Le gouvernement esquisse sa stratégie pour l’enfance en danger

Publié le 29 janvier 2019 à 6h11 - par

Prévention dès la grossesse, suivi psychologique des enfants placés, formation des professionnels : le gouvernement a esquissé lundi 28 janvier 2019 les grandes lignes d’un plan visant à améliorer la protection de l’enfance, des mesures qui devront être « finalisées » d’ici l’été.

Le gouvernement esquisse sa stratégie pour l'enfance en danger

Cette future stratégie, présentée lundi 28 janvier 2019 au matin devant le Conseil national de la protection de l’enfance, sera soumise à concertation, a précisé lors d’une conférence de presse la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn. La feuille de route gouvernementale, dont le coût n’a pas été évoqué, « débute par la prévention, avec l’accompagnement des parents dès la grossesse », a souligné le nouveau secrétaire d’État chargé du dossier, Adrien Taquet. « Avant de se dire il faut placer des enfants, essayons de mieux accompagner les parents », a-t-il dit. Il s’agit de créer « des parcours de périnatalité pour les parents » dès le 4mois de grossesse et de renforcer le suivi après la naissance, avec la protection maternelle et infantile.

Deuxième axe, « mobiliser contre les violences faites aux enfants » et encourager les citoyens à signaler les cas. Actuellement, « moins d’une personne sur quatre, face à une suspicion de violence, va effectivement la signaler », a-t-il déploré. Le troisième axe porte sur la prise en charge par l’aide sociale à l’enfance. Le gouvernement veut notamment mettre l’accent sur la formation des professionnels, et réfléchir aux conditions de leur recrutement. « Aujourd’hui on s’aperçoit que le minimum de formation nécessaire n’est pas forcément respecté, et que ça peut déboucher sur des situations de maltraitance », selon M. Taquet. Il s’agira aussi d’assurer une « exécution plus rapide » des mesures judiciaires de placement, a noté le secrétaire d’État, soulignant que les délais de prises en charge étaient « assez hétérogènes » sur le territoire.

Un documentaire diffusé dans « Pièces à conviction » sur France 3 le 16 janvier 2019 montrait des lacunes alarmantes du circuit de protection de l’enfance : jeunes ballotés de familles d’accueil en foyer, éducateurs sans formation, maltraitances dans les foyers… Face à la baisse du nombre de familles d’accueil, le gouvernement évoque également une « réflexion » sur la manière de rendre « plus attractif » ce mode de prise en charge, et souhaite ouvrir la question de l’adoption simple dans les familles d’accueil, une procédure aujourd’hui très complexe.

Des jeunes à la rue à 18 ans

Mme Buzyn a pour sa part confirmé deux pistes avancées en novembre dernier : la prise en charge à 100 % du parcours de soin des enfants de l’aide sociale à l’enfance, et un soutien pour que ces jeunes aux « parcours scolaires chaotiques » puissent mieux accéder aux études supérieures, via des bourses et des places dans les internats. Désormais, « un enfant pourra voir un psychologue remboursé à 100 % » et « une mission va être lancée sur les CMP, les centres médico-psychologiques (…) qui ont des délais de rendez-vous trop longs », a ajouté Mme Buzyn.

En revanche, rien de précis n’a été annoncé pour aider les jeunes qui, à 18 ans, subissent une « sortie sèche » des services de protection de l’enfance, et doivent soudainement voler de leurs propres ailes. Faute de soutien, certains se retrouvent à la rue : un SDF sur quatre est un ancien enfant placé. Les départements principaux acteurs de la protection des mineurs et l’État se renvoient souvent la balle sur le sujet. Aujourd’hui les disparités sont criantes : selon un avis récent du Conseil économique et social, les taux de prise en charge des jeunes de 18 à 21 ans varient de 9 % à 21,4 % selon les départements.

Le gouvernement veillera, a précisé à ce propos M. Buzyn, à une « égalité de traitement » des jeunes concernés, via une « contractualisation » avec les départements sur la base d’un « référentiel commun » qui doit être défini. Il ne s’agit pas pour l’État de procéder à une « centralisation » du processus, mais d’être « le garant de l’effectivité des politiques publiques », a-t-elle fait valoir. 341 000 mineurs font l’objet d’une mesure de protection de l’enfance en France (fin 2017), dont plus de la moitié sont placés en institution ou dans des familles d’accueil.

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