Sauvadet, Hollande, Le Pen et les fonctionnaires

Publié le 26 janvier 2012 à 0h00 - par

Selon le Cevipof, le candidat du PS serait le plus populaire chez les électeurs fonctionnaires, devant Marine Le Pen. Et ce alors que le ministre de la Fonction Publique critique un programme « intenable » de François Hollande concernant la fonction publique.

Le ministre de la Fonction publique François Sauvadet a estimé jeudi que le programme du candidat socialiste François Hollande pour la Fonction publique n’était « pas tenable », affirmant qu’il conduirait à ne pas remplacer « 70% » des départs dans certains ministères.

Dans ses « 60 engagements pour la France », présentés jeudi, M. Hollande confirme son intention de créer en cinq ans « 60 000 postes supplémentaires dans l’Éducation » et de créer 1 000 emplois au sein de l’ensemble justice, police, gendarmerie chaque année pendant la même période.

Lors de son discours au Bourget dimanche, il avait confirmé que malgré ces créations de postes, « le nombre total de fonctionnaires ne changerait pas », tout en indiquant qu’il serait mis fin à la « règle aveugle » du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant en retraite.

Pour M. Sauvadet, interrogé sur LCI, un tel programme « n’est pas tenable » et est « irréaliste », sachant que François Hollande entend « garder le même nombre de fonctionnaires en France ».

« S’il devait être appliqué avec le même périmètre de Fonction publique que nous avons aujourd’hui, il faudrait supprimer, vous m’entendez bien, supprimer 70 % des postes de personnes partant à la retraite dans les ministères sociaux », a ajouté le ministre, soit « plus de deux départs sur trois ».

M. Sauvadet a assuré avoir « des chiffres » à l’appui de cette affirmation et s’est dit prêt à les transmettre au candidat socialiste.

Pour valider cette démonstration, le ministère indique qu’en 2012, 55 000 départs à la retraite sont prévus dans la Fonction publique d’État, dont environ 35 500 dans l’Éducation, à l’Intérieur et à la Justice.

Si M. Hollande entend créer des postes dans ces ministères à périmètre constant, il sera obligé de ne pas remplacer une partie des départs dans les autres ministères où 19 500 départs sont attendus, explique le ministère.

Cela se traduira par un taux de non-remplacement de deux fonctionnaires sur trois (67 %) dans ces ministères, indique-t-on de même source.

La règle dite du « un sur deux », inscrite dans le cadre de la Révision générale des politiques publiques (RGPP) lancée en 2007, a engendré plus de 150 000 suppressions de postes dans la Fonction publique d’État.

Pour autant et malgré les affirmations de François Sauvadet, les fonctionnaires-électeurs semblent plus attirés par le candidat du PS que par la majorité sortante, selon le Cevipof.

Les fonctionnaires opposeraient Hollande à Le Pen au second tour (Cevipof)

 

Les 5,3 millions de fonctionnaires, qui représentent près de 12 % de l’électorat, opposeraient le candidat PS François Hollande à la candidate FN Marine Le Pen au second tour s’ils étaient seuls à voter, indique une note du Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences-Po).

« Si l’élection ne voyait voter que les seuls agents du secteur public, François Hollande affronterait Marine Le Pen au second tour », écrit l’auteur de cette note, datée lundi et révélée initialement par Acteurs publics.

Luc Rouban, directeur de recherche CNRS et spécialiste de la fonction publique, relève dans ce document, fondé sur une enquête de décembre 2011, que la fonction publique « constitue en 2012 le point nodal de l’antisarkozysme ».

Il explique que « l’attrait de la droite modérée s’est affaissé dans toutes les catégories de fonctionnaires au profit de la gauche pour les plus diplômés et du Front national pour les moins diplômés ».

Il note également que la forte proportion d’agents « de rang modeste », attirés par le « ni-ni » (qui se traduit par l’abstention ou un vote d’extrême droite), « laisse penser que la proportion de votes pour l’extrême droite sera importante ».

L’auteur rappelle toutefois que les agents de la fonction publique ne constituent pas un corps homogène au niveau électoral.

Il relève que les intentions de vote en faveur de Mme Le Pen « sont très marquées dans la fonction publique hospitalière comme dans les entreprises publiques », ajoutant que dans la fonction publique d’État, Nicolas Sarkozy et la candidate frontiste « font jeu égal » et que « partout, François Hollande arrive largement en tête », avec plus de 30 % des intentions de vote au premier tour.

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Photo : Manuel, Marie-Lan Nguyen, MEDEF (wikimedia)