Syndicat départemental d’énergies de l’Indre : maintenir les 230 volts à la prise

Publié le 4 octobre 2009 à 0h00, mis à jour le 4 octobre 2009 à 0h00 - par

Le Syndicat départemental d’énergies de l’Indre (SDEI 36) doit renforcer le réseau électrique de la région de Buzançais. Au programme : normes, propreté et sécurité.

Syndicat départemental d’énergies de l’Indre : maintenir les 230 volts à la prise

« Dans les communes de plus de 2 000 habitants, c’est le concessionnaire qui investit dans la construction des réseaux électriques. En zone rurale, les communes, au travers de groupements, sont restées maîtres d’ouvrage », raconte Jean-Michel Blancheton, directeur du Syndicat départemental d’énergies de l’Indre (SDEI36). C’est pourquoi le SDEI lance, le 5 janvier 2009, un marché négocié après un appel d’offres infructueux, pour le territoire du Syndicat intercommunal d’électrification rurale (SIER) de Buzançais.

Son objet : la réalisation des travaux de renforcement, d’extension et de dissimulation des réseaux électriques en agglomérations et en dehors de celles-ci, de 2009 à 2012 sur les 24 communes du territoire. Ces travaux sont à réaliser sur les lignes électriques aériennes ou souterraines BTA (le réseau qui arrive à notre domicile, ndlr) et HTA (les câbles de 20 000 volts, ndlr). Plus simplement, cela consiste à planter de nouveaux supports, installer de nouveaux câbles basse-tension avec des sections plus importantes, puis créer des branchements pour faire parvenir l’électricité jusqu’au consommateur. « Dans les années 1930, les contrats portaient sur une prise et une ampoule. Un raccordement au réseau à plus de 600 mètres d’un poste de transformation suffisait. Aujourd’hui, un usager ne doit pas se trouver à plus de 300 mètres d’un poste HTA/BTA. Sur du 230 volts, la tolérance maximum de chute de tension est -10 %. Autrement, on doit reconstruire le réseau, souvent par une antenne HTA de 20 000 volts, le rapprochement d’un poste HTA/BTA ou la mise en place d’un nouveau, plus près des usagers, puis nous renforçons le réseau basse-tension afin de supprimer les chutes de tension », poursuit le directeur. Un marché à bons de commande reconductible trois fois est passé pour une période ferme d’un an. Montant annuel estimé : 1 200 000 euros TTC.

L’offre des candidats doit comprendre, en plus du mémoire technique utilisé pour apprécier les moyens humains et matériels mis à la disposition des travaux, un document nommé « Propreté, sécurité du chantier et réduction des nuisances » afin de juger du savoir-faire de l’entreprise. « On leur demande de décrire les mesures prises : « barrièrage » des tranchées creusées, sécurité des riverains, etc. Ce qui garantit la façon dont cela se traduira sur le terrain », commente Thierry Barry, rédacteur marchés publics au SDEI.

Des travaux onéreux

Ce document, comme le mémoire technique, compte pour 20 % de la note finale. Le prix, lui, compte pour 60 % de la note globale. Ces travaux sont très coûteux : le bordereau des prix à lui seul référence près de 600 produits ! Un prix qui doit tenir compte, notamment : des dépenses liées au tri, à l’évacuation et à l’élimination des déchets ; des travaux sous circulation et simultanés et enfin de la réception, de la vérification et de l’acceptation des plans d’exécution, des intempéries, etc. « On passe beaucoup de temps à vérifier la totalité des prix des bordereaux », précise Thierry Barry.

Lignes aériennes et souterraines, travaux sous-tensions, postes de transformation HTA/BTA, câbles, déchets de chantier : le CCTP détaille avec précision les travaux à réaliser et leurs conditions, ainsi que le matériel utilisé. Les candidats doivent fournir, pour leur personnel habilité à confectionner des boîtes de jonctions et de dérivation, le nombre de boîtes réalisées sur deux ans. La demande d’autorisation de travaux leur incombe comme la traçabilité de la confection des accessoires de jonctions et de dérivations. Pour les travaux souterrains, les obligations de l’entrepreneur comprennent notamment : la signalisation nécessaire à la sécurité des usagers, le fonctionnement et l’enlèvement des balisages provisoires. Par ailleurs, le CCTP stipule que « les trottoirs devront toujours être maintenus en parfait état de propreté ». Le marché a été notifié fin avril 2009.

