Municipales: vers un renversement de majorité au Sénat

Publié le 31 mars 2014 à 0h00 - par

Le succès de la droite aux municipales risque d’entraîner un renversement de majorité en septembre au Sénat, à gauche depuis 2011, les sénateurs étant élus essentiellement par des représentants des communes.

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Élections municipales 2014
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« C’est le double effet Kiss Cool », estime Gaël Sliman, de l’institut BVA, en référence à une publicité pour des bonbons. « Dans un premier temps la très large domination de la droite aux municipales entraîne la perte des communautés d’agglomération à gauche. Ensuite elle provoque un retour du Sénat à droite », explique ce politologue.

« Le Sénat devrait repasser à droite en septembre », prédit de son côté Jérôme Lavrilleux, directeur de cabinet du président de l’UMP Jean-François Copé. Il en veut pour preuve « le nombre de villes de plus de 9 000 habitants, pourvoyeuses de grands électeurs, qui ont basculé dans notre camp ».

La gauche dispose actuellement d’une très faible majorité dans la Haute assemblée, avec 178 sièges sur 348. En septembre, 178 sénateurs sur 348 seront renouvelés au suffrage universel indirect par un collège comprenant les députés, les conseillers généraux, régionaux, et des représentants des communes de leurs départements. Ces derniers forment 95 % des votants.

Le chef de file des sénateurs UMP, Jean-Claude Gaudin, qui a gardé dimanche sa mairie de Marseille, se montre prudent : « Il est clair que le succès de la droite républicaine peut se traduire par le gain du Sénat ». « Mais, ajoute-t-il, il y a trois conditions : que la droite et le centre s’entendent, qu’il y ait un rajeunissement des élus, et que chaque sénateur partant prépare sa succession ».

Le maire de Marseille dénonce également « un avantage d’au moins dix sièges d’avance pour la gauche sur le tapis vert ». « Il est clair que les socialistes ont pris toutes les précautions pour que le Sénat ne bascule pas à droite », poursuit-il. Et de citer l’abaissement de la proportionnelle aux départements élisant trois sénateurs ou le poids électoral accru accordé aux villes de plus de 30 000 habitants « aux dépens de la France rurale », toutes des mesures défavorables à la droite.
 

Sur le papier, de nombreux sièges peuvent passer à droite

« La gauche a pris ainsi une avance passée inaperçue, mais le scrutin de dimanche rétablit l’équilibre », résume M. Gaudin, même s’il n’a « pas eu le temps de regarder de près ».

« Cette élection est porteuse d’un changement de majorité au Sénat », analyse Yves Jégo. Son parti, l’UDI, revendique la conquête d' »un tiers des villes qui ont basculé » de gauche à droite dimanche… « Ce qui lui donne des perspectives de gains de sièges au Sénat importantes, dans le cadre d’une alliance avec nos alliés » de l’UMP.

En revanche pour François Rebsamen (PS), « au vu des résultats des municipales, la situation est complexe ». « Il faut faire une analyse très fine et très ciblée, je n’ai pas encore eu le temps de le faire », ajoute le chef de file des sénateurs socialistes.

Pourtant, sur le papier, département par département, de nombreux sièges peuvent passer à droite.

Cette année, ce sont les sénateurs des départements compris, par ordre alphabétique, entre l’Ain (01) et l’Indre (37), puis du Bas-Rhin (67) à l’Yonne (89), hors ceux de l’Île-de-France, ainsi que ceux de Guyane, de Polynésie française, de Saint-Barthélemy, de Saint-Martin, des Îles Wallis et Futuna qui sont renouvelés. À cette liste s’ajoutent 6 des 12 sénateurs des Français établis hors de France.

Si la gauche semble intouchable dans plusieurs départements, comme l’Ariège du président du Sénat Jean-Pierre Bel (PS), même s’il a annoncé qu’il ne se représente pas, dans d’autres départements de nombreux sièges peuvent passer à droite.

Ainsi, en Haute-Garonne, où le PS a perdu Toulouse, 4e ville de France, mais aussi de nombreuses localités, la gauche risque de perdre plusieurs des quatre sièges de sénateurs, sur sept, qu’elle détient. Les deux sièges PS de Haute-Vienne semblent menacés après la perte de Limoges. Les Bouches-du-Rhône où la droite non seulement garde Marseille et Aix-en-Provence, mais gagne Salon et Aubagne, devraient pour leur part en mesure d’envoyer plus de sénateurs de droite au Palais du Luxembourg.

 

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