À Paris, presque un sans-abri sur deux est à la rue depuis plus d’un an

Publié le 24 octobre 2018 à 4h49 - par

Après avoir recensé 3 000 personnes à la rue, Paris découvre le visage de ses sans-abri : des hommes surtout, et un nombre croissant de femmes, dont près de la moitié vivent depuis plus d’un an dans la rue, selon le rapport d’une association.

À Paris, presque un sans-abri sur deux est à la rue depuis plus d'un an

L’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) a publié lundi 22 octobre son analyse des données recueillies en février lors de la « Nuit de la solidarité ». Ce recensement inédit, effectué par des bénévoles, avait permis de dénombrer 3 035 sans-abri dans les rues de Paris, tandis que 18 150 personnes étaient accueillies dans des hébergements d’urgence.

Près de la moitié (46 %) des SDF interrogés sont à la rue depuis plus d’un an, et 20 % d’entre eux le sont depuis plus de cinq ans, relève le rapport. Ces sans-abri sont très majoritairement des hommes (88 %).

Si les femmes sont minoritaires, l’Apur remarque « une féminisation de la population à la rue » : en 2012, date de la dernière enquête de l’Insee sur les SDF, les femmes représentaient seulement 2 % des sans-abri de l’agglomération parisienne.

Le nombre de femmes recensées en février est d’ailleurs « certainement un nombre a minima de la réalité », selon l’association. Car les femmes à la rue adoptent des « stratégies d’invisibilité » : elles essaient plus que les hommes de se cacher pendant leur sommeil, en dormant à l’hôpital ou dans une voiture.

Les femmes sans-abri apparaissent aussi plus vulnérables : seules 12 % d’entre elles sont suivies par un travailleur social, contre 28 % pour les hommes. Elles sont aussi moins nombreuses à avoir une couverture maladie (21 % contre 33 % des hommes).

Vingt-trois familles, avec 35 enfants, ont également été recensées.

Hommes ou femmes, les sans-abri ont peu recours aux dispositifs d’urgence : 45 % déclarent n’avoir jamais dormi dans un centre d’hébergement et 65 % n’ont même jamais appelé le Samu social, au 115. Ils sont 19 % à ne pas connaître ce numéro. Ceux qui en sont informés expliquent leur découragement par plusieurs raisons : le 115 est souvent difficile à joindre, leur a déjà répondu qu’il n’y a pas de place, ou ils évoquent des problèmes d’insécurité ou des vols dans les centres d’hébergement d’urgence.

Le rapport détaille également les ressources des sans-abri. Environ un tiers mendie pour vivre et la même proportion perçoit des allocations ou des minima sociaux (respectivement 36 % et 34 %), 22 % font des « petits boulots », 8 % bénéficient de l’aide de proches ou amis. Ils sont également 3 % à toucher une pension de retraite et 5 % à percevoir un salaire grâce à un travail déclaré.

Enfin, 16 % des sans-abri parisiens ont moins de 25 ans. Pour ces jeunes, la précarité est souvent récente : 56 % d’entre eux sont à la rue depuis moins de trois mois.

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