Un an de Macron : un conflit permanent avec les collectivités locales

Publié le 16 avril 2018 à 16h50 - par

Baisse de crédits et réduction des emplois aidés, suppression de la taxe d’habitation… : les relations entre Emmanuel Macron et les élus locaux ont été conflictuelles sur la plupart des sujets dès le début du quinquennat.

Un an de Macron : un conflit permanent avec les collectivités locales

« Le bataillon des élus locaux est aujourd’hui extrêmement fâché », lance le président de Régions de France, Hervé Morin. Mais derrière l’unité affichée des collectivités, les régions, les départements et les communes avancent parfois en ordre dispersé.

Dès juillet 2017, la décision d’Emmanuel Macron de porter à 13 milliards d’euros – au lieu de 10 comme annoncé durant la campagne -, le montant des économies imposées aux collectivités a brisé la confiance entre les élus et le chef de l’État.

Les motifs de friction se sont ensuite succédé. En août, l’annonce sans concertation de la réduction des emplois aidés a provoqué la colère des maires. Un mois plus tard, les régions suspendaient tout dialogue avec l’exécutif pour dénoncer l’amputation de leurs crédits.

« Les élus locaux ont eu le sentiment que c’était Paris, et plus précisément la Haute administration, qui impulsait un certain nombre de réformes de manière autoritaire », analyse Chloé Morin, de la Fondation Jean-Jaurès. Colère encore des maires après la décision de l’exécutif de supprimer la taxe d’habitation, l’une des principales recettes fiscales des communes.

Conflits à répétition

Face à la grogne des territoires, Emmanuel Macron a tenté de renouer le dialogue. En intervenant jeudi 12 avril dans le 13h00 de TF1, le chef de l’État s’est encore adressé à cette France rurale qui s’estime délaissée.

Ancien maire du Havre, Édouard Philippe a été pour sa part en première ligne, notamment lors de la nouvelle Conférence nationale des territoires, pour porter la parole du gouvernement.

Mais l’absence d’ancrage territorial de La République en marche a fait des grandes associations d’élus – Association des Maires de France (AMF), Assemblée des départements (ADF) et Régions de France – une force d’opposition à l’exécutif, toutes tendances politiques confondues. « Les élus locaux n’avaient pas de raison de se comporter de gauche ou de droite face à un pouvoir qui niait cette différence-là. Ça a mis les gens plus à l’aise pour travailler ensemble », souligne Jérôme Sainte-Marie de l’institut PollingVox.

Les associations font aujourd’hui front commun pour dénoncer une « recentralisation massive » et la volonté de l’État de mettre les collectivités « sous tutelle ».

Pour Jérôme Sainte-Marie, Emmanuel Macron n’a fait qu’accentuer une tendance pré-existante dans les rapports État/collectivités : « La tendance lourde, c’est de distendre le lien entre le vote des Français et leur représentation politique. Avec la suppression de la taxe d’habitation, on réduit fortement les ressources des communes et donc le pouvoir de cette instance profondément républicaine. Ça existait déjà avec François Hollande, simplement on a accéléré les choses ».

Bras-de-fer

Souvent en pointe pour critiquer la politique du gouvernement, compte tenu de l’effacement des partis au lendemain de la présidentielle, les grandes associations d’élus se veulent pourtant « très coopératives » et dénoncent surtout la méthode de l’exécutif et l’absence d’un véritable dialogue.

Les tensions se cristallisent aujourd’hui autour des accords que l’État entend passer avec les 322 collectivités les plus importantes – régions, départements, grandes villes… – pour les inciter à réaliser 13 milliards d’euros d’économie sur leurs dépenses de fonctionnement durant le quinquennat. Un enjeu majeur pour l’exécutif. Des discussions en cours avec les préfets doivent aboutir avant la fin juin.

Pas question de signer en l’état pour les régions qui demandent au gouvernement de revoir son dispositif. Les départements refusent également de signer sans avancées réelles sur le financement de l’accueil des mineurs étrangers isolés (MNA) et des allocations sociales de solidarité, en particulier du RSA.

La puissante AMF dénonce également le dispositif gouvernemental. Mais les maires des grandes villes réunis dans France Urbaine comme les élus de l’Assemblée des communautés de France (intercos, agglomérations…), les plus concernés, soutiennent son principe et le Premier ministre signera les premiers contrats dans les prochains jours.

Dominique Chabrol

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