Quelles sont vos fonctions actuelles et les grandes étapes de votre parcours professionnel ?
Xavier Bastard : Je suis à la tête du CIG de la petite couronne depuis 2021, après un long parcours dans la fonction publique territoriale commencé il y a près de 30 ans, en 1996, à la sortie de mon service national. Entré comme agent d’entretien d’installations sportives dans une grande commune de la petite couronne, Boulogne-Billancourt, j’ai passé et réussi successivement les concours et examens professionnels : adjoint, rédacteur, attaché, attaché principal, administrateur. Si j’ai consacré l’essentiel de mon parcours au secteur des RH, j’ai aussi exercé dans des directions opérationnelles notamment dans le domaine de prévention et de la sécurité, de l’hygiène et des transports.
Après la réussite de l’examen d’administrateur en 2014, j’ai exercé des fonctions de DRH pendant plus de 2 ans à la Ville de Clichy-la-Garenne puis intégré le CIG en tant que Secrétaire général puis DGA ressources et supports.
Si vous deviez décrire votre métier actuel en 3 mots, quels seraient-ils ?
Xavier Bastard : Garant : des valeurs, de la déontologie, de la neutralité et de la continuité du service public territorial.
Médiateur : rôle d’équilibre entre les attentes des collectivités, les besoins des agents et les contraintes institutionnelles.
Éclaireur : anticiper les évolutions, ouvrir des voies nouvelles pour la FPT de demain.
Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?
Xavier Bastard : Sens politique et institutionnel : comprendre les équilibres territoriaux et savoir positionner le CIG dans un écosystème complexe.
Écoute active : chaque collectivité, chaque agent a une histoire, un besoin, une attente spécifique.
Lucidité : voir les réalités du terrain sans se voiler la face, pour agir ave justesse.
Courage managérial : savoir décider, trancher, affronter les difficultés sans détour.
Patience stratégique : conduire le changement dans la durée, avec constance et discernement.
Esprit de synthèse : relier les enjeux politiques, techniques et humains pour donner du sens à l’action.
Optimisme pragmatique : garder la foi dans la capacité du service public à se réinventer, même dans l’adversité.
Qu’est-ce qui vous fait lever chaque matin ?
Xavier Bastard : C’est la conviction que le service public territorial reste un formidable levier de cohésion sociale et de transformation positive des territoires. Savoir que, par le travail des équipes du CIG, nous contribuons à améliorer la qualité de vie au travail de milliers d’agents et à soutenir les collectivités dans leurs missions essentielles, me donne chaque jour l’énergie d’agir.
Je me lève avec la certitude que chaque action juste, chaque accompagnement réussi, chaque agent soutenu participe à renforcer le lien entre les citoyens et leurs services publics.
Quel est le projet qui vous a le plus marqué ou dont vous parleriez avec fierté ?
Xavier Bastard : Je suis particulièrement fier d’avoir atteint et maintenu l’objectif inédit de 100 % de collectivités affiliées au CIG, grâce au projet d’établissement Proximité II, dans un contexte incertain et un environnement très complexe. Ce succès repose sur une mobilisation collective des équipes, une vision partagée et une stratégie claire. Il incarne notre capacité à fédérer autour d’une ambition commune et à défendre un modèle mutualisé fort.
Il a fallu à la fois convaincre par la raison, en montrant l’intérêt stratégique de cet objectif, et mobiliser par l’engagement, en impliquant chacun dans une vision collective. Les agents du CIG sont les premiers ambassadeurs de notre action. Leur expertise, leur sens du service public et leur implication ont été déterminants.
Avez-vous un rêve que vous souhaiteriez concrétiser ?
Xavier Bastard : Mon rêve serait de vivre dans un monde plus apaisé, où les discours sur la fonction publique et le service public cesseraient d’être parfois violents et fondés sur une méconnaissance profonde de leur réalité. Le service public est un pilier de la cohésion nationale, un vecteur de solidarité et de justice sociale. Il mérite d’être reconnu à sa juste valeur, avec respect et considération. En tant que dirigeant dans la fonction publique territoriale, je rêve que notre engagement quotidien soit mieux compris, mieux soutenu, et surtout mieux valorisé.
Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marqué dans votre carrière ?
