Sans domicile fixe : plus de 2 000 morts par an, selon une nouvelle étude

Publié le 17 novembre 2015 à 15h47 - par

Plus de 6 000 sans domicile fixe sont morts en France entre janvier 2008 et décembre 2010, soit plus de 2 000 par an, selon une nouvelle estimation publiée mardi dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l’Institut de veille sanitaire (InVS).

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Cette nouvelle étude, qui aboutit à estimer ces décès à 6 730 au cours de cette période 2008-2010, est basée sur des recoupements entre les données du Collectif les morts de la rue et celles de la base nationale des causes médicales de décès du Cépi-DC Inserm. Les auteurs de l’étude notent qu’en dépit de l’augmentation de 50 % du nombre de personnes sans domicile entre 2001 et 2012, il existe peu d’études décrivant la mortalité au sein de cette population à risque de décès prématurés. Cette estimation tient compte du fait qu’aucune des deux bases données n’est exhaustive.

Selon le rapport du Collectif les morts de la rue, rendu public le 12 novembre, les personnes décédées (498 en 2014) qu’il avait pu répertorier, étaient majoritairement des hommes (88 %), morts en moyenne à 49 ans, alors que l’âge moyen de décès des hommes dans la population générale s’établit à 79 ans. Le collectif a estimé à cette occasion n’avoir recensé qu’entre 1/5e et 1/6e des disparitions de SDF.

Le BEH consacré à ces populations relève notamment « un accroissement des familles ayant des enfants » au cours de la dernière décennie. Parmi ces sans domicile, près d’un tiers sont des enfants, un quart des adultes travaillent, mais ont des emplois le plus souvent précaires, peu qualifiés et mal rémunérés, rappelle le bulletin.

Le nombre de familles sans logement est estimé à 10 280 en Ile-de-France, selon les premiers résultats de l’enquête EnFams 2013, consacrée exclusivement à ces familles, également publiée dans le BEH. Près de la moitié des familles étaient monoparentale, 22 % ayant au moins 3 enfants, selon l’enquête. La majorité souffrait de malnutrition, avec une forte fréquence d' »insécurité alimentaire », d’anémie (50 % des mères et 38 % des enfants), de surpoids (38 % des mères et 22 % des enfants) et d’obésité (32 % des mères et 4 % des enfants). Les parents étaient majoritairement nés à l’étranger (94 %) et résidaient en France depuis 5 ans en moyenne. De plus, 30 % des mères souffraient de dépression et 20 % d’état de stress post-traumatique.

Toujours selon cette enquête, 20 % des enfants présentaient des troubles de santé mentale et la majorité (80 %) avaient un retard du développement.

Pour en savoir plus : État de santé et conditions de vie des populations sans domicile, Bulletin épidémiologique hebdomadaire, Institut de veille sanitaire, n° 36-37, 17 nov. 2015

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