« La façon dont vous serez aujourd’hui, c’est aussi comme ça que vous serez demain à votre poste de travail », annonce Édouard Lerouge, adjoint à la direction des ressources humaines du groupe informatique JVS.
Spécialisé dans l’édition de logiciels de gestion pour les collectivités locales, l’entreprise basée à Saint-Martin-sur-le-Pré, à côté de Châlons-en-Champagne (Marne), compte environ 330 salariés à travers la France.
Elle a choisi de recruter ses six prochains collaborateurs en CDI – des techniciens informatiques, des développeurs et un formateur – par l’intermédiaire de jeux de cohésion développés par la start-up nantaise Dyna’meet, qui reprennent le concept de « l’escape game ».
« Nous travaillons beaucoup en équipe, d’où le recours à l’escape game » pour savoir si le candidat sait « interagir avec ses collègues », « bien communiquer », « est plutôt introverti ou extraverti », explique M. Lerouge, grille d’observation à la main pour annoter les différents profils.
« La tour dorée en B6, son dernier fou en B8, le roi en D6… », distribue Aminda Antures à deux de ses coéquipiers, devant un jeu d’échecs dont certaines pièces ont disparu.
Pendant près de 45 minutes, les candidats répartis par équipe de quatre cherchent à savoir « qui a tué Ernest ». Chaque équipe dispose d’une grande boîte thématique avec trappes, tiroirs et messages codés, ou de sacs multipoches verrouillés.
« Les garçons, on a quelque chose qui bouge là ou pas ? », lance Déborah Bagun à deux coéquipiers qu’elle ne connaissait pas avant le début de la partie.
Vouvoiement aux oubliettes, sourires et concentration sur les visages, ambiance détendue : « Ils ont oublié qu’ils étaient en entretien », glisse Édouard Lerouge, qui en profite pour remarquer « qui est leader ou qui est accompagnant » dans chaque équipe.
Casser « les barrières »
Certains sont organisés, trient les cartes de jeu et prennent des notes, d’autres foncent tête baissée, au risque de passer à côté d’un indice.
« D’entrée de jeu, ça casse les barrières, ça vous met dans le bain si demain on est amené à travailler ensemble », apprécie Nicolas Zaluski, membre de la première équipe à avoir trouvé l’identité du meurtrier fictif.
« J’aime bien l’esprit ludique, on a beaucoup échangé. Mais on n’a pas le choix, on est tous les quatre et il faut qu’on s’en sorte », sourit Déborah Bagun.
Aux yeux de M. Lerouge, l’expérience est « positive » car « elle permet de mieux qualifier les aspects humains derrière chaque candidature ».
« Nous voulons aller au-delà du CV, essentiellement basé sur le savoir-faire. Si le candidat ne partage pas les valeurs du groupe ça ne marchera pas », explique-t-il, soulignant l’importance d’identifier le « savoir-être » en plus des compétences.
Le recours à ce type de jeux « est entré dans la mentalité des entreprises pour renforcer les liens ou créer des souvenirs communs », estime Julie Ledru, cofondatrice de Dyna’meet. La start-up réalise 20 % de son activité grâce à ces recrutements ludiques.
Toutefois résoudre l’énigme ne signifie pas avoir l’assurance de décrocher un emploi, pour lequel les candidats n’échapperont pas au traditionnel entretien d’embauche.
Mais « il n’y aura plus le même rapport avec l’employeur, plus d’effet surprise ou de frein. On va pouvoir se recentrer sur l’essentiel », assure Nicolas Kozlowski, un autre participant, qui attend d’être à nouveau contacté par JVS d’ici deux semaines.
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