Entretien avec Jean-Michel Blancheton, directeur du SDEI36 et Thierry Barry, rédacteur marchés publics

« Il n’existe qu’une manière de planter des poteaux ERDF »

HA : Comment monte-t-on ce type de marché ?

J-M. Blancheton et T. Barry : À partir des réclamations des usagers sur les chutes de tension, le SDEI établit un programme annuel d’opérations de renforcement et de dissimulation du réseau. On regroupe l’ensemble des demandes afin d’obtenir un programme annuel de travaux. Cela permet entre autres de faire des économies d’échelle. Puis on lance le marché à bons de commande.

HA : Quelles en sont les particularités ?

J-M. B. et T.B. : Il y a énormément de normes à respecter. Le métier de l’électricité de réseau public de distribution est singulier. Les entreprises candidates doivent obligatoirement répondre aux exigences de la construction d’ouvrages d’Électricité réseau distribution France (ERDF), concessionnaire du service public.

HA : Pourquoi un marché à bons de commande ?

J-M. B. et T.B. : Les autorisations de passage chez les riverains ne sont pas faciles à obtenir. Nous sommes également dépendants des collectivités pour les dissimulations du réseau liées à l’aménagement des centres bourgs. Le marché annuel à bons de commande est parfaitement adapté à ce type de cas où il faut s’organiser au fur et à mesure pour réaliser les opérations.

HA : Pourquoi aucune variante n’est-elle proposée ?

J-M. B. et T.B. : Il n’existe qu’une manière de planter des poteaux ERDF.

HA : Comment calculez-vous la limite annuelle ?

J-M. B. et T.B. : En France, les zones urbaines rentables financent les zones rurales souvent non rentables via le Fonds d’amortissement des charges électriques (FACE). Il attribue annuellement aux départements des dotations qui permettent aux collectivités maîtres d’ouvrage de réaliser les opérations de renforcement. Notre budget d’investissement est d’environ 7 millions d’euros. Cette somme nous permet d’estimer les montants maximaux pour nos différents marchés.

HA : Pourquoi le prix est-il un critère prépondérant ?

J-M. B. et T.B. : Si le prix compte pour 60 % de la note globale, c’est parce qu’il n’y a pas de place à l’improvisation dans ce domaine. Les entreprises travaillent toutes de la même façon dans ce secteur très encadré. Si les moyens techniques et les mesures environnementales comptent, bien sûr, les prix de la prestation et des matériaux sont importants : il y a environ 600 prix au bordereau de prix.

HA : Pourquoi mentionner dans le cahier des charges le nombre de boîtes de jonction que le personnel de l’entreprise doit pouvoir confectionner en deux ans ?

J-M. B. et T.B. : Afin de s’assurer que la personne concernée est toujours habilitée à réaliser cette tâche.

HA : Pour quelle raison demandez-vous la provenance de tous les matériaux utilisés ?

J-M. B. et T.B. : Les boîtes de jonction et dérivation sont des matériels sensibles. En cas de problème, le concessionnaire doit intervenir au plus vite pour les réparer car cela peut provoquer une interruption d’alimentation électrique voire un court-circuit. Afin de ne pas pénaliser l’usager, cette prestation doit être effectuée de façon exemplaire.

HA : Pourquoi l’entreprise gère-t-elle la récupération du cuivre ?

J-M. B. et T.B. : Nous pourrions décider de le récupérer nous-mêmes mais l’opération est compliquée à réaliser. Ce métal est très convoité. Aussi est-ce plus simple que l’entreprise revende le cuivre à 40 % du cours en vigueur puis nous reverse l’argent. Ce dernier sera réutilisé pour la construction du réseau.

HA : Pour quelle raison le remblai des tranchées pourra-t-il s’effectuer en plusieurs fois ?

J-M. B. et T.B. : C’est important de le stipuler car on essaie désormais de placer des réseaux différents dans la même tranchée. Il faut que les missions s’imbriquent, si besoin.

HA : 13 candidats ont envoyé une offre. Étaient-elles plus raisonnables en termes de prix ?

J-M. B. et T.B. : Oui. Elles reflétaient, cette fois-ci, des prix de marché pratiqués à ce jour.

CONTACTS
Jean-Michel Blancheton
Directeur du SDEI de l’Indre
Tél. : 02 54 61 59 59
Mail : [email protected]

Thierry Barry
Technicien réseau et rédacteur marchés publics
Mail : [email protected]


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