Xavier Bastard : Difficile à lister, il y en a tellement, de mes premiers collègues et responsables à celles et ceux qui m’ont inspiré et qui m’ont fait confiance pour me donner ma chance.
Mais la personne qui a le plus marqué mon parcours c’est mon grand-père maternel. Son histoire, sa personnalité, sa rigueur et sa sagesse ont profondément influencé mon cheminement. Il a été une source d’inspiration constante, et c’est en grande partie grâce à lui que j’ai trouvé la force et la motivation de progresser, étape après étape, dans la fonction publique territoriale. D’une manière plus générale, j’ai toujours eu quelque chose à prouver à mes proches. Ce besoin de reconnaissance, de dépassement de soi, m’a porté tout au long de mon parcours, depuis mes débuts jusqu’à mes fonctions actuelles.
Quelle est votre citation préférée et pourquoi ?
Xavier Bastard : « On ne subit pas l’avenir, on le fait. » (Georges Bernanos) parce qu’un directeur général doit être un bâtisseur d’avenir pour la FPT, pas uniquement un gestionnaire du présent. Cette citation a le mérite de rappeler que l’avenir ne se prévoit pas passivement, mais qu’il se construit activement par des choix stratégiques, des innovations et des engagements forts. Dans un monde incertain, cette citation est un appel à l’audace : oser des solutions nouvelles, expérimenter, sortir des sentiers battus.
Quelle est votre routine quotidienne pour prendre soin de vous ?
Xavier Bastard : Le quotidien est dense, exigeant, et laisse peu de place à une véritable routine de bien-être. Mais chaque week-end, je m’accorde un moment pour courir, une activité essentielle pour me ressourcer. Et dès que je le peux, je vais au musée — à Paris, en province ou à l’étranger. Cet été, j’ai eu la chance de visiter les musées Ingres Bourdelle à Montauban, Soulages à Rodez, Toulouse-Lautrec à Albi, Matisse, Dufy et Chagall à Nice, et Léger à Biot. Je me rends aussi régulièrement à Londres ou aux Pays-Bas, où les collections sont exceptionnelles. Mon rêve serait de visiter le musée Pouchkine à Moscou et l’Ermitage à Saint-Pétersbourg. Enfin, je suis passionné de football et je vais voir des matchs un peu partout en Europe, chez la plupart des grands clubs. Ces échappées culturelles et sportives sont mes respirations, mes parenthèses, et elles contribuent à mon équilibre.
Quels sont les deux changements les plus importants qui ont impacté votre carrière ?
Xavier Bastard : Le plus grand changement dans ma vie professionnelle, c’est clairement mon départ de la Ville de Boulogne, où j’ai grandi. J’y ai passé 20 ans professionnellement, en gravissant les échelons grâce aux concours et examens, jusqu’à devenir administrateur territorial. Ce départ a été un vrai tournant : Boulogne, c’est une ville qui a marqué ma famille sur plusieurs générations — mes parents, mes grands-parents, même mon arrière-grand-père ont travaillé à la Ville. Partir, c’était sortir d’un cadre familier, mais ça m’a permis de grandir, de prendre du recul et d’élargir ma vision du service public.
L’autre grand changement de ma vie professionnelle a été la gestion de la crise sanitaire en tant que DGA ressources du CIG petite couronne. Cette période a révélé la capacité d’adaptation et de mobilisation exceptionnelle des services supports (RH, logistique, DSI, communication…) dans un contexte inédit et exigeant.
Nous avons dû repenser nos modes de fonctionnement en un temps record : mise en place du télétravail à grande échelle, sécurisation des outils numériques, accompagnement des gents, continuité du service public… Chaque direction a joué un rôle clé dans cette orchestration.
Ce qui m’a particulièrement marqué, c’est la solidarité entre les services, l’agilité des équipes et leur engagement sans faille. Cette crise a été un révélateur de notre capacité collective à innover, à anticiper et à agir avec responsabilité. Elle a aussi renforcé le sens du service public et la cohésion interne.
En tant que dirigeant, cette expérience m’a profondément transformé : elle m’a appris à piloter dans l’incertitude, à faire confiance, à valoriser l’intelligence collective et à renforcer les liens humains au cœur de l’action publique.
Propos recueillis par Hugues Perinel