Exposition à l’amiante : des pompiers du Nord portent plainte contre X

Publié le 31 octobre 2018 à 9h24 - par

Des pompiers du Nord ont déposé plainte jeudi 25 octobre contre X devant le TGI de Lille pour « mise en danger d’autrui », accusant leur hiérarchie de ne pas prendre les mesures nécessaires pour les protéger des « agents cancérigènes », dont l’amiante.

Exposition à l'amiante : des pompiers du Nord portent plainte contre X

Cette plainte intervient un an et demi après la publication d’un rapport qui avait fait état d’une surmortalité par cancer chez les pompiers, en pointant le rôle des fumées toxiques auxquelles ils sont exposés lors des incendies.

« Cette plainte a été déposée par des agents CGT du service départemental d’incendie et de secours (SDIS) du Nord au nom du syndicat », majoritaire, a indiqué à l’AFP Me Hélène Aveline, confirmant une information du journal Le Monde.

« Malgré l’existence de moyens de protection qui pourraient être mis en place et qui seraient susceptibles de les protéger de manière efficace, leur hiérarchie ne met en place aucune solution concrète et durable », a-t-elle ajouté.

Me Aveline pointe une « double exposition » à l’amiante, mais aussi à d’autres agents cancérigènes : « Lors de leur intervention » pour éteindre un incendie, puis après celle-ci, car « l’exposition perdure puisqu’il n’y a pas de dispositif de décontamination ».

Ainsi, « une fois qu’ils sont sortis de l’intervention, ils rentrent dans les camions et contaminent leurs collègues, dans les casernes, ils contaminent le personnel administratif, et quand ils rentrent chez eux, ils contaminent leurs familles », a ajouté l’avocate.

L’un des objectifs de cette plainte est d’obtenir « une attestation d’exposition à l’amiante », qui « leur permettrait d’avoir un suivi post-professionnel », a-t-elle ajouté.

Cette plainte « a été déposée pour non protection des agents du SDIS, notamment concernant l’exposition à l’amiante, mais aussi aux fumées d’incendie qui sont cancérigènes », a affirmé Quentin De Veylder, secrétaire départemental de la CGT, pointant « la multiplication des cancers » chez les pompiers.

Le rapport faisant état d’une surmortalité par cancer chez les pompiers en pointant le rôle des fumées toxiques, commandé par la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales (CNRACL), avait été publié en mars 2017.

Il conseillait notamment d’« intégrer les risques de contamination lors de la conception des centres d’incendie et de secours, des centres de formation, des engins, des matériels et des équipements ».

Le ministre de l’Intérieur de l’époque Gérard Collomb y avait réagi en demandant à son homologue de la Santé de réaliser des expertises médicales et scientifiques sur les conséquences de ces fumées sur les pompiers.

Cette « étude épidémiologique approfondie » est « actuellement en cours », avait précisé M. Collomb le 29 septembre dernier en clôturant le congrès national des sapeurs-pompiers à Bourg-en-Bresse (Ain).

« Une grande partie des 43 propositions contenues » dans ce rapport « est déjà déclinée à l’échelle départementale », a de son côté répondu le SDIS du Nord à l’AFP. « La mise en place d’un groupe de travail départemental, travaillant également sur les enjeux liés aux fibres d’amiante, a permis d’identifier et de déployer des mesures complémentaires », a-t-il ajouté.

Parmi les mesures déjà prises pour mieux protéger les pompiers, M. Collomb avait évoqué le 29 septembre des tests de cagoules nouvelles génération, et une sensibilisation accrue des SDIS aux risques sanitaires encourus lors des interventions, comme au contact des équipements dans les casernes.

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