions.

Quant au PS, il se classait premier en Bretagne, emmené par un Jean-Yves Le Drian qui restera quoi qu’il arrive ministre de la Défense, ainsi qu’en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, derrière Alain Rousset.

Pas de retrait à droite

Face à ce vote FN massif, interprété par les ténors LR comme la traduction d’une « colère » envers le gouvernement et d’une « peur », Nicolas Sarkozy s’est livré à un réquisitoire contre l’exécutif et a refusé « toute fusion et tout retrait » pour contrer l’extrême droite au second tour, dans les régions où la droite est troisième.

La tête de liste LR en Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon Dominique Reynié n’a pas tardé à annoncer son maintien alors qu’il est distancé par la socialiste Carole Delga, elle-même deuxième derrière le FN Louis Aliot.

Une stratégie aussitôt critiquée à gauche. « Le message de la droite fait preuve d’une grande irresponsabilité », a-t-on aussi estimé dans l’entourage de Manuel Valls. Le Premier ministre s’exprimera lundi soir sur TF1.

À droite aussi, la donne FN n’était pas sans secousses. Dans deux régions où le score du parti de Marine Le Pen dépasse les 40 %, les têtes de liste LR comme Xavier Bertrand et Christian Estrosi, qui avaient fait des campagnes très marquées à droite, ont fait des appels du pied aux électeurs de gauche.

Les Républicains tiennent un bureau politique exceptionnel lundi matin, qui pourrait être agité. Alain Juppé, qui s’y rendra finalement, a appelé à arrêter « une ligne de conduite commune » pour le second tour.

Faisant entendre leur différence, les centristes, par la voix du président de l’UDI Jean-Christophe Lagarde, ont appelé au « retrait des listes en troisième position », « partout où le FN peut gagner ». Le président du MoDem, François Bayrou, réclame aussi un tel « ressaisissement démocratique ».

Le spectaculaire sursaut de popularité de François Hollande au lendemain des attentats ne s’est pas traduit dans les urnes dimanche soir. Certaines voix socialistes ont toutefois insisté sur la « bonne résistance » de leur parti et espéraient notamment conserver la symbolique présidence de l’Île-de-France, avec Claude Bartolone.

À la gauche du PS, les écologistes de toutes tendances se sont accordés pour demander « un rassemblement de la gauche », sur la même ligne que le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent.

Certaines voix, comme l’ancienne ministre EELV Cécile Duflot, ont relevé que ce score FN « est une punition ».

Un électeur sur deux n’est pas allé voter, moins qu’au premier tour des régionales de 2010, mais pratiquement autant qu’aux départementales de mars.

 

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