Exclusion : la Fnars dénonce la « saturation extrême » du dispositif d’hébergement

Publié le 9 janvier 2015 à 0h00 - par

En un an, le nombre de personnes à la rue sans solution d’hébergement a doublé, selon le baromètre du 115 de la Fnars.

Exclusion : la Fnars dénonce la « saturation extrême » du dispositif d'hébergement

La Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars) déplore « la dégradation des réponses aux demandes d’hébergement et d’accompagnement des personnes sans abri en ce début d’hiver ». Au mois de novembre 2014, sur les 17 200 personnes ayant sollicité le 115 pour un hébergement sur les 37 départements étudiés par la Fnars, dans le cadre de son baromètre du 115, 9 000 n’ont ainsi obtenu aucune prise en charge. Ils n’étaient que 4 300 dans cette situation en novembre 2013, sur les mêmes territoires. Cela représente « un doublement en un an du nombre de personnes ayant appelé le 115 sans obtenir de solution », rapporte la Fédération. Sur Paris, la tendance est identique, avec 54 % de demandes qui n’ont pas donné lieu à un hébergement et une progression de 43 % en un an des demandes non pourvues, selon les derniers chiffres du baromètre du 115.

Alors que l’État a l’obligation de mettre en œuvre le droit à l’hébergement, rappelle la Fédération, 52 % des personnes ayant sollicité le 115 en novembre n’ont donc jamais été hébergées. « L’absence de réponse frappe principalement les familles, public majoritaire qui représente 46 % des personnes ayant appelé ce numéro d’urgence », précise la Fnars.

Si la pression sur le 115 reste quantitativement très élevée, le nombre d’appelants reste stable sur un an, selon le baromètre du 115. « C’est donc la réponse des pouvoirs publics aux demandes d’hébergement qui s’est fortement dégradée », insiste la Fnars. À savoir :

– Les orientations vers des places d’hébergement hivernales se révèlent deux fois moins nombreuses cet hiver que l’hiver dernier ! Cela signifie que « l’État tarde à ouvrir des places en attendant une baisse des températures, s’insurge la Fédération. La gestion « au thermomètre » de la grande exclusion est donc toujours en œuvre, malgré l’engagement gouvernemental – depuis 2012 – d’y mettre fin ».

– Les trois quarts (75 %) des appelants sont déjà connus du 115. « Les personnes passent de la rue à l’hébergement précaire, tournent d’une structure à l’autre, sont remises à la rue à la fin de l’hiver, sans jamais bénéficier d’un accompagnement social stable et d’une solution d’habitat pérenne », traduit la Fnars.

– L’utilisation massive de l’hôtel, sur les territoires tendus et peu tendus, (+ 72 % des orientations sur un an) est toujours de mise, malgré les engagements de l’État de rechercher des alternatives sur les territoires. « Le dispositif d’hébergement n’est toujours pas adapté à l’évolution du nombre de familles à la rue », commente donc la Fédération.

« Ces chiffres confirment la situation de crise des 115 et de saturation extrême des capacités d’hébergement à l’approche des grands froids », dénonce la Fnars. Elle renouvelle donc son appel à une ouverture immédiate de toutes les capacités d’accueil existantes, sans attendre la baisse des températures, et demande au gouvernement « d’engager immédiatement un plan d’action mobilisant des logements disponibles du parc social et du parc privé pour trouver des solutions pérennes aux personnes ».
Source : Baromètre 115, Fnars, novembre 2014