Le gouvernement a annoncé le mois dernier une réduction de 1,5 milliard d’euros des dotations aux collectivités locales en 2014, et autant en 2015, soit une perte de 4,5 milliards d’euros sur 2013-2015, provoquant un vif mécontentement des dirigeants des associations d’élus, d’autant que ceux-ci chiffrent à 2 milliards cette année le montant des charges nouvelles (application de la réforme des rythmes scolaires, entre autres).
Ce sujet était au menu d’un dîner qui a réuni jeudi soir, autour de M. Ayrault, de grands élus socialistes : Michel Destot (président de l’Association des maires de grandes villes), Christian Pierret (villes moyennes), Martin Malvy (petites villes), Claudy Lebreton pour les départements, Alain Rousset pour les régions ainsi que le président du Comité des finances locales André Laignel. Étaient aussi présents la ministre de la Décentralisation Marylise Lebranchu et sa ministre déléguée Anne-Marie Escoffier, ainsi que le ministre délégué au Budget Jérôme Cahuzac. Selon un participant, les élus ont « été mis devant le fait accompli » sur les baisses de dotations, ce qui « a mis tout le monde en rogne ».
La conférence du 12 mars permettra « un dialogue sur la manière dont les réductions de dotations annoncées vont se dérouler », selon une source gouvernementale. Ce sera « une vraie réunion de travail », a déclaré M. Rousset.
L’exécutif veut éviter que les coupes dans les dotations affectent l’investissement des collectivités territoriales, qui assurent plus de 70 % de l’investissement public, et souhaite que les collectivités concentrent l’effort sur « des économies de fonctionnement », selon la source gouvernementale.
Le 12 mars, « on va tout regarder, et on va remettre à plat la péréquation » entre collectivités, de façon à ce que l’effort des communes soit beaucoup plus proportionné à leurs moyens, a affirmé M. Destot, député-maire de Grenoble.
Selon M. Pierret, la conférence du 12 mars « servira à confirmer que les collectivités locales vont se débrouiller toutes seules pour assumer les charges multiples qui leur sont imposées ».
Pour M. Laignel, par ailleurs numéro deux de l’Association des Maires de France, la question est de savoir si les collectivités obtiendront « des contreparties ». « Pour l’instant, il n’y en a pas et cela n’a pas vraiment été évoqué » par M. Ayrault jeudi soir, a-t-il dit.
« On ne comprend pas bien la stratégie du gouvernement, qui parle à la fois de rigueur et de relance mais n’appuie que sur le volet rigueur », a estimé M. Laignel. Selon lui, « on ne peut pas demander aux collectivités d’être parties prenantes du redressement tout en ne leur donnant pas les moyens de s’y associer ».
Concrètement, « prendre beaucoup d’emplois d’avenir (comme l’a demandé le gouvernement), ça devient impossible », a expliqué M. Pierret. Le maire de Saint-Dié a affirmé que, vu la situation financière des collectivités, « les services publics qu’elles prodiguent vont devoir être réduits dans leur format ». Selon M. Pierret, « la gestion des collectivités locales n’est pas dispendieuse, elle est plutôt sérieuse et on n’a pas de marge de manœuvre, donc on va être obligé de tailler dans la chair ». « Ça va faire mal », a-t-il dit, minimisant les économies à attendre d’une mutualisation des services entre collectivités: « La mutualisation, on l’a déjà décidée depuis longtemps ».
Commentant le dîner de Matignon, M. Rousset a estimé, lui, qu' »il y a de la part de tous un souci de la responsabilité et l’idée d’un effort commun à partager ».
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